On sait que la prégnance de la région Ile-de-France (IDF) est forte en matière culturelle.S’agissant d’opera, la province se défend avec plus ou moins de bonheur fort de 25 theâtres d’opéra parsemant l’Hexagone en dehors de la région parisienne.
La région d’Ile-de-France compte quant à elle, six maisons ou theâtre opéras :
– dans Paris intra-Muros : l’Opera de Paris, l’Opera Comique, le Theâtre du Châtelet, le Theâtre des champs Elysées .
– la banlieue quant à elle abrite l’Opera Royal de Versailles et le bien plus populaire Opera de Massy.
Une version en anglais de ce site est disponible sur www.opera-digital.com en cliquant ici :
Suivant l’évolution des communautés facebook des operas en France depuis plus de 3 ans, j’ai cherché à mesurer la part des operas en ile de France dans le total des fans facebook de maisons d’opera en France au travers de cette petite infographie.
Si les communautés facebook des operas de Province continuent de croître (article à venir sur ce sujet :), la domination de l’IDF s’accroit en matière d’importance des communautés facebook. En deux ans, la part de l’Ile-de-France est passé de 55 % du total (en sept 2013) à plus de 62,7 % du total (au 25 octobre 2015). Les six operas en Ile-de-France comptent pour 2/3 ENVIRON du total de fans facebook d’opera en France ! Au sein de ces opéras, sans surprise l’Opéra de Paris domine le classement avec une communauté qui dépasse désormais 115000 fans facebook ! Deuxième, le Théâtre du Châtelet est talonné par le Théâtre des Champs-Elysées. L’Opera Royal de Versailles progresse vite alors que l’Opera de Massy fait toujours mieux que l’Opéra Comique !
“les operas en Ile-de-France dominent les facebook d’operas en France” de Ramzi SAIDANI est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
Depuis quasiment ses débuts, les Arts ont été instrumentalisés par le pouvoir en place ! Au XVIIe siècle, en France par exemple, l’opera et le ballet ont été mis au service d’une politique de glorification du pouvoir royal. Louis de Dieudonné Alias Louis XIV mais aussi son père Louis XIII l’utilisèrent on peut le dire comme un véritable outil de propagande.
Plus tard, les puissants de Russie, en comprendront également la dimension politique. Un siècle plus tard (XVIIIème siècle) en Europe, chaque cour, chaque souverain, chaque prince se dote d’un endroit dédié au théâtre lyrique. Même dans la lointaine Russie, les Tsars de Russie et les grands Princes de noblesse russe le comprirent très tôt : disposer d’un opéra et d’une troupe de chanteurs était le signe de grande puissance. Souvenons qu’en 1776 Moscou, l’ancêtre du Bolchoï (le théâtre Petrovsky) fut co-fondée par le Prince Urusov.
C’est à tout çà que j’ai pensé lorsque j’ai appris que la Chine offrait à l’Algérie un tout nouvel opera ! En effet, j’ai découvert tout récemment que la République populaire de Chine a fait don à l’Algérie d’un opéra, rien moins que çà !! Ce nouvel Opera d’Alger symbolise l’amitié entre les nations algérienne et chinoise.
D’un coût total de 30 millions d’euros, la construction de l’opera a débuté en novembre 2012. La réalisation a (bien évidemment 🙂 été confiée à une entreprise chinoise (le groupe Beijing). Les travaux ont pris un peu de retard mais la date de juillet 2015 revient le plus souvent comme date de fin de travaux de ce nouveau temple lyrique du monde arabo-musulman.
Le bâtiment, conçu par l’architecte chinois Quan Zaize, disposera d’une capacité assez sympathique de 1400 places (pour vous donner une idée, la jauge de l’Opera de Vienne est de 2400 et celle de l’opera Garnier de 1800). L’opera d’Alger s’étendra sur une aire totale de 4 hectares à Ouled Fayet, commune située dans la banlieue Sud-Ouest. A noter qu’en plus de l’installation en tant que telle, le géant chinois va également former la main d’œuvre locale pour apprendre à gérer et opérer une telle institution.
La présence de la Chine en Afrique n’est plus un secret. La France qui perd depuis quelques décennies son influence en Afrique et en particulier au Maghreb en sait quelque chose. Les ambitions de l’Empire du Milieu sont grandes. Mais là c’est tout un symbole. La Chine ne fait rien moins que d’offrir un théâtre d’opera à l’Algérie qui est devenu son tout premier partenaire commercial !
Une question me vient à l’esprit. Qu’adviendra-t-il de l’ancien opera d’Alger de style néo-baroque construit par les Français de mai 1850 à septembre 1853 ? Vraisemblablement les 750 places de cette vieille dame d’Alger ne seront plus utilisées que pour les représentations de theâtre.
Plus que jamais, l’Opera demeure un attribut de puissance.
“opera d’Alger : la Chine aux premières loges” de Ramzi SAIDANI est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
Durant cette année 2014, les hommages à Rameau ont été nombreux. Lille n’a pas démérité. Pour le 250ème anniversaire de ce compositeur de génie, l’Opera de Lille a programmé l’un de ces chefs d’œuvre : Castor et Pollux dans la mise en scène poético-physique de Barrie KOSKY, directeur du Volksoper de Berlin. En plus des cycles de conférences sur le compositeur et son œuvre, de nombreux concerts notamment dans le cadre des concerts du Mercredi ont été donnés à l’Opera de Lille. Un autre événement m’a aussi enthousiasmé parce qu’il faisait échos à la modernité de ce grand compositeur français. Il s’agissait d’une exposition autour de Rameau intitulée « Musique en Lumières : Jean-Philippe Rameau, la sensibilité dans l’harmonie ». Pourquoi j’ai été emballé par cette exposition ? Parce qu’en plus de présenter des partitions originales du Maestro et des documents d’époque, dont la ville de Lille est richement dotée, elle offrait aux visiteurs une expérience novatrice grâce à la technologie sans contact (NFC).
En effet que ce soit à la Bibliothèque de Lille puis à l’Opera de Lille, les visiteurs pouvaient, après s’être connecté à un réseau wifi dédié, via leur téléphone scanner les étiquettes NFC (sans contact) ou photographier des codes-barres 2D (encore appelés QR-Code) placés sur les vitrines contenant les partitions.
Ce faisant, ils faisaient apparaître une page web mobile permettant l’écoute des extraits de la musique contenus dans ces pages. La petite vidéo suivante montre une des interactions que j’ai eues avec les partitions et comment il était possible de bénéficier d’une écoute interactive des partitions exposées.
Pour les visiteurs de l’exposition, tout était prévu. Si l’on ne disposait pas de smartphones NFC (par exemple un iPhone qui ne permet toujours pas de scanner les tags NFC), il était toujours possible de se replier sur des QR codes (petits dessins géométriques à photographier via une application dédiée). Si le visiteur ne possédait pas de téléphone ou possédait un téléphone trop ancien pour interagir avec des QR codes, il lui était possible d’emprunter l’une des tablettes mises à disposition des visiteurs pour leur parcours dans l’univers de Rameau.
Une affaire d’équipe lillois de l’Opera de Lille au CITC !
Mais comment est né un tel projet ? J’ai eu l’opportunité de rencontrer Solen CAU, chargée de l’information et des médias à l’Opera de Lille qui m’a raconté la genèse de ce projet alliant musique et digital! Elle m’a raconté qu’à l’origine, c’est la passion de l’avocat lillois Jacques-Joseph-Marie Decroix (1746-1826) pour la musique de Jean-Baptiste Rameau. Je m’explique, après la mort de du compositeur, ce fan lillois rassembla une importante collection de partitions, de livrets ou d’autres document imprimés ou manuscrits, de ses œuvres. Les héritiers de ce bienfaiteur/collectionneur firent don de cette collection (appelée « Fonds Decroix ») à la Bibliothèque nationale de France.
A Lille, notamment à la bibliothèque, ce fond est bien connu. Cela donna l’idée à Laure Delrue, directrice adjointe à la Bibliothèque municipale de Lille de mettre sur pied une exposition s’appuyant sur le patrimoine que la ville de Lille a pu constituer autour de l’œuvre de Rameau.
Partitions, livrets et autres documents étaient prêts. Mais l’on voulait aller plus loin en proposant une expérience interactive et multimédia. Pour l’occasion, les extraits des œuvres exposées ont été interprétés par le Concert d’Astrée, la célèbre phalange baroque d’Emmanuelle Haïm, qui est en résidence à l’Opera de Lille. L’opera de Lille s’est aussi associé à l’événement en hébergeant une partie de l’exposition dans sa magnifique salle de la Rotonde pendant la période de représentation de Castor et Pollux. Pour associer ces enregistrements aux partitions exposées, il fallait des compétences techniques. Un autre acteur local fut donc mobilisé. C’est là qu’intervient le Centre d’Innovation des Technologies sans Contact (CITC) via notamment le travail d’Ali Benfattoum. Le CITC a mis sur pied un mini-serveur hébergeant les extraits des œuvres de Rameau. C’est ce serveur qui était interrogé via une connexion WIFI dédiés quand les visiteurs flashaient avec leur téléphone les étiquettes sans contact (QR-Code et NFC).
A ma connaissance, l’utilisation du NFC au sein d’un opera (en l’occurrence à l’Opera de Lille) est rarissime France. Il faut mentionner que ce n’est pas la première fois qu’un parcours NFC est proposé dans les murs de l’opéra de ma bibliothèque de Lille et de l’Opera de Lille. Un autre musicien baroque, contemporain de Rameau, Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772), qui fut maître des violonistes aux « concerts de Lille », s’est vu rendre hommage via le sans contact. Dans le cadre du tricentenaire de sa naissance, un parcours musical et historique sur les traces du compositeur fut proposé en 2011.
Bravo à l’Opera de Lille. On espère que cela donnera des idées à d’autres maisons. Ce qu’on aimerait voir plus d’initiatives alliant digital et musique classique dans les operas et les théâtres !
“oopera de lille, bibliothèque, CITC, concert d’Astrée : tous pour Rameau” de Ramzi SAIDANI est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
Je m’étais amusé il y a un an à comparer le nombre de fans facebook et de twitter de nos théâtres lyriques hexagonaux. En matiere d’opera en france et de réseaux sociaux, la domination parisienne était très marquée, que ce soit au Royaume des pouces levés (Facebook) que des petits oiseaux bleus (Twitter).
L’Opera de Paris, le Théâtre des Champs-Elysées et le Theâtre du Châtelet occupaient le podium ! Si l’on regardait l’origine des salles, on se rendait compte que 5 / 10 des plus grosses communautés Facebook se situent en région Ile-de-France (donc l’opéra de Massy : qui s’en sort très bien sur les réseaux sociaux).
Un an après, le tableau n’est plus tout à fait le même. Recrutement naturel via une politique sociale dynamique ou achats de fans, ça reste à déterminer ? Quoi qu’il en soit, la Province parvient désormais aussi a construire de fortes communautés sur les réseaux sociaux ! Si avec Lyon, Nice, Toulouse, Aix-en-Provence et Bordeaux, la Province compte 50 % des places dans le top 10, désormais deux operas de province (l’opéra de Lyon ainsi que l’opéra de Nice) contre un seul l’année dernière figurent dans le top 5 ! A noter la belle progression de l’opéra de Bordeaux qui entre dans le top 10 !
On remarque également que béneficier d’une large communauté facebook n’implique pas automatiquement une communauté twitter importante. L’Opera de Lyon l’illustre bien avec un nombre de followers twitter faible par rapport à sa communauté Facebook ou encore avec l’Opera de Nice qui n’a pas encore de compte Twitter officiel ! A l’opposé, l’opéra Comique toujours dans le top 10 des pages facebook dispose d’une très grosse communauté de followers twitter, bien plus importante que celle de l’Opera de Lyon par exemple qui est deuxième du classement en 2014 sur Facebook.
PS : je n’ai pas pris en compte l’Opera Royal de Versailles dans cette petite étude car il est englobé dans Palais de Versailles Spectacles (qui propose également des Grands spectacles en plein air et les fameuses Grandes Eaux). A noter toutefois sa base globale de plus de 8000 fans facebook.
For our English-speaking visitors, this post will be translated in English very soon, stay tuned !
“opera en France : une petite analyse sur les communautés Facebook & Twitter” by Ramzi SAIDANI is under terms and conditions of the licence Creative Commons Attribution 3.0 France
j’ai enfin pu tester le service staatsoperlive proposer par l’opéra de Vienne. Pour mémoire ce service de streaming video permet de profiter des lives de l’opera de Vienne (Wiener Staatsoper) depuis chez soi. Encore mieux que le cinéma si l’on a la chance d’avoir une belle télé ou un rétroprojecteur (comme moi :). J’étais habitué au place debout mais maintenant que je ne peux plus voyager autant que je le veux à Vienne, c’est comme si j’y étais quand même.
La découverte de ce service, je l’ai faite avec un des chefs d’oeuvre de Leos Janacek : la petite renarde rusée !
Ce que j’ai aimé dès le début, c’était la petite introduction par Chen Reiss, la jeune soprano israélienne en charge du rôle titre.
C’est très agréable de pouvoir choisir de suivre le surtitrage quand on veut puisqu’il est déporté sur un second écran et ne vient pas polluer l’écran principal. La possibilité de choisir entre une vue pleine ou rapprochée est drôlement intéressante. Il n’est pas encore possible de suivre la partition sur un second écran en même temps que l’on regarde l’opera et les surtitres ne sont pas encore disponibles en Français. On doit se contenter de l’Anglais, de l’Allemand ou du Koréen (j’avoue que je n’ai pas essayé la langue du Pays du Matin Calme ;)! Pour autant, je dois dire que j’ai été agréablement surpris par la soirée. Le service est fluide, l’application réactive.
Une petit vidéo que j’ai fait pour vous donner une idée du service notamment du fonctionnement de l’application mobile compagnon.
Pour moi ça sera clairement le début d’une longue série de live streaming via ce service staatsoperlive !
“staatsoperlive : L’opera dans son salon, c’est pas mal du tout” by Ramzi SAIDANI is under terms and conditions of the licence Creative Commons Attribution 3.0 France