opera et terrorisme…Faut-il céder à la terreur ? Suite à l’horreur, nombre de théâtres en France ont logiquement contacté leurs spectateurs (abonnés ou non) pour les avertir que les représentations continueraient à la suite des attentats de Paris. Les communications de ces institutions culturelles mettaient en avant également la présence de contrôle accru. L’Opera de Lille, l’Opera de Paris ou encore la Philharmonie de Paris que je fréquente régulièrement n’ont pas hésité à communiquer auprès du public des mesures de sécurité allant jusqu’à l’interdiction de laisser des sacs de voyage ou des valises aux vestiaires.
Ces précautions prises par les théâtres d’opera comme par toutes les institutions culturelles sont la première réponse aux terroristes de Daech. En effet, ces monstres visaient clairement la culture, la musique et la jeunesse.
Opera et terrorisme : la réaction est également très vite et fortement venue des artistes eux-mêmes. Le nombre d’artistes lyriques qui ont bleu-blanc-rougisé leur photo de profil est impressionnant. A l’heure où j’écris ce post, quelques jours après les atroces événements, j’ai relevé des dizaines de photos bleu blanc rouge sur le réseau social le plus utilisé de la planète.
Au premier rang, nombre de grandes figures lyriques françaises portent encore le filtre bleu blanc rouge sur leur page personnel ou leur fanpage officielle: impossible de citer tout le monde, cela n’aurait de toute manière aucun intérêt. De la soprano Patricia Petibon, aux mezzo-sopranos Karine Deshayes, Marie-Ange Todorovitch en passant par le contre-tenor franco-marocain Rachid Ben Abdeslam, la chef d’orchestre Emmanuelle Haïm; les artistes sont légions. Nos amis américains, on le sait, ont vivement réagi. Entre autre, on peut mentionner le grand baryton Thomas Hampson et la mezzo-soprano Joyce di Donato. On peut mentionner entre autres, la soprano lettone Kristine Opolais, Le tenor péruvian Juan Diego Florez.
Après les premières mesures d’urgence, les maisons d’opéra ont rejoint également le combat. Partout en France les hommages se sont multipliés dans les maisons d’operas , comme ci-dessous à l’opéra d’Avignon.
ou encore lors de la générale de la Bayadère à Bastille où le directeur de l’Opera de Paris, Stéphane Lissner, a fait un émouvant discours.
A l’étranger, l’iconique Opera de Sydney drapé du drapeau tricolore fut un autre symbole fort de l’implication du monde lyrique et des peuples contre la barbarie de ces terroristes.
La Marseillaise s’est élevée sur la scène du temple de l’art Lyrique mondial qu’est le Metropolitan Opera de New York. Les musiciens et choristes dirigés par l’immense Placido Domingo, avant la représentation de Tosca, ont rendu également un hommage vibrant aux victimes de Paris et à la paix. Même le public new-yorkais participa à cet hommage aux victimes. La direction du Metropolitan Opera avait placé au sein du programme de la soirée une feuille où notre hymne national français étaient indiquées.
Opera et terrorisme…mais le plus bel hommage aux victimes, ne serait-il pas de continuer à vivre, rire et chanter, à peupler ces théâtres, ces salles de concerts, ces opéras que le monde entier nous envie ? Ne pas céder, continuer à aller dans les salles obscures fussent-elles cinématographiques, orchestrales et bien sûr lyriques pour lutter contre ces obscurantistes. Je répondrai présent comme prévu à la Damnation de Faust à l’Opera de Paris ou La nouvelle production d’Il Trovatore de Verdi à l’Opéra de Lille. Ne laissons pas ces obscurantistes s’attaquer à notre culture occidentale et ce genre si singulièrement européen qu’est l’Opera.
“Opera et terrorisme : la réponse du monde lyrique” de Ramzi SAIDANI est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France