Sur opera-digital.com, on aime bien parlé de toutes les musiques et pas seulement les musiques dites savantes! Ca tombe bien car il y a quelques semaines, j’ai pu tester Fretx dans un bar lillois. Fretx est une solution qui permet de rendre une guitare intelligente, de faire de sa guitare, une guitare connectée. Une bonne partie de l’équipe était à Lille pour faire une démonstration à tous les curieux dont j’étais 🙂 ! Federico Rodriguez, Valeria Roco, Ramiro Cachafeiro Danza et la community manager de l’équipe. Tous espanophones, venant d’Argentine ou d’Espagne ! Hola !
Niveau musique et numérique, ca bouge aussi à Lille, metropole connue pour son écosystème innovant avec entre autre, Euratechnologies et la Plaine Images à Tourcoing. C’est justement à Tourcoing, qu’est né le projet FretX! Ca fait plaisir !
Très ingénieux ce dispositif ! Fretx comprend une sorte de petit boitier d’alimentation (où sont logées des piles boutons) qui se place derrière le manche, entre les clefs, de n’importe quel type de guitare (guitare classique, folk ou électrique).
Ce petit boitier est relié à une planche de ruban adhésif tapissés de petites diodes electroluminescentes. Cette bande autocollante est à positionner entre le manche de la guitare et ses cordes. Le kit Fretx comprend des piles boutons rechargeables, soit dit en passant, très bonne idée ! Quatre frettes sont ainsi augmentées par le dispositif et s’illuminent pour guider vos doigts!
Le tout dialogue avec une application compagnon (pour smartphone et tablette android ou iOS) depuis un smartphone via la technologie bluetooth. L’application commande alors les leds en fonction de ce qui doit être joué : les leds deviennent bleues (on doit poser les doigts) ou rouge (il faut les laisser les cordes à vides) ! Extremement simple mais drôlement efficace pour apprendre les accords et des morceaux!
Le dispositif vise surtout aux débutants ou aux faux débutants qui ont besoin de réactiver un peu leur souvenirs et leur mémoire corporelle. Par ailleurs, en parlant avec Federico, il m’a révélé que d’autres instruments à cordes comme le ukulele, très en vogue ces dernières années, pourraient bénéficier de la technologie Fretx!
En quelques semaines, la jeune pousse musicale a rempli ses objectifs de crowdfunding sur la plateforme indiegogo. Plus du double de la somme demandée a été récoltée! Bravo les artistes :)! Ces 105 000 dollars vont permettre d’opérer l’industrialisation du dispositif. A l’heure où j’écris ce billet, Federico est en Asie pour superviser les operations et s’occuper de la communication. Fretx a en effet de grosses ambitions en Asie où la demande pour la musique occidentale sous toutes ces formes (musique classique, jazz ou variétés) est très forte!
Bonne continuation! On espère avoir l’équipe lors du prochain meet-up classique et numérique prévu au CentQuatre le 26 janvier 2017! En attendant, n’hésitez pas à les suivre entre autres sur Facebook
“Fretx la solution pour la guitare connectée : 105 000 dollars sur Indiegogo” by Ramzi SAIDANI est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
Austerlitz d’après l’oeuvre de Sebald – Opéra de Lille, 18 novembre 2011
…Il ne s’agit pas d’un opéra mais d’une pièce musicale, créée au dernier Festival d’Aix, du jeune compositeur français Jérôme Combier. Cette oeuvre se base comme son titre le laisse entendre sur le roman Austerlitz de Winfried Georg Maximilian Sebald.
La musique accompagne et des bruits ou ambiances enregistrés viennent illustrer les situations narrées, devancer, amplifier ou tempérer les sentiments des deux personnages masculins principaux, Jacques Austerlitz lui-même et le narrateur qui dans l’œuvre de Sébald rencontre pour la première fois ce singulier personnage dans la gare d’Anvers.
Jérôme Combier n’aborde pas tous les passages du Roman de Sebald. La sélection de passages choisis et qu’il a mis en musique permet toutefois, à qui n’a pas lu Austerlitz, de saisir toute la force de ce chef d’œuvre, de voir en 1h30 l’énigme entourant Austerlitz se résoudre pas à pas, mesure après mesure. La musique est complexe (l’auteur dira à la fin de la Première lilloise au cours d’un échange avec le public que nombre de passage sont nés de l’association des lettres des noms des personnages à des hauteurs de notes attribuées arbitrairement. Quoi qu’il en soit si je fus incapable de saisir le côté quasi mathématique de ce procédé, j’ai perçu assez souvent le côté obsessionnel et rythmé de certains passages qui renvoient clairement aux saccades sonores caractéristiques des trains filants sur les rails (rappelons que le héros éponyme du roman éprouve une fascination mystérieuse pour les gares et leur architecture…) ou encore les leitmotivs caractéristiques des personnages (Austerlitz, sa nourrice, sa mère…).
Les projections vidéo de Pierre Nouvel ainsi que les lumières de Bertrand Couderc avec ses dominantes de noir, gris et blanc épaulaient la mise en scène efficace de Jerôme combier et Pierre Nouvel.
Le comédien Johan Leysen est parvenu à nous faire vivre ce double voyage dans la mémoire et dans la Vieille Europe, marque de ce roman de Sebald. Doté d’une excellente diction en français avec un très léger accent flamand (il est néerlandophone), il s’est fort bien tiré de ce difficile effort de mémoire qu’exige cette œuvre. Il quittait quelquefois la scène ou des passages d’autres personnages enregistrés pouvaient laisser quelques instants de répit à sa mémoire. S’il a pu de temps à autres, se reprendre, si sa langue a pu fourcher, que cela fût involontaire ou pas, cela contribuait avec justesse à exprimer les états d’angoisse ou de tristesse du principal protagoniste, Jacques Austerlitz, que tantôt il décrivait (dans la peu du narrateur) ou qu’il jouait.
En un mot, pour qui veut s’y frotter, ce format d’œuvre offre une très bonne formule pour rentrer dans le monde souvent complexe et ésotérique de la musique contemporaine.