Quelle surprise m’attendait lorsque je vérifiai la distribution de l’Agrippina d’Haendel en version de concert du 14 mai. Sur la page d’accueil du site de la salle Pleyel en bas à droite, une invitation comme on aimerait en voir plus souvent ! La grande salle symphonique de Paris vient en effet lancer son application mobile, disponible pour Android et iOS.
Avant de décortiquer l’appli, il est peut-être bon de consacrer quelques mots à la salle Pleyel. Sise non loin de la place des ternes et de ses fleuristes et de l’Elysée et de ses roses, Pleyel est une salle de concerts symphoniques. Inaugurée en 1927, elle fut dernièrement rénovée en 2006 après 4 ans de travaux et acquise par la Cité de la musique en juin 2009.Elle présente la particularité d’avoir une arrière-scène, chose assez rare en France. Elle accueille chaque année près de 200 concerts et les formations les plus prestigieuses au monde. Sa programmation fait également place au jazz et à la variété (je me souviens d’un mémorable concert Brasil de Maria Bethânia).
L’application Android à tous le moins (pour l’iPhone, je n’ai pas encore eu l’occasion de tester) comprend :
– le très riche programme de la saison à venir (2013-14) et du reste de la saison actuelle (plus de 200 spectacles par an rappelons-le !)
-une rubrique ‘genre’ qui fait échos au catalogue papier et à son code couleur et qui permet d’offrir une vue thématique de la programmation de la maison.
-Un bandeau d’actu de dernière minute qui permet d’alerter l’utilisateur sur certains évènements,
-des informations pratiques et historiques que la mythique salle de concert parisienne dans l’onglet ‘Pleyel’ (histoire et offre de services de la salle et de ses partenaires) et dans l’onglet ‘pratique’ (contact, comment venir ?)
-une rubrique multimédia comprenant des vidéos et des très belles photos de la Salle.
Les fiches spectacles sont très bien faites et permettent achat, partage et ajout en favori.
L’application permet d’acheter ses billets sur son mobile dans un format tactile adapté à l’écran réduit d’un smartphone. Il n’est cependant pas (encore ?) possible de souscrire à une des nombreuses formules d’abonnement (plus de 20 formules différentes en plus de l’abonnement parcours libre) qui font la spécificité de la maison. Seuls les spectacles de la saison 2012-2013. Pour les concerts de la saison 2013-2014, il faudra vraisemblablement attendre la date de l’ouverture de la billetterie physique prévue le samedi 1er juin 2013 à 11h pour la vente des place hors abonnement.
La boutique n’existe pas en tant que rubrique. Le ticketing est contextuel à la fiche spectacle présentée. Si l’on dispose d’un compte client Pleyel, on peut facilement se loguer et bénéficier d’eventuelles réductions offertes.L’accès à ce compte est également simple. Comme sur le web, on peut récupérer son mot de passe si oublié, on a accès à son historique et l’on peut changer ses coordonnées ou son mot de passe. Expérience pour le moins cross-canal ! bravo ! Un seul hic, certains parcours clients n’ont visiblement pas été correctement testés…en cliquant sur « continuer ses achats » après avoir annulé supprimer un billet dans son panier, on se retrouve dans son smartphone dans la boutique au format web. On perd alors le bénéfice du très bon format mobile 🙁 !
Astucieusement le SMS et le mail sont proposés comme outils de partage. Plus généralistes, ils peuvent être plus facilement utilisés par la part senior du public de la salle. Des messages prédéfinis facilitent grandement le partage via ces moyens traditionnels.
Les boutons Twitter et Facebook viennent compléter et satisfaire les fervents utilisateurs de media plus modernes que sont les réseaux sociaux. En revanche, on note l’absence de partage via Google +.
Dommage que les fonctions de partage n’embarquent pas google + et que les abonnements ne soient pas (encor) proposés sur l’appli mobile comme sur le site web. On notera aussi qu’il n’y a pas de rubrique de news chaudes sur les artistes des spectacles. On regrettera l’absence de push notifications (date d’ouverture de la billetterie, annonce de modification de distribution ou de promotion) et le petit bug dans la boutique mobile. Mais ne gâchons pas notre plaisir de mélomane féru de digital : en somme une très belle appli, classique (ca tombe bien 🙂 dans sa forme mais efficace ! Complète avec agenda, un classement thématique des spectacles, une rubrique multimédia et des infos pratiques et historiques sur la salle Pleyel ! La billetterie est pensée mobile et est bien intégrée dans l’application !
Pleyel dans sa poche : la nouvelle appli mobile de la Salle Pleyel…de Ramzi SAIDANI est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France.
En novembre 2012, Le Brussels Philharmonic avait fait parler de lui dans le landerneau musical et bien au-delà en affirmant vouloir devenir le premier orchestre au monde à abandonner les partitions en papier pour passer aux partitions numériques sur tablette. Cette annonce de numérisation des partitions avait créé un buzz certain. Il faut voir la mise en scène de l’événement où les instrumentistes lancent dans un mouvement commun des partitions papiers avant d’exhiber les tablettes 10.1 utilisés pour l’occasion.
En plus d’une bonne opération de communication pour Samsung et la société de logiciel de partition numérique Neoscore partenaire de cette représentation assez médiatisée, ce fut certainement un gros coup de pub pour une formation qui joue depuis longtemps sur la corde du digital (l’Orchestre met par exemple à la disposition du public des sonneries de musique classique gratuite pour les téléphones portables)
Les avantages avancés sont les économies de papier, de temps, d’adhésif. Mais ce que je retiens surtout c’est la possibilité de faire évoluer les méthodes de travail de ses musiciens. La tablette reconnait la musique et gère la tourne de page elle-même (je connais plus d’un pianiste accompagnateur qui serait enchanté à cette idée). Un musicien peut également annoter, surligner directement avec un stylet la partition, partager ses modifications avec les autres instrumentistes, personnaliser la mise en page. L’idée de stocker un millier de partition sur 16 Go dans 600 grammes de concentré technologique est également enthousiasmante.
En effet, la musique classique a pu apparaître en avance sur le temps digital. Rappelons les travaux de l’IRCAM qui ont permis de reconstituer ce que pouvait être la voix de castrat en s’appuyant sur la voix de Derek Lee Ragin et de la soprano polonaise Ewa Malas-Godlewska dans le magnifique film Farinelli de Gérard Corbiaud. Pour autant, le monde de la musique classique reste encore une terre de tradition, de conventions et de codes quelquefois très « rigides » ; il devra s’adapter à son époque et vivre plus avant sa révolution numérique.
La liseuse numérique ou la tablette qui en en un assez bon substitut est un exemple très pragmatique de ce mouvement irrémédiable vers le numérique. Apple laissait également une bonne place à ce cas d’usage de la partition pour piano qui défile dans ses publicités pour iPad. Nombre de partitions sous format pdf se prêtent déjà bien à une utilisation sur une ardoise numérique. Avec l’arrivée de génération entière de musiciens ‘digital native’ qui n’ont connu que les enregistrements numériques en streaming ou le son mp3, nul doute que le mouvement va s’amplifier de l’intérieur.
numérisation des partitions : l’Orchestre Philarmonique de Bruxelles passe à la tablette numérique de Ramzi SAIDANI est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France.
Le celèbre service de micro-blogging Twitter serait sur le point de lancer sa propre application musicale appelée Twitter Music. Beaucoup de geeks espéraient que le lancement soit annoncé lors du festival Coachella qui s’est passé le week-end dernier (12 au 14 février) à Indio en Californie. Il n’en fut rien mais l’annonce devrait être officielle très rapidement. Une page mystérieusement appelée music.twitter.com sur lequel on peut se connecter avec ses identifiants Twitter a déjà vu la visite de milliers de curieux, sans pour l’instant proposer aucun service particulier lié à la musique.
D’après le blog AllthingsD, qui relaie l’information, Twitter Music permettrait entre autres aux utilisateurs d’écouter des clips musicaux proposés par iTunes ou Vevo à l’intérieur même de Twitter. Le service proposerait aussi des recommandations personnalisées en fonction des abonnements Twitter de chacun. Cette application fait suite au rachat par Twitter du service de recommandation musicale We are Hunted effectué en 2012.
Les nombreuses maisons d’opéras, les formations musicales, les artistes du monde de la musique classique (j’en ai déjà plus de 100 dans mon compte twitter perso) ainsi que les medias traditionnels (titres de presse, radio, chaines de musique spécialisés) sans oublier les labels se doivent de regarder cette annonce avec intérêt.
Le fait d’être dans la liste de ‘followers’ d’un individu lamba constituait un formidable moyen de toucher de façon enrichie un prospect à un coup quasi nul. Desormais, ces derniers qui disposent souvent d’intérêts forts dans des catalogues de musiques ou de captations videos trouveront dans ce nouveau service un levier de diffusion non négligeable.Après l’information, la recommandation et la prescription risquent de se renforcer sur le réseau à l’oiseau.
Par ailleurs, Twitter Music pourrait dès lors positionner comme un sérieux concurrent aux services de streaming établis en particulier Musicme qui dispose d’un des catalogues de musique classique et d’opéra les plus complet que je connaisse.
Partant du constat qu’en 2012, 12 % du trafic sur le site des arènes de Vérone (www.arena.it) provenait de mobile ou de tablettes contre 7,5 % en 2011 et seulement 2 % en 2010, les organisateurs du célébrissime festival d’opéra ont lancé en 2012 l’application des Arènes de Vérone pour iPhone et Android, téléchargeables gratuitement depuis les stores des OS concernés.
De façon classique, on retrouve dans l’application Android :
-tout le calendrier de la saison qui s’étale sur 4 mois (juin à septembre, heureux les ultramontains et leur insolents été ensoleillés),
-un focus sur chacune des productions de la saison (fiche détaillée avec un lien pour réservation, un paragraphe et une video trailer de la saison 2013 sur Youtube) qui vout donne envie de prendre le premier avion pour la ville de Romeo et Juliette !!!
-un plan de ‘salle’, complet des fameux ‘poltronissime gold’ autour de 200 euros aux ‘gradinate’ de à à 10 fois moins chers.
-des renseignements pratiques (cartes, coordonnées mail, téléphones et web) avec naturalmente le bouton Mi piace qui lui ne change pas de langue (vous me direz le pouce est aussi reconnaissable desormais que le logo de Mac Donalds…)
-des news (pas très fraiches et c’est dommage, les derrières datent de déc 2012)
A la différence des autres applications lancées par d’autres maisons d’opéras, italienne ou européenne, on peut directement acheter en ligne les tickets pour les représentations qui nous intéressent. D’ailleurs, cette fonctionnalité de m-commerce est dans doute issu du savoir faire d’Unicredit, la banque Italienne. Si la rubrique achat n’est pas nativement développée dans l’appli (c’est une webview du site web www.geticket.it qui s’affiche), elle n’en demeure pas moins tout à fait utilisable sur un smartphone.
Cette appli est disponible dans les 3 langues qui semblent correspondre à la provenance des spectateurs (italiens et allemand et bien sur l’anglais pour tous les autres). Epurée, d’un beau fond bleu (comme la couleur du ciel lorsque tombe la nuit et commence les représentations), ergonomique, il n’est pas étonnant qu’elle soit très bien notée sur Android à tous le moins.
De mon côté, je regretterai juste qu’il n’y ait pas de menu en Français, de mode paysage (surtout pour la webview de commande des places) et surtout qu’on ne soit pas aller jusqu’au bout de la logique dans la rubrique news. En effet, c’est dommage qu’il n’y ait pas plus de news autour du festival, un fils d’actu twitter ou des remontées facebook. C’est d’autant plus surprenant que l’institution dispose d’une bonne présence sur les réseaux sociaux. Un peu plus d’infos auraient permis d’accroitre le récurrence d’usage et de prolonger la durée d’utilisation en dehors des mois de représentation.
Pourtant, pas de quoi s’inquiéter pour le Festival du centenaire (1913-2013), plus d’un passionné devrait pianoter sur son smartphone dans cette merveilleuse ville du Veneto. On devrait dépasser les 5000 téléchargements cumulés cet été sur Android et sur iOS.
L’expérience idéale, rêvée par le fan d’opéra que je suis (cf. post sur les google glasses) risque de faire un saut (d’octave ou pas) avec des initiatives comme celle d’Orange et de l’Opéra de Rennes. On savait qu’Orange s’intéressait à l’Opéra notamment au travail de la fondation Orange, partenaire notamment du festival d’Aix-en-Provence depuis 1999. Mais on se réjouit également que l’entreprise en partenariat avec Technicolor et l’école d’ingénieurs de l’INSA mette son savoir-faire en matière de R&D au service d’Apollon musagète et des muses !
Orange vient en effet d’annoncer sur son site institutionnel une nouvelle collaboration avec l’opera de l’Opéra de Rennes en vue de proposer une expérience opératique inédite au public rennais. Le 4 juin, les Rennais pourront ainsi savourer sur iPad la célèbre scène du Brindisi (Libiamo, libiamo) de La Traviata de Verdi.
3 mécanismes innovants sont mobilisés pour offrir une expérience opératique enrichie : l’ultra haute définition (ultra HD), la captation à 360° et le son spatialisé.
(i) La captation et le rendu en ultra HD offrent des avancées considérables.
C’est d’abord davantage de définition spatiale : la captation proposera une résolution 4 fois plus riche en pixels que la HD actuelle. Ce qui permettra de voir par exemple avec détail les bulles de champagne explosait dans le verre des chanteurs ou les larmes de Violetta Valery ou d’Alfredo lors du dernier acte (snif, snif…)
Ensuite, le procédé en offrant davantage d’images par seconde (2 à 6 fois plus qu’actuellement) permettra d’avoir une sensation de très grande fluidité des mouvements à l’écran (de 100 à 300 images au lieu des 25 à 50 images par seconde dans les technologies actuelles). Par ailleurs, l’augmentation de quantité d’informations associée à chaque pixel permettra des nuances encore plus fines et une gamme de couleurs bien plus étendue qu’avec la HD d’aujourd’hui.
(ii) La captation à 360° permettra quant à elle, aux chanceux présents, de bénéficier, grâce à des iPad, d’une expérience immersive et multimodale : ils auront l’impression d’être à l’intérieur de l’Opéra. Les visiteurs ainsi pourront manipuler leurs tablettes, modifier leur orientation pour regarder la partie de la scène souhaite avec le son adapté à l’orientation de la tablette dans l’espace. Si le plan du réalisateur sur les solistes ne vous intéresse pas , vous pourrez changer de vue et vous intéresser à la p’tite soprano 2 que vous connaissez au fonds de la scène, côté jardin 🙂
(iii) Enfin, le son spatialisé donnera aux auditeurs la sensation d’être plongés dans un espace sonore tridimensionnel grâce à une écoute au casque.
Avec 642 places, l’Opéra de Rennes est sans conteste l’une des plus petites maisons d’opéra de France. La jauge est en effet faible pour un théâtre d’opéra. Pour comparer, imaginez que l’Opéra de Lille abrite 1140 places, le Staatsoper de Vienne comprend 2300 places (en comptant les fameuses Stehplätze), l’Opéra Bastille offre 2700 places et le Metropolitan Opera à New York peut accueillir 3800 personnes !!
Pour autant en engageant un partenariat digital avec Orange, depuis 2009, la maison prouve qu’on peut être petit mais innovant !! Après la retransmission de Don Giovanni de Mozart (2009), de l’Enlèvement au sérail toujours du génialissime Salzbourgeois (2011), la Traviata de Verdi constitue le troisième temps fort de la…politique soutenue par l’Opéra de Rennes de rendre l’opéra plus accessible, grâce aux technologies les plus avancées dans les domaines du son, de l’image et du digital.
Le digital permet en effet de toucher un public nouveau, plus jeune et de prolonger l’expérience culturelle en dehors des salles….Il n’est pas étonnant de dénombrer plus de 20 maisons d’operas qui disposent de leur application mobile sur l’Android market ….c’est l’objet d’un prochain post 🙂