Depuis quasiment ses débuts, les Arts ont été instrumentalisés par le pouvoir en place ! Au XVIIe siècle, en France par exemple, l’opera et le ballet ont été mis au service d’une politique de glorification du pouvoir royal. Louis de Dieudonné Alias Louis XIV mais aussi son père Louis XIII l’utilisèrent on peut le dire comme un véritable outil de propagande.
Plus tard, les puissants de Russie, en comprendront également la dimension politique. Un siècle plus tard (XVIIIème siècle) en Europe, chaque cour, chaque souverain, chaque prince se dote d’un endroit dédié au théâtre lyrique. Même dans la lointaine Russie, les Tsars de Russie et les grands Princes de noblesse russe le comprirent très tôt : disposer d’un opéra et d’une troupe de chanteurs était le signe de grande puissance. Souvenons qu’en 1776 Moscou, l’ancêtre du Bolchoï (le théâtre Petrovsky) fut co-fondée par le Prince Urusov.
C’est à tout çà que j’ai pensé lorsque j’ai appris que la Chine offrait à l’Algérie un tout nouvel opera ! En effet, j’ai découvert tout récemment que la République populaire de Chine a fait don à l’Algérie d’un opéra, rien moins que çà !! Ce nouvel Opera d’Alger symbolise l’amitié entre les nations algérienne et chinoise.
D’un coût total de 30 millions d’euros, la construction de l’opera a débuté en novembre 2012. La réalisation a (bien évidemment 🙂 été confiée à une entreprise chinoise (le groupe Beijing). Les travaux ont pris un peu de retard mais la date de juillet 2015 revient le plus souvent comme date de fin de travaux de ce nouveau temple lyrique du monde arabo-musulman.
Le bâtiment, conçu par l’architecte chinois Quan Zaize, disposera d’une capacité assez sympathique de 1400 places (pour vous donner une idée, la jauge de l’Opera de Vienne est de 2400 et celle de l’opera Garnier de 1800). L’opera d’Alger s’étendra sur une aire totale de 4 hectares à Ouled Fayet, commune située dans la banlieue Sud-Ouest. A noter qu’en plus de l’installation en tant que telle, le géant chinois va également former la main d’œuvre locale pour apprendre à gérer et opérer une telle institution.
La présence de la Chine en Afrique n’est plus un secret. La France qui perd depuis quelques décennies son influence en Afrique et en particulier au Maghreb en sait quelque chose. Les ambitions de l’Empire du Milieu sont grandes. Mais là c’est tout un symbole. La Chine ne fait rien moins que d’offrir un théâtre d’opera à l’Algérie qui est devenu son tout premier partenaire commercial !
Une question me vient à l’esprit. Qu’adviendra-t-il de l’ancien opera d’Alger de style néo-baroque construit par les Français de mai 1850 à septembre 1853 ? Vraisemblablement les 750 places de cette vieille dame d’Alger ne seront plus utilisées que pour les représentations de theâtre.
Plus que jamais, l’Opera demeure un attribut de puissance.
“opera d’Alger : la Chine aux premières loges” de Ramzi SAIDANI est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France