«Le Barbier de Séville», le célèbre opéra de Rossini que le maître de Pesaro composa lors de 24ème année en 3 semaines sera retransmis en direct de l’ Opéra de Lille le 18 mai (cool c’est mon anniversaire :). En plus de la Capitale des Flandres, Dunkerque, Armentières, Hazebrouck, Saint-Omer, Montreuil-sur-Mer, l’Athènes du Nord (Valenciennes) et leur cousine belge Courtrai pourront entendre retentir la célèbre cavatine de Figaro (Largo al factotum).
Les 9 représentations affichant complet, c’est une excellente idée de permettre à ceux qui n’ont pas eu de place de pouvoir en profiter d’aussi belle façon. Les quelque 10000 places disponibles des 9 représentations et de la générale (l’Opéra de Lille compte environ 1300 places) sont parties aussi rapidement que les vocalises de Rosina (on ne peut que s’en féliciter :).
L’utilisation des écrans avait déjà été explorée par l’Opéra de Lille en 2010. L’Opéra de Lille avait en effet diffusé gratuitement le chef-d’œuvre de Bizet Carmen (opéra le plus joué au monde) mais seulement à Lille et dans quelques villes alentours.
L’opéra-tion ( 🙂 ) autour du Barbier est en effet beaucoup plus ambitieuse. D’abord, le Nord ne sera pas le seul a profiter de ce Barbier et de la mise en scène plein de jeunesse de Jean-François Sivadier car on pourra entendre l’œuvre en direct aussi sur France Inter et la voir sur le site web d’Arte. Mais ce n’est pas tout, en complément des activités ainsi que de petits concerts autour de l’opéra de Rossini seront proposés aux Lillois et touristes de passage à la maison folie Beaulieu de Lomme. C’est aussi dans cette ville proche de Lille que l’oeuvre sera diffusée dans les 400 chambres de l’Hôpital Saint-Philibert. La musicoperathérapie !
C’est une belle opéra de communication pour la maison opératique lilloise qui compte parmi les plus dynamique opéras de province. Mais c’est aussi l’illustration d’un mouvement qui s’accentue : l’Opera cherche résolument à dépasser l’enceinte de son théâtre.
Complétement accessible en tout cas en province où dans une salle comme l’opéra de Lille, les places avec une visibilité pourtant correcte sont disponibles à 5 euros (moitié moins qu’une place de cinéma)., il n’y a juste qu’à faire montre d’un peu de curiosité pour découvrir un univers. Pour le très grand public qui quelque fois s’auto-censure, ne s’estimant pas à la hauteur de recevoir le cadeau merveilleux qu’est l’Art lyrique, les murs de pierres de taille des institutions lyriques peuvent s’apparenter à de vraies murailles.
Les diffusions en plein air en direct sont sans nul doute un formidable levier pour courtiser un nouveau public, plus large que les abonnés ou les habitués. Elles sont largement pratiquées par des institutions prestigieuses tels que le Wiener Staatsoper et le festival de Salzbourg, où des écrans sont régulièrement installés pour diffuser en direct des œuvres majeures du répertoire contribuent à convertir ainsi des milliers de touristes qui passe dans ces villes dévolues à la musique. La diffusion de live dans les opéras dans les cinémas peut également aider à passer le pas accéder à une expérience du lyrique.
Selon les dires de la directrice de l’Opera de Lille Caroline Sonrier, reportés dans la Voix du Nord, un tiers des personnes assistant à la diffusion de Carmen n’avaient jamais vu auparavant un opéra en direct. Le choix lillois du Barbier comme de Carmen en 2010 n’est pas un hasard : ce sont des œuvres universelles, très accessibles. Qui ne connait pas un air de Carmen..?
La toile n’est cependant pas le seul moyen d’intéresser au 6ème art. Certaines villes proposent par exemple des parcours découvertes de la ville autour de 3 opéras. En particulier Séville offre à ses nombreux touristes des itinéraires ayant pour thème les lieux justement où se déroulent 3 des operas majeurs du répertoire qui se passent dans la capitale andalouse (Carmen, le Barbier de Séville justement et Don Giovanni)
La diffusion d’opéra dans des lieux mythiques tels que les arènes de Vérone où au pied des célèbres pyramides d’Egypte attirent des touristes souvent d’abord davantage intéressés par le lieu (contenant) que le contenu.
Les flash mobs sont également largement sollicités dans le monde de la musique classique, comme l’illustrent ce chœur des esclaves de Nabucco sur une place de Grenoble, cette Ode à la Joie sur une place espagnole de Sabadell (ville du nord-est de l’Espagne).
L’opéra de Rennes proposera en juin 2013 une expérience d’opéra sur tablette innovante grâce au partenariat technologique d’Orange. La fondation Orange est d’ailleurs l’un des partenaires de la diffusion du Barbier de l’Opéra de Lille (Voir mon article d’avril à ce sujet)
Le digital, du mobile et de ses applications peuvent en effet être astucieusement utilisés pour attirer l’attention, susciter l’intérêt et développer le désir et provoquer l’achat, selon la bonne vieille méthode AIDA, tiens encore un autre opéra 🙂 . C’est tout l’objet justement de opera-digital.com que de vous faire découvrir ce que pourront être les expériences du lyrique et la musique classique de demain.
Largo al factotum della città…
L’Opéra de Lille prend l’Air de Ramzi SAIDANI est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France.