Dans le cadre du meet-up #MusikNum (musique et Numérique) que j’anime aux CentQuatre, j’ai eu la chance de rencontrer Aliette de Laleu, journaliste et chroniqueuse classique sur FranceMusique ! Sur opera-digital.com, Aliette de Laleu a accepté de revenir sur son parcours de serial twitteuse et d’influenceuse et d’évoquer la place qu’occupe le numérique et des réseaux sociaux quand on est une journaliste de la genération Z !
Bonjour! J’ai fait une licence de communication à Lille pendant laquelle j’ai fait un stage chez Voici, le magazine People ! C’est chez Voici que j’ai découvert le journalisme sur le web (production d’articles, de news people…). J’ai découvert Twitter aussi à ce moment-là car mon boss à l’époque était vraiment un accro à l’oiseau bleu. Du coup j’ai commencé assez tôt Twitter par rapport à d’autres, j’y ai pris goût. Après la licence, en 2013, je suis rentrée en école de journalisme à l’Institut Pratique de Journalisme (IPJ) à Paris qui est affilié à l’Université Paris-Dauphine. C’est lorsque j’étais en école de journalisme que ma route a rencontré celle de France Musique. Comme quoi on peut passer de Voici à France Musique sans problème 🙂 !
J’ai été flûtiste une dizaine d’années, j’écoutais un peu de classique mais c’est pendant mes études de journalisme que j’ai commencé à vraiment me passionner pour ce style de musique ! Et c’est là que je me suis dit que je voulais devenir journaliste en musique classique.
J’avais pendant mes cours à l’école de journalisme de Paris un blog un peu obscur. A l’époque on nous disait « faites des blogs, cela permet de créer de nouveaux formats et de s’entraîner à l’écriture ! ». Donc j’ai fait un blog comme tout le monde, mais sur la musique classique. C’était très personnel, un peu n’importe quoi, je savais que potentiellement seulement une dizaine de personnes pouvait le lire par semaine ; ce n’était pas un gros enjeu pour moi. Je l’avais mis sur mon profil twitter où je n’avais pas beaucoup d’abonnés. Et le fait est, qu’un journaliste de France musique est tombé dessus. Il a trouvé mes articles pas mal et il m’a contactée. En école, on se spécialise tous en deuxième année, en radio, télévision, presse écrite et numérique. Il n’y avait pas de « spécialité web ». Donc moi je me suis dit tant pis, moi je vais en faire mon cheval de bataille et me spécialiser en web. Ce qui fait que je suis rentrée en alternance chez France Musique. Tout ça pour dire que finalement c’est grâce à Twitter que j’ai aujourd’hui un poste chez France Musique 🙂
J’avais pendant mes cours à l’école de journalisme de Paris un blog un peu obscur. A l’époque on nous disait « faites des blogs, cela permet de créer de nouveaux formats et de s’entraîner à l’écriture ! ». Donc j’ai fait un blog comme tout le monde, mais sur la musique classique. C’était très personnel, un peu n’importe quoi, je savais que potentiellement seulement une dizaine de personnes pouvait le lire par semaine ; ce n’était pas un gros enjeu pour moi. Je l’avais mis sur mon profil twitter où je n’avais pas beaucoup d’abonnés. Et le fait est, qu’un journaliste de France musique est tombé dessus. Il a trouvé mes articles pas mal et il m’a contactée. En école, on se spécialise tous en deuxième année, en radio, télévision, presse écrite et numérique etc…il n’y avait pas de spécialité web.
Sur le web il y avait énormément de choses à faire parce qu’on arrive sur le secteur de la musique classique, du web du journalisme, et ces 3 milieux qui fonctionnent de manière très différente. En effet, oui la musique classique c’est encore un milieu encore un peu poussiéreux qui met du temps à s’adapter. On voit que les orchestres en termes de communication se distingue mais ça met énormément de temps. Ce ne sont pas des précurseurs. Par ailleurs, le journalisme évolue mais il y a une grosse crise des médias on le sait tous ; il met aussi beaucoup de temps à bouger. Radio France est une vieille maison qui logiquement met aussi du temps à changer. Donc c’est un vrai enjeu parce qu’il y a encore énormément à faire en matière de musique classique. C’est un public absolument génial à toucher, France Musique aujourd’hui son but c’est d’attirer plein de monde, de se rendre accessible !
France Musique cherche à viser des publics qui ne connaisse pas trop, qui se méfie de la musique classique, qui se disent « c’est pas pour moi ». Le web, c’est génial ! Une radio ou un magazine super spécialisé, personne ne va tomber dessus par hasard à la différence du web ou des réseaux sociaux. Un internaute peut très bien filer sur son fil facebook et voir qu’il y a France Musique qui parle de petites articles originaux sur des compositeurs. Le dernier que j’ai fait, c’est Macron est-il le plus mélomane des présidents de la Vème République, on essaie de rebondir sur l’actualité, de décrire ce qu’est la musique classique, d’en parler avec accessibilité. C’est un enjeu absolument génial 🙂
Oui je fais sur le web aujourd’hui à 80 % de mon activité. Les 20 % restant c’est une chronique qu’on m’a proposée l’été dernier. J’étais surtout sur le web, je faisais de temps en temps un petit peu de reportage. C’est un exercice particulier le reportage, c’est d’aller prendre des sons de personne, on reste très à l’écart. Et là on m’a dit Aliette est-ce que tu veux faire une chronique ? Oui bien sûr, je ne vais pas refuser une chronique surtout que France Musique m’a dit qu’elle serait filmée, diffusée sur la radio et sur les réseaux sociaux ! Là j’ai fait Ah ? Déjà c’est différent parce qu’on touche d’autres personnes. La chronique passe à l’antenne tous à la matinale, tous les lundis, à 8h55 et est relayée sur le site web et les réseaux sociaux de France Musique. Depuis septembre 2016, ca a été une expérience assez folle !
Comme c’est diffusé sur les réseaux sociaux, je me suis dit, je vais me lâcher, autant en profiter et là je me suis dit je vais faire un truc sur toutes les questions cons de la musique classique. Et en dressant la liste de toutes les « questions cons » justement, je me suis rendu compte que toutes ces questions cons ou débiles, ça renvoyait à beaucoup de clichés. C’est comme ça que la chronique est née, je me suis dit qu’il fallait faire la chasse aux clichés. Tous les lundis prendre un cliché sur la musique classique et de le déconstruire ! Parfois ces clichés sont assez vrais mais j’essaie quand même de les déconstruire en 3 minutes. D’être exposée, c’est déjà une sacrée expérience, j’ai eu des retours très positifs mais j’ai eu évidemment aussi des détracteurs qui ne l’ont pas supporté. Il faut savoir que quand on touche à la musique classique, on touche à la sensibilité de personnes qui sont de vrais passionnés, qui ne vivent que pour ça, connaissent absolument tout sur tout, ils en savent parfois mieux que les gens qui travaillent sur France Musique :). Donc de parler de cette musique très simplement comme si je faisais une chronique sur le cinéma ou sur la pop, avec humour et amusement, du coup j’ai eu des commentaires très négatifs mais à côté de ça, j’ai eu énormément de messages d’encouragement. Ça fait quasiment un an que la rubrique est en route, j’ai réussi à toucher des gens qui vraiment m’ont dit : « je suis amateur, j’aime la musique classique mais j’y connais pas grand-chose mais la chronique ça me parle. C’est bon maintenant je me mets à écouter du classique ». Ça a été compliqué mais aujourd’hui je suis contente de cette expérience-là !
J’ai un peu épuisé les sujets de ma chronique actuelle, je planche donc sur une nouvelle chronique pour la rentrée en septembre 2017! D’ailleurs je n’hésite pas à recueillir les bonnes idées de mes auditeurs et de ma communauté Twitter, à faire du crowdsourcing pour mettre sur ce pied des nouveaux contenus !
Je rappelle à nos lecteurs ton twitter qu’il faut suivre absolument : https://twitter.com/alaleu
“Aliette de Laleu : c’est grâce à Twitter que j’ai eu un poste chez France Musique !” by Aliette de Laleu & Ramzi SAIDANI est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France . Propos recueillis lors du Meet-up MusikNum du 11 mai 2017 où Aliette de Laleu est intervenue.
Je m’étais amusé il y a un an à comparer le nombre de fans facebook et de twitter de nos théâtres lyriques hexagonaux. En matiere d’opera en france et de réseaux sociaux, la domination parisienne était très marquée, que ce soit au Royaume des pouces levés (Facebook) que des petits oiseaux bleus (Twitter).
L’Opera de Paris, le Théâtre des Champs-Elysées et le Theâtre du Châtelet occupaient le podium ! Si l’on regardait l’origine des salles, on se rendait compte que 5 / 10 des plus grosses communautés Facebook se situent en région Ile-de-France (donc l’opéra de Massy : qui s’en sort très bien sur les réseaux sociaux).
Un an après, le tableau n’est plus tout à fait le même. Recrutement naturel via une politique sociale dynamique ou achats de fans, ça reste à déterminer ? Quoi qu’il en soit, la Province parvient désormais aussi a construire de fortes communautés sur les réseaux sociaux ! Si avec Lyon, Nice, Toulouse, Aix-en-Provence et Bordeaux, la Province compte 50 % des places dans le top 10, désormais deux operas de province (l’opéra de Lyon ainsi que l’opéra de Nice) contre un seul l’année dernière figurent dans le top 5 ! A noter la belle progression de l’opéra de Bordeaux qui entre dans le top 10 !
On remarque également que béneficier d’une large communauté facebook n’implique pas automatiquement une communauté twitter importante. L’Opera de Lyon l’illustre bien avec un nombre de followers twitter faible par rapport à sa communauté Facebook ou encore avec l’Opera de Nice qui n’a pas encore de compte Twitter officiel ! A l’opposé, l’opéra Comique toujours dans le top 10 des pages facebook dispose d’une très grosse communauté de followers twitter, bien plus importante que celle de l’Opera de Lyon par exemple qui est deuxième du classement en 2014 sur Facebook.
PS : je n’ai pas pris en compte l’Opera Royal de Versailles dans cette petite étude car il est englobé dans Palais de Versailles Spectacles (qui propose également des Grands spectacles en plein air et les fameuses Grandes Eaux). A noter toutefois sa base globale de plus de 8000 fans facebook.
For our English-speaking visitors, this post will be translated in English very soon, stay tuned !
“opera en France : une petite analyse sur les communautés Facebook & Twitter” by Ramzi SAIDANI is under terms and conditions of the licence Creative Commons Attribution 3.0 France
to read an English version of this interview : click here
Alain Altinoglu, vous êtes l’un des chefs d’orchestre français les plus demandés sur la scène lyrique internationale. Du Wiener Staatsoper au Metropolitan Opera, en passant par les salles lyriques de Paris où vous habitez, on profite avec bonheur de votre connaissance fine du répertoire français et italien qui suscite autant l’admiration du public que des orchestres que vous dirigez. On a pu vous voir tout récemment diriger « Un ballo in maschera » de Verdi dans le cadre des Chorégies d’Orange. Nourrissant également un vif intérêt pour le lied et la mélodie, vous formez un duo piano/voix avec votre épouse, la mezzo-soprano Nora Gubisch avec qui vous avez enregistré plusieurs CDs.
Suivant votre carrière musicale depuis quelques années, je me suis rendu compte que malgré toutes vos activités, vous étiez aussi très actif sur les réseaux sociaux tels que Facebook mais aussi sur Twitter bien avant qu’il ne se démocratise en France. Depuis quand utilisez-vous les deux réseaux sociaux phares que sont Facebook et Twitter ?
Je crois que je suis sur Facebook depuis 2008. Twitter , c’est beaucoup plus récent et d’ailleurs j’y vais moins souvent. Facebook me plait plus pour l’interactivité avec les « amis »!
On peut vous considérez-vous comme un « early adapter » dans un domaine d’activité qui renvoie peut-être à tort une image trop sérieuse sinon conservatrice. D’où vous vient cet attrait pour les réseaux sociaux ? Etes-vous friand en général de nouvelles technologies ?
Je suis assez friand de nouvelles technologies, je suis très curieux. Je pense que les réseaux sociaux correspondent tout à fait à notre époque . On est en contact à la carte. Les gens ne sont plus habitués aux compromis. Si ça les embête , il coupe. On ne fait pas ça dans la vie..pas encore !
Sur Twitter, on peut suivre votre série de photos de loges de toutes les grandes salles classiques et lyriques où vous avez dirigé. Comment vous est venue cette idée ?
Ce n’était pas calculé, j’ai juste posté une photo un jour d’une loge et j’ai trouvé ça marrant de comparer avec la deuxième et ainsi de suite. Et je vois que ça plait beaucoup à mes followers 😉
En plus de Twitter et Facebook, utilisez-vous d’autres réseaux sociaux,plus centrés sur la video, par exemple youtube ou Dailymotion ?
Je vais très souvent sur youtube, mais plutôt comme un moteur de recherche type google : pour apprendre, m’informer , etc.
Etre actif sur les réseaux sociaux peut prendre un temps précieux surtout pour quelqu’un d’aussi actif et occupé que vous. Quel est votre secret 🙂 ?
Justement, j’ai du temps en transit, dans les taxis, trains, etc…, j’alterne avec les livres et partitions et avec l’habitude, ça va très vite sur les réseaux sociaux où j’ai appris à être très réactif.
Gérez-vous vous-même vos comptes (facebook, twitter, etc.) ou bénéficiez de conseil ou de l’assistance de collaborateurs ou de proches ?
Je ne gère pas tout, quelqu’un (aidé d’autres) s’occupe de la page fan Facebook, et parfois mets à jour mes profils, mais je réponds personnellement aux fans.
Vous êtes-vous fixé des règles (temps maximum par semaine, pas d’utilisation de réseaux sociaux pendant les vacances, etc…)?
Il y a les règles d’acceptation d’amis sur facebook : pas d’extrémistes ! sinon, je fais au feeling. J’ai eu 2 semaines de vacances , loin d’internet, je n’ai pratiquement pas été sur un réseau social, et ça ne m’a pas manqué. J’ai arrété la cigarette en un jour, et je pense que je pourrais faire pareil avec les réseaux sociaux meme si jai l’air très addict!
Nombre d’artistes lyriques ou de grands musiciens ont une communauté de fans. Avant l’explosion de ces réseaux sociaux, les artistes pouvaient avoir des structures telles que des fans clubs qui géraient la relation par voie épistolaire et parvenaient par là-même à maintenir une certaine distance avec les fans. Avec le développement de réseaux communautaires favorisés par la révolution numérique, la proximité avec les fans ou les passionnés semblent beaucoup plus forte. Cherchez-vous et, si oui, comment parvenez-vous à tracer la frontière entre sphère privée et la sphère publique ?
Il y a parfois des gens qui confondent virtuel et réel. Ils se sentent une proximité plus grande qu’elle n’est en réalité. Il faut faire attention à ça au moment où on interagit avec les fans. Je ne crois pas que ça soit foncièrement différent dans la relation. Par contre, tout le monde est au courant plus vite. J’ai du mal à comparer avec avant, car je n’ai pas connu en fait.
Certains artistes se sont fait connaître grâce aux réseaux sociaux (Youtube ou naguère myspace) à l’instar de Valentina Lisitsia que d’aucuns appellent la « pianiste 2.0 ». Des artistes lyriques tels que Joyce DiDonato utilise leurs communautés via les services communautaires pour l’élaboration de son dernier CD. Pensez-vous que les réseaux sociaux sont désormais incontournables sinon importants pour tous les artistes et a fortiori les jeunes artistes commençant leur carrière. Vous-même, en tant que ‘jeune’ chef d’orchestre, diriez-vous que le volet « réseau social » compte désormais dans la gestion de votre carrière ?
Je ne crois pas que ça soit encore si important dans le domaine de la musique classique. On trouve des exemples dans les 2 sens. Des grandes carrières avec réseaux sociaux très développés ou parfois totalement absent ! J’ai un ami, très grand pianiste français qui joue partout dans le monde, qui n’a même pas encore de téléphone portable (les amis le reconnaitront 😉 ). Donc c’est possible.
Maestro, merci énormément pour cet échange ! Nous suivrons avec intérêt vos projets notamment Don Giovanni et Simon Boccanegra à Vienne et votre Werther au Met !
J’en profite pour rappeler :
-votre compte twitter : http://twitter.com/alainaltinoglu,
-votre page facebook officielle : https://fr-fr.facebook.com/AlainAltinogluOfficiel
-ainsi que votre site internet : www.alainaltinoglu.com
« Réseaux sociaux : le chef d’orchestre Français Alain Altinoglu nous livre sa vision » by Ramzi SAIDANI et Alain ALTINOGLU in under terms and conditions of the licence Creative Commons Attribution 3.0 France |
Le celèbre service de micro-blogging Twitter serait sur le point de lancer sa propre application musicale appelée Twitter Music. Beaucoup de geeks espéraient que le lancement soit annoncé lors du festival Coachella qui s’est passé le week-end dernier (12 au 14 février) à Indio en Californie. Il n’en fut rien mais l’annonce devrait être officielle très rapidement. Une page mystérieusement appelée music.twitter.com sur lequel on peut se connecter avec ses identifiants Twitter a déjà vu la visite de milliers de curieux, sans pour l’instant proposer aucun service particulier lié à la musique.
D’après le blog AllthingsD, qui relaie l’information, Twitter Music permettrait entre autres aux utilisateurs d’écouter des clips musicaux proposés par iTunes ou Vevo à l’intérieur même de Twitter. Le service proposerait aussi des recommandations personnalisées en fonction des abonnements Twitter de chacun. Cette application fait suite au rachat par Twitter du service de recommandation musicale We are Hunted effectué en 2012.
Les nombreuses maisons d’opéras, les formations musicales, les artistes du monde de la musique classique (j’en ai déjà plus de 100 dans mon compte twitter perso) ainsi que les medias traditionnels (titres de presse, radio, chaines de musique spécialisés) sans oublier les labels se doivent de regarder cette annonce avec intérêt.
Le fait d’être dans la liste de ‘followers’ d’un individu lamba constituait un formidable moyen de toucher de façon enrichie un prospect à un coup quasi nul. Desormais, ces derniers qui disposent souvent d’intérêts forts dans des catalogues de musiques ou de captations videos trouveront dans ce nouveau service un levier de diffusion non négligeable.Après l’information, la recommandation et la prescription risquent de se renforcer sur le réseau à l’oiseau.
Par ailleurs, Twitter Music pourrait dès lors positionner comme un sérieux concurrent aux services de streaming établis en particulier Musicme qui dispose d’un des catalogues de musique classique et d’opéra les plus complet que je connaisse.