Hier (lundi 21 janvier), je suis allé à l’Opéra Comique voir ce qui est considéré comme le premier opéra à la Française, »Cadmus et Hermione » de LULLY, tragédie en musique, sur un livret de Philippe QUINAULT.

C’était génialissime tant pour l’ouie que pour la vue !

La musique était jouée sur instruments anciens par des artistes admirablement dirigés par Vincent DUMESTRE, le chef de l’une de nos plus talentueuses phalanges baroques, le Poème Harmonique.

Les solistes et choristes, tous excellents, prononçaient le texte avec l’accent de l’époque. On s’aperçoit ainsi que « pas » rimait avec « basse ». Et quel plaisir pour l’oreille que toutes ces consonnes finales aujourd’hui si tristement muettes !! La gestuelle des chanteurs et des danseurs, hiératique et précieuse, faisait admirablement échos à la majesté de cette langue si remplie de style et de majesté !

La mise en scène de Benjamin LAZAR, de très haute facture, enchantait. La scène, plus exactement la rampe, était éclairée à la chandelle comme à l’époque du Roi Soleil. Les costumes exultaient de soieries et de plumes rivalisant en couleurs! Les décors, comme sortis des Ateliers du Roy, utilisaient les effets et une machinerie directement empruntée aux techniques du Grand Siècle : les panneaux coulissent à vue, Jupiter descend des cieux, un serpent python articulé est terrassé par Cadmus, notre héros éponyme, des géants sur échasses livrent combats…

Au plus fort de l’intrigue, je pensais que Louis XIV allait paraitre et me tapoter l’épaule tellement j’étais dans l’ambiance… J’avais aimé le film de CORBIAU, « Le Roi danse » mais de vivre un tel spectacle en direct … expérience inoubliable !

Et oui, ce n’est pas courant d’entendre des Lully dans une grande salle parisienne telle que Favart. Espérons que ce « Cadmus & Hermione », auquel a succédé un magnifique, « Le Carnaval et la Folie », du Mousquetaire-Compositeur, le chevalier DESTOUCHES, inaugure une longue période de spectacles (baroques) de qualité à l’Opéra Comique !

A ce titre, saluons également le travail et les activités corollaires qui accompagnent chacune des œuvres phares de cette première saison de l’Opera comique placée sous l’heureuse direction de Jerôme DESCHAMPS : expositions thématiques, concerts, conférences et lectures!

Si ca continue, je pense que je vais craquer pour un abonnement à l’Opéra Comique l’année prochaine, car «…quels plaisirs [y] goûtons-nous! Les dieux mêmes n’en n’ont point de plus doux… ».