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Sonia Hussein-Pour, toute nouvelle secrétaire générale d'Angers-Nantes Opera (c) Brion

Sonia Hossein-Pour : la nouvelle génération au secrétariat général d’Angers-Nantes Opéra !

Au détour d’un tweet, j’ai appris la toute nouvelle nomination  de Sonia Hossein-Pour au poste de secrétaire générale  d’Angers-Nantes Opéra! Sur opera-digital.com, on aime interroger les personnalités du monde lyrique sur leur relation au numérique. C’était là une belle occasion de pouvoir échanger avec Sonia Hossein-Pour, talentueuse représentante de cette génération Z qui commence (enfin  dirons les mauvaises langues!) à gagner les institutions lyriques en France.

Sonia Hossein-Pour, toute nouvelle secrétaire générale d'Angers-Nantes Opera (c) Brion

Sonia Hossein-Pour, toute nouvelle secrétaire générale d’Angers-Nantes Opera (c) Brion

OD : Bonjour Sonia Hossein-Pour, quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a amenée à l’opéra ?

Sonia Hossein-Pour :  L‘opéra, c’est un rêve chevillé au corps. Je crois pouvoir dire que le fil conducteur de ma vie, c’est le chant. Quand j’étais petite, je chantais tout le temps, et ma mère cherchait désespérément comment m’aider à m’épanouir dans cette voie, à canaliser une énergie créatrice très forte. On habitait Paris à l’époque, et juste à côté de chez nous, il y avait une église dans laquelle nous entrions quelque fois, au retour de l’école, et où ma mère a fini par apercevoir une annonce de recrutement de chanteurs pour la Maîtrise. Elle a eu le flair de m’y inscrire, même si au départ je rechignais à y aller. Je pleurais, je hurlais. On en rit encore aujourd’hui… En fait ce n’était pas n’importe quelle maîtrise puisqu’il s’agissait de la Maîtrise Saint-Christophe de Javel où de nombreux chanteurs lyriques parisiens ont fait leurs premiers pas. Mais ça, ma mère ne le savait pas, ce monde du chant choral et de l’opéra ne faisant pas du tout partie de notre culture. Finalement ces quelques années de maîtrise ont été merveilleuses et au fond, c’est là que tout a commencé. Malheureusement de nombreux déménagements m’ont obligée à arrêter mais par la suite j’ai étudié le piano et surtout la guitare – classique, flamenco, shred ou rock instrumental -, tout en fréquentant la chorale du collège et du lycée. Tous les ans je chantais et jouais dans les concerts organisés par l’établissement où je prenais un plaisir fou à être sur scène et à faire le show. Je rêvais de devenir une rock star ! (rires)

Quelques années plus tard, j’ai vécu la fin de ma prépa littéraire au lycée Chaptal comme une libération et j’ai décidé de me mettre au chant pour ainsi dire sérieusement. Je me suis inscrite pour auditionner au conservatoire du 18e arrondissement de Paris, à deux pas de chez moi, et je dois dire que mon audition a été un échec assez mémorable ! Je suis arrivée sans partition, croyant que j’allais pouvoir chanter une mélodie de Fauré a capella et que « ça passerait », et sans savoir qu’il y avait devant moi l’un des plus grands interprètes de la musique française, Michel Piquemal. Le verdict a été terrible, Michel m’a dit : « Vous chantez Fauré comme de la variété ». Il ne pouvait pas avoir tort, à l’époque je passais mon temps libre à chanter des reprises de Radiohead avec ma guitare ! Mais finalement ils ont été touchés et m’ont admise dans l’ensemble vocal du conservatoire. Dès lors, ma seule idée fixe a été de travailler d’arrache-pied pour que Michel Piquemal m’accepte dans sa classe de chant, et c’est ce qui est arrivé.

Dilemme: chant lyrique ou grandes écoles ?

Dilemme: chant lyrique ou grandes écoles ?

Michel est alors devenu une sorte de père spirituel pour moi. Il m’a beaucoup appris sur la musique, l’interprétation de la musique, l’engagement du corps et de l’esprit dans l’art. Il m’a beaucoup portée aussi. Un mois seulement après avoir commencé les cours de chant, j’étais déjà soliste dans son chœur amateur, le chœur Vittoria. Alors, encouragée par lui, la question s’est très vite posée de savoir si je devais en faire mon métier. Curieusement, je ne l’avais jamais envisagé ainsi, je ne pensais pas que l’on pouvait faire « chanteuse lyrique ». Et comme j’étais très bonne élève, pour moi il a toujours été évident que j’allais faire des études plus académiques.

OD : vous souhaitiez quelque part un parcours plus « classique » et socialement attendu ?

Sonia Hossein-Pour :  Je pense qu’il y a plusieurs choses. Certainement le contexte familial et une forme de pression qui s’explique par le fait que mes parents ont immigré d’Iran avant la Révolution islamique et ont sacrifié beaucoup de choses pour pouvoir construire et reconstruire une vie en France, pour eux et pour nous. Ensuite mon frère est artiste et j’ai pu aussi entrevoir la difficulté qu’il y avait à vivre de son art et n’ai pas eu le courage de prendre ce risque. Enfin, après mûre réflexion, j’ai aussi compris que cela ne me suffirait pas. Mais le chant c’est ce qui avait donné du sens à ma vie alors que faire ? La réponse devint peu à peu claire, j’allais travailler dans l’opéra, pas sur la scène, mais derrière la scène.

J’ai réalisé cependant qu’il n’y avait pas de voie toute tracée pour travailler dans l’opéra. J’aimais ça mais je n’avais aucun modèle, aucun piston. J’ai donc essayé de m’assurer dans tous les cas de bons diplômes pour être toujours capable de rebondir, tout en continuant le chant en parallèle. Après mes études de lettres qui m’ont donné je crois une solide culture générale, j’ai fait Sciences Po où j’ai acquis un goût du service public, une très bonne connaissance de l’environnement institutionnel et des politiques culturelles. J’ai ensuite enchaîné avec HEC pour me former aux disciplines du management et acquérir une vision de la culture plus orientée business.

OD : Avant d’atterrir à Nantes, quelles ont été vos expériences professionnelles marquantes en lien avec opéra,  Sonia Hossein-Pour ?

Sonia Hossein-Pour :  Parmi les plus importantes et décisives, je commencerais par celle en tant que critique pour Forumopera. J’ai toujours aimé écrire et je trouvais intéressante l’idée de formuler son opinion après un spectacle de la façon la plus argumentée qui soit, même si l’on sait que cet exercice demeure éminemment subjectif. Cela m’a permis de sortir de Paris et de voir des productions remarquables dans d’autres maisons d’opéras, de rencontrer de belles personnes, en particulier des artistes dont certains sont devenus des amis. Et cela m’a permis d’enrichir considérablement ma culture sur l’opéra. Au fond, sans avoir jamais fait cela par opportunisme ni même par opportunité, cette expérience m’a ouvert beaucoup de portes.

Plus tard, j’ai rencontré Olivier MANTEI, le directeur de l’Opéra Comique , et l’envie de travailler ensemble s’est immédiatement imposée. C’est comme cela que j’ai eu la chance de travailler à la salle Favart en y dirigeant la communication, le temps d’une saison. Cette expérience réussie a marqué un véritable tournant dans ma vie professionnelle.

OD : Vous venez d’être nommée Secrétaire générale d’Angers-Nantes Opéra. Pouvez-vous nous parler de cette maison  ?

Sonia Hossein-Pour : Angers-Nantes Opéra est né de la volonté des villes de Nantes et d’Angers de mener une politique lyrique commune, ce qui a pris la forme juridique de ce que l’on appelle un syndicat mixte, en 2002. À Nantes, pour la saison 18-19, les spectacles se jouent principalement au Théâtre Graslin et à Angers au Grand Théâtre d’Angers. Nous travaillons avec de nombreux partenaires, dont l’orchestre des Pays de la Loire mais aussi l’orchestre de Bretagne puisque la programmation est désormais commune avec l’opéra de Rennes, selon le souhait d’Alain Surrans, le nouveau directeur général. Le maître mot de cette nouvelle saison est l’ouverture : aux lieux, à travers des partenariats avec le Lieu unique ou encore la Soufflerie à Nantes ; aux villes, avec plusieurs tournées régionales et notamment la géniale production de The Beggar’s Opera de Gay et Pepusch mise en scène par Robert Carsen et dirigée par William Christie ; aux publics, avec des concerts participatifs « Ça va mieux en le chantant ! » ouverts aux curieux et aux amateurs de chant. Sans parler des « Voix du monde » où des voix venues d’autres cultures viendront faire écho à la voix lyrique sur la scène d’opéra.

L’ensemble des lieux où se déroulent des représentations d’Angers-Nantes Opéra

OD : Vous faites partie de la génération Y, quelle est votre relation au digital, aux réseaux sociaux ?

Sonia Hossein-Pour : Je pense que je suis déjà vieille parce que contrairement à la génération Z, j’ai eu mon premier ordinateur, un ordinateur familial, à 14 ans, et mon propre ordinateur portable à 18. Et je me souviens que l’acquisition d’un tel objet était un véritable événement, un peu comme on achèterait sa première voiture… Aujourd’hui cela relève du banal et les enfants naissent avec un smartphone entre les doigts. C’est déjà une autre époque.

Au risque de paraître « has been », ma relation au digital et aux réseaux sociaux a été d’abord une relation de grande méfiance, pour ne pas dire de snobisme. Quand Facebook est arrivé, je devais avoir 18 ou 19 ans, j’en entendais parler par les copains mais cela ne m’intéressait en rien. J’étais dans mes livres, j’avais mes amis, le rythme de la prépa était intense, pourquoi aller perdre son temps ? J’ai fini par franchir le pas parce que j’étais amoureuse d’un garçon qui y était et que pour voir son profil, il fallait que je m’inscrive… ! (rires) Depuis, je n’ai eu de cesse d’avoir un rapport d’intérêt entremêlé de rejet avec les réseaux sociaux. Je m’inscrivais, je supprimais mon compte, je me réinscrivais, etc. Les symptômes d’une forme de résistance en somme. Après cette longue phase, j’ai eu définitivement envie de m’y intéresser pour comprendre un fait de société, un objet de l’époque, pour ne pas m’exclure d’un domaine de connaissance et aussi quelque part en tirer profit, en particulier pour changer l’image de l’opéra.

OD : Puis-je vous demander, Sonia Hossein-Pour, quelles applications on trouve sur votre mobile ?

Sonia Hossein-PourFacebook, Twitter, Instagram, Whatsapp, et Citymapper, une appli de transport que j’adore, où l’on rentre une adresse et en fonction de son point de départ, l’algorithme vous trouve l’itinéraire le plus rapide avec différents moyens de transports.

Mes applis au quotidien !

Mes applis au quotidien !

OD : En tant que plus jeune secrétaire général d’un opéra en France, quel est votre sentiment, votre vision de l’impact de ces nouvelles technologies sur le monde de la musique classique qui souffre peut-être encore injustement d’une image poussiéreuse ?

Sonia Hossein-Pour : C’est vrai que le monde de la musique classique et de l’opéra souffre encore dans l’inconscient collectif d’une image poussiéreuse. À juste titre. Ce n’est que très récemment que les maisons d’opéra se sont engagées dans un effort pour changer leur image et il était franchement temps.

Il faut reconnaître que les nouvelles technologies sont un moyen formidable pour toucher le public. Un public nouveau, cela reste encore à prouver, mais en volume, l’effet est incontestable. Le numérique par essence renouvelle l’approche de la médiation culturelle en appelant d’autres formes d’adresse au public, dans le discours bien sûr, mais aussi dans la forme artistique elle-même : on le trouve de plus en plus intégré aux productions de spectacle vivant, là aussi souvent dans un souci d’interaction avec le public. Le numérique interroge et renouvelle donc l’art et le rôle qu’il doit jouer dans la cité, ce qui est extrêmement intéressant d’un point de vue esthétique mais aussi socio-politique. Lorsque l’on pense à des plateformes telles que YouTube, des plateformes de streaming d’opéra comme  Opera Vision , qui vous donnent accès à une bibliothèque infinie d’œuvres et vous permettent ainsi de découvrir un nombre incalculable de choses, on réalise ce que le cinéma avait fait en son temps, à savoir qu’elles abolissent aussi les différences de classe. Nous sommes tous égaux derrière nos écrans, il n’y a pas de place en catégorie 1 à 200 euros et une autre de catégorie 7 à 10 euros. Cette idée que la technologie permet d’abolir les frontières et les barrières sociales et nous mette sur un pied d’égalité est extrêmement séduisante.

Toutefois, je ne pense pas que la technologie soit la panacée. C’est un moyen, un medium, mais pour moi ce ne sera jamais une fin en soi. D’abord, je pense qu’il faut prendre garde à ce que la technologie ne prenne le pas sur le sens artistique profond d’un projet. Il y a un côté gadget dont il faut se méfier car vide de sens, mais qui est très tentant lorsque l’on est désespérément en quête d’un nouveau public. Ensuite, ce que l’on veut, ce vers quoi il faut tendre je crois, c’est que les gens viennent vivre l’expérience de l’opéra dans une salle. C’est ça le sésame.

OD : Y a-t-il  une maison d’opéra que vous regardez un peu comme une référence, un modèle à suivre par rapport au numérique ?

Sonia Hossein-Pour : Si je pense maison d’opéra et numérique, je pense instantanément au MET mais je suis aussi très attentive à ce que fait le Royal Opera House. Ils ont énormément de moyens, donc il ne faut pas faire un complexe d’infériorité, mais ils ont développé leur politique numérique avec je crois beaucoup d’intelligence et de créativité, et également avec une vision business que nous n’avons pas vraiment en France, et qui tient à une différence culturelle car ici la question du service public est prégnante. Le fait simple fait que Covent Garden ait racheté le label Opus Arte en 2007 montre qu’ils ont compris que la maîtrise de la chaîne de valeur leur permettait plus de liberté et de contrôle sur l’objet artistique et l’objet de diffusion, et ça c’est un luxe que peu de maisons peuvent s’offrir.

Une de mes missions à Angers Nantes Opéra sera de concevoir la politique numérique qui est, il faut le dire, quasi inexistante, et je suis heureuse qu’Alain Surrans ait la volonté d’aller dans ce sens. Déjà lorsqu’il dirigeait lopéra de Rennes, il était l’un des premiers à mettre en place l’opération d’opéras sur grand écran. Nous allons renouveler l’expérience avec Angers Nantes Opéra à la fin de la saison 2019 avec une retransmission sur grands écrans du Vaisseau fantôme de Wagner, à Nantes, Angers, Rennes, et dans plus d’une centaine de villes. L’idée étant de renouveler cette opération chaque année et d’en faire un rendez-vous incontournable pour nos publics!

le site web d'Angers Nantes-Opera va être refondu en septembre 2018

le site web d’Angers Nantes-Opera va être refondu en septembre 2018 !

Sonia Hossein-Pour, merci de nous avoir accordé cet entretien, à très bientôt pour discuter des projets d’Angers-Nantes Opera!

Licence Creative Commons « Sonia Hossein-Pour : la nouvelle génération au secrétariat général d’Angers-Nantes Opéra ! » de Sonia Hossein-Pour et Ramzi Saïdani  est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France .

 

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La Chronique d'Aliette de Laleu

Aliette de Laleu : c’est grâce à Twitter que j’ai eu un poste chez France Musique !

La rencontre d’Aliette de Laleu lors du meet-up #Musiknum

Dans le cadre du meet-up #MusikNum (musique et Numérique) que j’anime aux CentQuatre, j’ai eu la chance de rencontrer Aliette de Laleu, journaliste et chroniqueuse classique sur FranceMusique ! Sur opera-digital.com,  Aliette de Laleu a accepté de revenir sur son parcours de serial twitteuse et d’influenceuse et d’évoquer la place qu’occupe le numérique et des réseaux sociaux quand on est une journaliste de la genération Z !

Aliette de Laleu, une journaliste de la Z génération

Aliette de Laleu, une journaliste de la Z génération

Bonjour Aliette…Merci de te prêter au jeu de l’interview sur opera-digital.com ! Peux-tu nous présenter rapidement ton parcours ?

Bonjour! J’ai fait une licence de communication à Lille pendant laquelle j’ai fait un stage chez Voici, le magazine People ! C’est chez Voici que j’ai découvert le journalisme sur le web (production d’articles, de news people…). J’ai découvert Twitter aussi à ce moment-là car mon boss à l’époque était vraiment un accro à  l’oiseau bleu. Du coup j’ai commencé assez tôt Twitter par rapport à d’autres, j’y ai pris goût.  Après la licence, en 2013, je suis rentrée en école de journalisme à l’Institut Pratique de Journalisme (IPJ) à Paris qui est affilié à l’Université Paris-Dauphine. C’est lorsque j’étais en école de journalisme que ma route a rencontré celle de France Musique. Comme quoi on peut passer de Voici à France Musique sans problème 🙂 !

Aliette de Laleu, comment est né ce coup de foudre pour le classique ? Es-tu toi-même musicienne ?

J’ai été flûtiste une dizaine d’années, j’écoutais un peu de classique mais c’est pendant mes études de journalisme que j’ai commencé à vraiment me passionner pour ce style de musique ! Et c’est là que je me suis dit que je voulais devenir journaliste en musique classique.

Raconte-nous comment tu es rentrée chez France Musique ?

 Aliette-de-Laleu-institut-pratique-du-journalism

Aliette de Laleu a étudié à l’IPJ

J’avais pendant mes cours à l’école de journalisme de Paris un blog un peu obscur. A l’époque on nous disait « faites des blogs, cela permet de créer de nouveaux formats et de s’entraîner à l’écriture ! ». Donc j’ai fait un blog comme tout le monde, mais sur la musique classique. C’était très personnel, un peu n’importe quoi, je savais que potentiellement seulement une dizaine de personnes pouvait le lire par semaine ; ce n’était pas un gros enjeu pour moi. Je l’avais mis sur mon profil twitter où je n’avais pas beaucoup d’abonnés. Et le fait est, qu’un journaliste de France musique est tombé dessus. Il a trouvé mes articles pas mal et il m’a contactée. En école, on se spécialise tous en deuxième année, en radio, télévision, presse écrite et numérique. Il n’y avait pas de « spécialité web ». Donc moi je me suis dit tant pis, moi je vais en faire mon cheval de bataille et me spécialiser en web. Ce qui fait que je suis rentrée en alternance chez France Musique. Tout ça pour dire que finalement c’est grâce  à Twitter que j’ai aujourd’hui un poste chez France Musique 🙂

J’avais pendant mes cours à l’école de journalisme de Paris un blog un peu obscur. A l’époque on nous disait « faites des blogs, cela permet de créer de nouveaux formats et de s’entraîner à l’écriture ! ». Donc j’ai fait un blog comme tout le monde, mais sur la musique classique. C’était très personnel, un peu n’importe quoi, je savais que potentiellement seulement une dizaine de personnes pouvait le lire par semaine ; ce n’était pas un gros enjeu pour moi. Je l’avais mis sur mon profil twitter où je n’avais pas beaucoup d’abonnés. Et le fait est, qu’un journaliste de France musique est tombé dessus. Il a trouvé mes articles pas mal et il m’a contactée. En école, on se spécialise tous en deuxième année, en radio, télévision, presse écrite et numérique etc…il n’y avait pas de spécialité web.

Le web et la musique classique, ça ne fait pas forcément un bon duo ?

Sur le web il y avait énormément de choses à faire parce qu’on arrive sur le secteur de la musique classique, du web du journalisme, et ces 3 milieux qui fonctionnent de manière très différente. En effet, oui la musique classique c’est encore un milieu encore un peu poussiéreux qui met du temps à s’adapter. On voit que les orchestres en termes de communication se distingue mais ça met énormément de temps. Ce ne sont pas des précurseurs. Par ailleurs, le journalisme évolue mais il y a une grosse crise des médias on le sait tous ; il met aussi beaucoup de temps à bouger. Radio France est une vieille maison qui logiquement met aussi du temps à changer. Donc c’est un vrai enjeu parce qu’il y a encore énormément à faire en matière de musique classique. C’est un public absolument génial à toucher, France Musique aujourd’hui son but c’est d’attirer plein de monde, de se rendre accessible !

Donc ton travail, c’est surtout de toucher des non spécialistes ?

France Musique cherche à  viser des publics qui ne connaisse pas trop, qui se méfie de la musique classique, qui se disent « c’est pas pour moi ». Le web, c’est génial ! Une radio ou un magazine super spécialisé, personne ne va tomber dessus par hasard à la différence du web ou des réseaux sociaux. Un internaute peut très bien filer sur son fil facebook et voir qu’il y a France Musique qui parle de petites articles originaux sur des compositeurs.  Le dernier que j’ai fait, c’est Macron est-il le plus mélomane des présidents de la Vème République, on essaie de rebondir sur l’actualité, de décrire ce qu’est la musique classique, d’en parler avec accessibilité. C’est un enjeu absolument génial 🙂

Tu as fait surtout du web mais maintenant, tu passes aussi à l’antenne ?

Oui je fais sur le web aujourd’hui à 80 % de mon activité. Les 20 % restant c’est une chronique qu’on m’a proposée l’été dernier. J’étais surtout sur le web, je faisais de temps en temps un petit peu de reportage. C’est un exercice particulier le reportage, c’est d’aller prendre des sons de personne, on reste très  à l’écart. Et là on m’a dit Aliette est-ce que tu  veux faire une chronique ? Oui bien sûr, je ne vais pas refuser une chronique surtout que France Musique m’a dit qu’elle serait filmée, diffusée sur la radio et sur les réseaux sociaux ! Là j’ai fait Ah ? Déjà c’est différent parce qu’on touche d’autres personnes.  La chronique passe à l’antenne tous à la matinale, tous les lundis, à 8h55 et est relayée sur le site web et les réseaux sociaux de France Musique. Depuis septembre 2016, ca a été une expérience assez folle !

Que traites-tu dans cette chronique ?

La Chronique d'Aliette de Laleu

La Chronique d’Aliette de Laleu

Comme c’est diffusé sur les réseaux sociaux, je me suis dit,  je vais me lâcher, autant en profiter et là je me suis dit je vais faire  un truc sur toutes les questions cons de la musique classique. Et en dressant la liste de toutes les « questions cons » justement, je me suis rendu compte  que toutes ces questions cons ou débiles, ça renvoyait à beaucoup de clichés. C’est comme ça que la chronique est née, je me suis dit qu’il fallait faire la chasse aux clichés. Tous les lundis prendre un cliché sur la musique classique et de le déconstruire ! Parfois ces clichés sont assez vrais mais j’essaie quand même de les déconstruire en 3 minutes. D’être exposée, c’est déjà une sacrée expérience, j’ai eu des retours très positifs mais j’ai eu évidemment aussi des détracteurs qui ne l’ont pas supporté. Il faut savoir que quand on touche à la musique classique, on touche à la sensibilité de personnes qui sont de vrais passionnés, qui ne vivent que pour ça, connaissent absolument tout sur tout, ils en savent parfois mieux que les gens qui travaillent sur France Musique :). Donc de parler de cette musique très simplement comme si je faisais une chronique sur le cinéma ou sur la pop, avec humour et amusement, du coup j’ai eu des commentaires très négatifs mais à côté de ça, j’ai eu énormément de messages d’encouragement.  Ça fait quasiment un an que la rubrique est en route, j’ai réussi à toucher des gens qui vraiment m’ont dit : «  je suis amateur, j’aime la musique classique mais j’y connais pas grand-chose mais la chronique ça me parle. C’est bon maintenant je me mets à écouter du classique ». Ça a été compliqué mais aujourd’hui je suis contente de cette expérience-là !

Quels sont tes autres projets ?

J’ai un peu épuisé les sujets de ma chronique actuelle, je planche donc sur une nouvelle chronique pour la rentrée en septembre 2017! D’ailleurs je n’hésite pas à recueillir les bonnes idées de mes auditeurs et de ma communauté Twitter, à faire du crowdsourcing pour mettre sur ce pied des nouveaux contenus !

Merci Aliette !

Je rappelle à nos lecteurs ton twitter qu’il faut suivre absolument : https://twitter.com/alaleu

Le compte Twitte d'Aliette de Laleu

Le compte Twitter d’Aliette de Laleu

Licence Creative Commons “Aliette de Laleu : c’est grâce  à Twitter que j’ai eu un poste chez France Musique !” by Aliette de Laleu & Ramzi SAIDANI est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France . Propos recueillis lors du Meet-up MusikNum du 11 mai 2017 où Aliette de Laleu est intervenue.

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Teaser Vidéo du concert Wagner de L'ONBA

Opéra National de Bordeaux : Cécile Oudeyer, directrice du Développement et de la Communication nous parle de la stratégie numérique de l’ONB

Cécile OUDEYER : directrice du Développement et de la Communication de l'ONB

Cécile OUDEYER : 

opera-digital.com : Bonjour Cécile OUDEYER ! Nous sommes très honorés que vous accordiez cette interview à opera-digital.com ! Avant de rentrer dans le vif du sujet, je rappelle à tous nos lecteurs que vous êtes la ‎Directrice du développement et de la communication de l’Opéra National de Bordeaux. Avant de rejoindre le beau projet porté par Thierry Fouquet à la tête de l’Opéra depuis 1996, vous avez évolué dans le monde des musées du patrimoine et travaillé au musée du Louvre pendant 8 ans sur des questions de développement de public, de communication et de promotion, et 4 ans à Cap Sciences (centre culturel et scientifique). Vous êtes aux manettes de la communication et du développement de l’Opéra National de Bordeaux depuis un an maintenant. Pouvez-vous justement nous présenter cette grande scène nationale qu’est l’Opéra de Bordeaux ?

Cécile OUDEYER : LOpéra National de Bordeaux est un établissement public composé de 3 entités artistiques, placées sous la responsabilité de Thierry Fouquet.

Opéra National de Bordeaux : 3 institutions

Opéra National de Bordeaux : 3 institutions

Tout d’abord il y a l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine (ONBA) dirigé par Paul Daniel et qui compte 106 artistes.

Paul Daniel lors d'une répétition au Nouvel Auditorium de l'ONBA ©F.Desmesure

Paul Daniel lors d’une répétition au Nouvel Auditorium de l’ONBA ©F.Desmesure

Viennent ensuite le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux (sous la direction de Charles Judes), ensemble consacré à la danse et composé de 40 personnes et le Chœur de l’Opéra de Bordeaux comprenant également une quarantaines d’artistes. C’est donc près de 200 artistes permanents qui travaillent à l’Opéra de Bordeaux.

Ballet de l’Opéra National de Bordeaux © S. Colomyes

Ballet de l’Opéra National de Bordeaux © S. Colomyes

A ces entités artistiques, il faut ajouter la direction de la Technique qui regroupe en plusieurs ateliers une centaine de techniciens : costumiers, accessoiristes, éclairagistes, etc…Ces ateliers constituent un véritable conservatoire des métiers et des arts de la scène qui permet à l’ONB à l’instar de l’opéra de Paris d’être une maison complètement intégrée, capable de produire l’intégralité d’un spectacle (des décors et aux costumes aux chœurs). L’Opéra National de Bordeaux dispose désormais de 2 salles : tout d’abord, il y a le Grand théâtre, magnifique théâtre à l’italienne.

Grand Théâtre de Bordeaux

Grand Théâtre de Bordeaux

Et puis, désormais le tout nouvel Auditorium qui permet à l’ONBA de se développer et de se produire désormais dans des répertoires qu’il ne pouvait pas aborder en jouant auparavant dans le Palais des sports de Bordeaux.

Journée ‘Portes Ouvertes’ au Nouvel Auditorium de l’ONBA © GaëlleHamalian-Testud

Journée ‘Portes Ouvertes’ au Nouvel Auditorium de l’ONBA © GaëlleHamalian-Testud

opera-digital.com : L’opéra de Bordeaux dispose du label ‘opéra national’ : que cela signifie-t-il ? Cécile OUDEYER : Nous sommes l’une des 5 maisons d’opéra françaises à bénéficier du label d’Opéra National. Ce qui signifie que l’on a un contrat quinquennal d’objectifs et de moyens. Nous devons respecter un cahier des charges précis, défini avec le Ministère de la Culture, la région Aquitaine et la ville de Bordeaux  La démocratisation des musiques dites savantes (opéra, musique classique) auprès de nouveaux publics et des jeunes en particulier est un axe majeur. Nous avons également un rôle régional fort et devons répondre un enjeu de territoire en proposant des productions de qualités dans toute la région Aquitaine. Ce qui nous amène à entamer de fréquentes tournées dans les différents départements d’Aquitaine. Notre préoccupation est de trouver un équilibre financier (en augmentant notamment nos ressources propres) tout en permettant à un nouveau public d’accéder à ces musiques : des salles pleines oui mais aussi des salles avec un public diversifié. Nous développons ainsi également une politique audiovisuelle qui peut nourrir cet objectif d’accessibilité et de sensibilisation.

opera-digital.com : L’ONB propose-t-il des services digitaux ou communiquent-il activement sur les réseaux sociaux ? Cécile OUDEYER : Oui nous sommes présents sur de nombreux réseaux sociaux : Youtube, Facebook ou Twitter  et plus récemment sur Google + et Flickr

Présence de l'ONB sur les réseaux sociaux

Présence de l’ONB sur les réseaux sociaux

application ONB sur iOS

appli ONB sur iOS

Nous proposons également une application mobile uniquement sur iOS depuis 2012. Une nouvelle version sera d’ailleurs lancée en avril sur iOS mais aussi sur Android.  Pour toucher les jeunes publics, c’est sur le mobile qu’il faut aller! Nous avons également un projet de refonte de notre site internet (www.operabordeaux.com).

opera-digital.com : Comment s’articule votre stratégie digitale, quels sont les moyens dont  s’est doté l’ONB pour la mener à bien ? Cécile OUDEYER : Nous avons recruté fin de l’année dernière une responsable de communication digitale pour internaliser l’activité qui était auparavant en partie sous-traitée à notre agence de presse. La Direction du développement et de la communication compte 10 personnes, dont 3 pour le service de communication et de promotion. Beaucoup d’actions nouvelles ont été entamées avec une accélération en fin d’année 2013 (Flicker, Google+). Nous étions traditionnellement tournés vers la communication papier et l’édition de contenu et moins sur la promotion et la communication. Nous cherchons à nous ouvrir sur des nouveaux modes de communication notamment digitale et nous nous appuyons désormais sur les outils numériques pour communiquer et promouvoir notre programmation. Le digital nous permet clairement de pouvoir nous adresser aux plus jeunes

Pour lancer la nouvelle saison 2014-2015, nous avons également misé sur la video.

 

programme saison 2013-14

programme saison 2013-14

Nous avons également effectué un travail sur la brochure de la saison 2014-2015. La brochure est le premier outil de communication d’un opéra. Nous avons cherché à y intégrer davantage de ponts vers les média sociaux et introduisant notamment des # tags qui parlent aux jeunes, tout trouvant un juste milieu afin de ne pas déstabiliser notre fidèle public. De façon générale, un travail d’observation des bonnes pratiques est mené par notre équipe. Nous regardons ce qui se fait en France et à l’international (Londres, Vienne, Barcelone).  On se tient en veille sur ce que peuvent explorer nos homologues notamment l’ENO (English National Opera) et son articulation forte avec les réseaux sociaux. Cela inspire, après il faut tout de même adapter ces bonnes pratiques. Nous avons des spécificités propres à Bordeaux notamment le fait d’avoir un public assez fidèle. En plus des supports digitaux et notamment mobiles que nous allons lancer, nous  nous sommes par exemple appuyés sur des campagnes de marketing décalées à l’encontre des jeunes générations, comme pour le concert Wagner que nous avons donné à l’automne 2013.
opera-digital.com : Pouvez-vous en dire plus sur cette opération originale visant  la génération Z ?
Cécile OUDEYER : Nous avons lancé une campagne de communication décalée visant à amener les jeunes  âgés de 16 à 26 ans dans l’agglomération bordelaise dans nos salles. Nous avons visé 5000 jeunes détenteurs de téléphones portables à qui nous avons envoyé un SMS présentant un concert Wagner sous la forme d’un clip réalisé par une agence de communication! Ce clip renvoyait  sur le facebook et sur le site de l’ONB avec un teaser qui pouvait se résumer à ce slogan : l’Opéra  de Bordeaux vous réserve en exclusivité un concert  à 2 €, moins qu’un Burger !Et c’est le chef d’orchestre Paul Daniel lui-même qui prenait part à la campagne !

Teaser Vidéo du concert Wagner de L'ONBA
Teaser Vidéo du concert Wagner de L’ONBA

Il faut du contenu exclusif, événementiel, un tarif accessible bien dimensionné à leur moyen, et on peut réussir à trouver une accroche qui attire chez le jeune public. Le succès fut considérable : nous avons dû refuser 300 personnes ! L’auditorium de 1440 places était plein à craquer! Notre objectif d’opérer un premier niveau de sensibilisation au sein d’une population qui ne pense pas forcément à la musique classique fut pleinement atteint. Le retour en termes d’image fut aussi excellent, nous avons réussi à rajeunir la représentation qu’on pouvait se faire de la communication qu’un opéra peut mener. Le buzz a joué à plein ! Certes une telle opération a un coût, mais l’impact est important. Après, nous avons lancé un pass « Jeunes Auditorium » à destination des 16-26 ans, calqué sur les formules de cinéma illimité. Ce pass coûte  10 € par mois et donne accès à tous les spectacles à l’auditorium ! Il est également une réussite !

Un autre exemple de nouvelles actions de communication est le jeu concours la Muse (#JeudelaMuse) que nous avons organisé autour de la Muse au mois de juin 2014. Les participants étaient invités à aimer la page et à détourner des photos pour gagner entre autes des places pour la Bohême ou la chance de voir leur cliché projeter sur la place de la comédie avant la retransmission outdoor du ballet Don Quichotte.

Jeu concours de l'Opera de Bordeaux

Jeu concours de l’Opera de Bordeaux

opera-digital.com : Jeu concours, vidéo décalée. On peut dire en particulier que cette opération Wagner était une opération très audacieuse !
Cécile OUDEYER : Oui audacieuse qui a logiquement essuyé quelques  résistances. Les craintes notamment en interne portaient sur caractère dévalorisant d’un tarif à 2 € et le fait que les jeunes ne viendraient pas (début d’année universitaire). In fine, le succès a enthousiasmé tout le monde. En matière de nouveaux médias,  au-delà des outils ou des interfaces, il y a un vrai travail interne à effectuer pour amener une implication de tous les collaborateurs. Les premiers ambassadeurs de l’Opéra National de Bordeaux sont les équipes internes, les  artistes résidents ou les artistes invités. Ils constituent  de véritables relais prescripteurs complémentaires et quelquefois plus puissants que la communication institutionnelle en tant que telle !

opera-digital.com : L’image est importante pour les jeunes cibles mais pas uniquement j’imagine. Pouvez-vous détailler l’axe audiovisuel de votre stratégie de communication ?
Cécile OUDEYER : Nous développons en effet  des projets audiovisuels tels que les retransmissions de spectacles en plein air. Depuis quelques années, à chaque fin de saison, fin juin ou début juillet,  un ballet est diffusé en direct  sur la place de la Comédie. C’est devenu un évènement attendu des Bordelais. Les danseurs sortent d’ailleurs de la scène du Grand Theâtre pour saluer le public de ces concerts en plein air !

retransmission de Ballet en direct live sur la place de La Comédie

retransmission de Ballet en direct live sur la place de La Comédie

Ces projets audiovisuels permettre clairement de nourrir cette politique de diversification des publics. Pour beaucoup, c’est l’un des seuls contacts avec le monde du classique ou de l’opéra.  Les gens qui assistent à ces concerts en plein air y vont décomplexés, en groupe en famille, sans la  pression de se dire qu’il faut rentabiliser la sortie culturelle qu’on s’est payée. On a un public plus ouvert à la proposition artistique, il faut toutefois les accompagner, leur donner des clefs de compréhension.  Nous avons célébré le 26 septembre 2013 l’ouverture de saison du tout nouvel auditorium ainsi que l’arrivée du nouveau directeur musical de l’ONBA avec un concert Mahler retransmis sur écran géant et en direct place de la Victoire, quartier populaire de Bordeaux. Cela a permis de communiquer sur ce qu’est une salle de spectacle dédiée à la musique symphonique et ce qu’est un orchestre symphonique.

Au-delà, de ce volet évènementiel, nous sommes aussi dans une phase de structuration de partenariats avec Mezzo (par exemple pour Pneuma, la prochaine création bordelaise de Carolyn Carlson), avec Radio Classique et France Musique, et nous sommes en discussion avec France Télévision. Pour la saison 14-15, nous sommes en train de bâtir un opération de retransmission dans les cinémas au niveau national. Le canal du cinéma est coûteux, ça sera donc ponctuel et couplé avec un travail plus fin avec les cinémas indépendants d’Aquitaine qui devraient procéder à des retransmissions en différé pour les scolaires (en lien avec les lycées d’Aquitaine). Dans ce cadre, des rencontres avec les artistes et les metteurs en scène permettront de renforcer la portée pédagogique et d’éducation artistique de ce projet.

opera-digital.com : Les derniers taux de fréquentation du Met, montre qu’il pourrait bien y avoir un effet de cannibalisation justement des diffusions de live au cinéma. De plus en plus de personnes arbitrent entre l’expérience nouvelle et de qualité offerte par les lives au cinéma, et des soirées dans les salles de spectacles où l’on peut être très mal placé si l’on a un budget contraint. N’y a-t-il pas un tel phénomène à Bordeaux ?
Cécile OUDEYER : A ce jour, nous avons un très bon taux de remplissage (>90 %). Bien entendu, il reste toujours plus difficile de remplir la salle pour les créations mais pour ce qui est dans du répertoire, les résultats sont excellents. Nous sommes le seul opéra de la région. Les autres opéras les plus proches sont Toulouse et Limoges. Et puis, nous avons la chance d’avoir un certain nombre de fidèles pour qui socio-culturellement il reste important de sortir au grand théâtre. A cette heure, nous ne ressentons pas vraiment d’effets de ces programmes de live du Met ou de l’Opera de Paris ni du home livestreaming du Wiener Staatsoper.

opera-digital.com : Vous avez visiblement bien entamé le virage des médias sociaux, envisagez-vous d’aller encore plus loin en ayant par exemple recours au crowdsourcing (co-création) ou au crowdfunding (financement participatif) dans la vie au quotidien de l’ONB ?
Cécile OUDEYER :C’est encore à explorer notamment avec notre association d’Amis de l’Opéra National de Bordeaux, Arpeggio, mais nous avons déjà testé le crowdfunding non pas sur des productions mais sur de l’équipement. Dans le nouvel auditorium il fallait équiper les musiciens de 110 chaises. Nous avons proposé aux personnes qui le désiraient de parrainer une chaise. Cela leur permettait  de choisir d’y inscrire leur nom ou ce qu’ils voulaient sur la chaise.  Les ¾ des chaises ont été ainsi parrainées de la sorte!

Les chaises parrainees de l'Auditorium de Bordeaux

Les chaises parrainées de l’Auditorium de Bordeaux

Madame OUDEYER, merci infiniment de nous avoir ouvert les portes de l’Opéra de Bordeaux ! Bonne suite de saison et pleine réussite pour vos nombreux projets à venir !

Article mis à jour mi-juillet avec les informations concernant la nouvelle saison 2014-2015

Licence Creative Commons « Cécile OUDEYER : directrice du Développement et de la Communication de l’ONB » by Cécile OUDEYER & Ramzi SAIDANI is under terms and conditions of the licence Creative Commons Attribution 3.0 France

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