En apprenant la mort du grand ténor sud-Africain Johan BOTHA, auquel je souhaite rendre hommage dans ce post, je me suis fait la réflexion suivante : Johan Botha, encore un immense artiste qui vient rejoindre le panthéon des serviteurs de l’art Lyrique et dont je n’aurais pas eu la chance d’écouter la voix dans une salle de concert!!
La représentation d’Aïda que je comptais voir au Staatsoper de Vienne, fin septembre ne le verra malheureusement pas chanter Radames où il excellait.
Soit dit en passant, une version anglais de cet article est disponible ici !
D’autres mélomanes ou spectateurs surtout dans les musiques actuelles ont sûrement déjà éprouvé ce sentiment. C’est d’ailleurs sûrement ce qui pousse certains businessmen à proposer depuis quelques années, à ces spectateurs déçus, une expérience donnant l’illusion que l’artiste regretté revient d’entres les morts : l’hologramme ! Les concerts où des hologrammes de vedettes défuntes sont en effet de plus en plus fréquents ces derniers temps.
Provenant des racines grecques « holos » (qui signifie en entier) et « graphein » (qui signifie écrire), l’hologramme est selon Wikipedia et Larousse, un procédé de photographie en relief. Pour faire simple, un hologramme représente une image en trois dimensions qui apparaît comme « suspendue dans l’espace ». Dans l’article Wikipedia, on apprend également que d’autres techniques sont souvent qualifiée à tort d’holograhiques, si cela vous intéresse d’approfondir ; c’est ici.
Vous me direz que la réalité virtuelle très en vogue en ce moment peut également offrir une expérience permettant de faire réapparaître un artiste mort. Mais la Virtual Reality suppose que l’on soit équipé d’un casque pour ressentir et percevoir. Et ce casque, mine de rien, isole l’individu du reste de son environnement. L’hologramme, puisqu’il paraît au spectateur sans le truchement d’un équipement qui le coupe du reste du public, semble bien plus propice à l’émergence de la magie et du partage en communauté de la prestation d’un artiste défunt.
Hologramme et musique actuelle (rap,hip-hop, reggae, pop…), tous ces styles de musiques actuelles ont connu des représentations de certaines de leurs plus grands artistes sous forme d’hologramme. Le groupe Gorillaz avait exploré et continue d’utiliser les hologrammes dans des concerts mais c’était sous la forme de personnages inspirés de mangas japonais.
Avril 2012 marque à ce titre un tournant dans l’utilisation de la technologie des hologrammes dans le monde du spectacle vivant. Pendant le festival de musiques actuelles Coachella, les spectateurs ont pu voir un duo entre l’artiste de hip-hop Snoop Dogg et une reproduction holographique (créée par le studio AV Concept) du célèbre rappeur Tupac. C’était la première fois qu’un artiste défunt se retrouvait sur une scène de spectacle vivant! A découvrir si le rap vous en dit :
Plus récemment, c’est le roi Le Roi de la Pop, Mickael Jackson qui a eu droit à une résurrection holographique. Dans cette prestation technologique, on retrouve tout : ses fameux pas de danse, ses mimiques, mais pas ses lunettes noires !
Le reggae n’est pas en reste, pour l’anecdote, un collectif (de joyeux plaisantins) s’est constitué pour que les Parisiens puissent voir l’hologramme du Roi du Reggae fouler à nouveau une scène parisienne. Si vous voulez signer la pétition 🙂 !
Le King Elvis Presley, lui-même, a eu droit également de revenir du royaume des morts en duo avec Céline Dion dans un tout de même émouvant « If I can dream » utilisant la technique de l’hologramme à ce qu’on dit. Cela peut faire rire, mais d’aucuns prétendent sur les blogs ou dans les commentaires de réseaux sociaux que cet hologramme serait capable d’attirer plus de foule que moult des actuels musiciens de variétés en activité…Hologramme et musique des artistes défunts…
Et Céline Dion a l’air d’aimer les hologrammes car dans certains de ces shows à Las Vegas, elle utilise la technique pour chanter des duos avec…elle-même ! Tabernacle, pas bête, deux Céline pour le prix d’une ! En tout cas, cela fait le show.
Hologramme et musique actuelle, la nécessité de trouver des relais de croissance en matière de musique, la maturité de la technologie que l’on dit bientôt sur les téléphones portables, la voie semble assez nette sur ce qui nous attend dans les musiques actuelles.
Mais hologramme et musique classique alors ? J’ai beau cherché dans mes souvenirs de passionnés de classique et d’opéra, je ne vois aucune utilisation des hologrammes dans un contexte classique et encore mois opératique !
A part si l’on fait un détour dans la musique classique arabo-andalouse! En effet, la Grande Diva du monde arabe, Oum Kalsoum a été hologrammisée au Caire il y a quelques années, en 2012. Le résultat est d’ailleurs assez bluffant et j’imagine que l’espace de quelques instants, on peut se laisser prendre au piège. La fin de la vidéo où la « Voix incomparable » (tel est le surnom qu’avait donné Maria Callas à Oum Kalsoum) disparaît en paillettes d’or, vient terminer le rêve.
Hologramme et musique classique arabe, OK. Mais, je n’ai jamais entendu parler du moindre hologramme de Caruso, de Pavarotti à l’oeuvre,d’Arthur Rubinstein, de Glenn Gould, de Karajan ou encore de Toscanini, etc.. tous ces artistes mythiques du monde du classique occidental que peu d’entre nous on eu la chance d’écouter en live. Pourtant à en croire la taille des communautés facebook d’artistes lyriques , les artistes décédés tels que Pavarotti ou la Callas figurent parmi les plus grandes communautés….
Quand on repense à Oum Kalsoum, la grande diva du monde arabe dont Callas elle-même jalousait la voix exceptionnelle, on ne souris pas au tweet provocateur et humoristique de l’Opera de San Francisco qui titrait l’année dernière : » Perf of Lucia di Lammermoor to feature hologram Maria Callas !
Sérieusement, pourquoi n’a-t-on pas encore eu un spectacle qui fait revenir Callas de l’au-dela pour faire frémir des générations entières de mélomanes ?
Un premier pas en tout cas a bel et bien été franchi vers une Callas holographique. Pour la création QM.16, Dominique Gonzalez-Foerster, se met en scène son propre hologramme déguisé en Callas. L’artiste fait dans cette installation une apparition impériale en Callas, vêtue d’une robe couleur rouge sang et fait du play-back sur l’air tragique Suicidio de la fin de la Gioconda (opera de 1876 d’Amilcare Ponchielli)! Vous pouvez voir quelques secondes de cet hologramme mimant Callas dans la video suivante (28ème seconde)
Sophie Cecilia Kalos dit Maria Callas mourrait le 16 septembre 1977 dans son appartement Paris. Sa mort alimenta de nombreux fantasmes. Je gage que l’anniversaire des 40 ans de sa mort en 2017 n’en fasse autant. Un de mes fantasmes avoués serait bien qu’une quelconque maison de disques ou un producteur mélomane ne la fasse revenir du royaume des Morts sous la forme d’un hologramme ! Après Hatsune Miku l’héroïne holographique de The End, le premier opéra virtuel qui a été donné il y a quelques années au Châtelet , j’aimerais bien voir l’hologramme de la Callas arpenter la scène du Théâtre du Châtelet !
En tous cas certains petits plaisantins du web ont d’ores et déjà imaginé quelques aventures avec l’hologramme de la Diva !
De mon côté, j‘aurais bien quelques idées de duos inter-genérationnels ou non entre certains de mes ténors préférés et la Callas (Jonas Kaufmann, feu Johan Botha, Roberto Alagna, Placido Domingo ou feu Jussi Björling). En terme d’expérience, je préférerais mille fois cette hologramme Callas plutôt que d’exprimer ma passion dans l’achat d’accessoires ridicules (à mon sens) exploitant l’image de la diva. Vous me direz ce que vous pensez de cette coque signée Marc Jacobs pour un téléphone d’une certaine marque passée maître en matière d’optimisation fiscale…?
A bon entendeur, salut…
“Hologramme et musique classique : 2017 année Hologramme Callas ?” de Ramzi SAIDANI est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
Bonjour Bastien ! Bonjour Meludia !
Merci d’accorder une interview à Opera-digital.com ! Vous êtes l’un des fondateurs et la figure de proue de la start-up Meludia qui ambitionne de révolutionner la manière dont on apprend la musique et le solfège. Je me souviens vous avoir rencontré sur un stand de la conférence Leweb en 2013, j’avais été enthousiasmé par l’application ! Depuis, on peut dire que vous avez décollé avec notamment le concours Lepine que vous avez remporté en 2014 !
Bonjour et merci pour l’invitation sur opera-Digital.com ! En effet, les bonnes nouvelles s’enchainent pour nous. Meludia attire de plus en plus de monde. Nous sommes aujourd’hui une équipe de 22 personnes, nous avons des dizaines de milliers d’utilisateurs dans 140 pays et nous avons déjà séduit plusieurs dizaines de conservatoires et écoles de musique en Europe et aux USA.
Avant de parler de votre entreprise Meludia, est-ce que vous pouvez vous présenter à nos fidèles lecteurs ?
Bien sûr. Je m’appelle Bastien Sannac et je joue de la musique depuis l’âge de 3 ans. J’ai rencontré Vincent Chaintrier en 2010 [ ndlr Vincent Chaintrier est compositeur et est le pédagogue à l’origine de la méthode de Meludia]. Je travaillais alors dans un cabinet de conseil à Paris, et je faisais des concerts dans des bars et des salles de concert le weekend. J’avais rencontré Vincent pour améliorer mes compositions. Très rapidement, je me suis rendu compte que sa méthode était extraordinaire. Nous nous sommes associés pour la rendre accessible à tous.
Rentrons dans le vif du sujet ! Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qu’est Meludia et en quoi cette start-up est une petite révolution dans le monde du solfège ! Quel est le business model de l’entreprise ?
Nous avons créé un outil qui permet aux musiciens débutants d’entrer plus facilement dans la musique et aux musiciens confirmés de développer leur sensibilité et leur créativité. Pour cela, nous développons les capacités du cerveau musical, c’est à dire notre faculté à tous d’analyser les sons et de percevoir la musique. C’est ce qu’on l’appelle généralement « l’oreille », et c’est la compétence centrale pour tout musicien. Quant au Business Model, il est très simple : c’est un abonnement à 39 €. Un an de Meludia coûte moins qu’un cours de musique !
Comment vous est venue l’idée de créer cette entreprise ? Vous aviez déjà l’âme d’un entrepreneur ?
Même si je viens d’une famille d’entrepreneur, je ne m’étais jamais fixé cet objectif de créer une entreprise. Mais quand j’ai rencontré Vincent et que nous avons eu cette idée d’adapter sa méthode « offline » en un outil « online », j’ai senti que je n’avais plus le choix. Je sentais que ça allait être une aventure tellement excitante. Je savais que beaucoup de gens avaient besoin de ce que nous nous apprêtions à créer, et ce partout dans le monde. Quand la vie nous place devant des opportunités pareilles, on aurait tort de dire non. Et puis, c’est un peu le rêve de travailler dans la musique et dans les jeux vidéo…
L’année dernière vous avez levé une somme importante auprès d’investisseurs ? Quels sont vos projets pour cette année 2015 ? Par quoi passe le développement de Meludia ?
Nous allons ouvrir un concept store début mars dans un lieu extraordinaire dédié à la culture: le Centquatre à Paris. Nous souhaitons aussi officialiser deux partenariats majeurs avec deux capitales culturelles au niveau mondial. Meludia sera présent dans leurs écoles généralistes, dans les écoles de musique et dans les médiathèques. Enfin, nous souhaitons lancer un projet très ambitieux avec la meilleure école de musique au niveau mondial. L’idée est de créer l’équivalent du TOEFL pour la musique, à savoir un test standardisé d’aptitude à percevoir la musique.
Pour les digital natives ou les nouvelles générations (la fameuse génération Z) le rapport au digital est presque naturel, on comprend qu’ils puissent être séduits par le concept d’apprentissage de la musique que vous proposez ! J’imagine que votre application et votre service rencontrent un gros succès chez les plus jeunes ? Quelle est la moyenne d’âge de vos utilisateurs ?
Nos utilisateurs sont répartis sur tous les âges, ce qui est assez impressionnant. Meludia est utilisé par des très jeunes à partir de 7 ans, il y a des adolescents, il y a des adultes, et il y a même des personnes âgées ! Le digital est entré dans nos vies, pour le meilleur et parfois pour le pire. Notre objectif, c’est qu’il permette surtout à un plus grand nombre d’accéder à la musique à moindre coût !
On dit aussi que le digital dépasse les frontières ? Avez-vous des projets à l’international ?
Evidemment, la musique aussi dépasse les frontières. Le projet Meludia est un projet que nous souhaitons à terme mondial, parce qu’il adresse un problème mondial. Celui de l’oreille musicale, qui est globalement oubliée ou sous-estimée dans les cours de musique. Nous essayons de faire les choses progressivement dans les autres pays, en travaillant en premier lieu avec les institutions d’apprentissage de la musique.
Bastien Sannac, merci pour cette interview. Nous allons suivre avec intérêt la suite de votre formidable aventure ! Je profite aussi de pour rappeler à nos lecteurs :
Votre compte twitter : @meludiaFR
Votre page facebook : https://www.facebook.com/meludia
L’adresse de votre site web : www.meludia.com
“Meludia, la start-up d’apprentissage musicale, présentée par son fondateur Bastien SANNAC” de Ramzi SAIDANI et Bastien SANNAC est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
opera-digital.com : Bonjour Cécile OUDEYER ! Nous sommes très honorés que vous accordiez cette interview à opera-digital.com ! Avant de rentrer dans le vif du sujet, je rappelle à tous nos lecteurs que vous êtes la Directrice du développement et de la communication de l’Opéra National de Bordeaux. Avant de rejoindre le beau projet porté par Thierry Fouquet à la tête de l’Opéra depuis 1996, vous avez évolué dans le monde des musées du patrimoine et travaillé au musée du Louvre pendant 8 ans sur des questions de développement de public, de communication et de promotion, et 4 ans à Cap Sciences (centre culturel et scientifique). Vous êtes aux manettes de la communication et du développement de l’Opéra National de Bordeaux depuis un an maintenant. Pouvez-vous justement nous présenter cette grande scène nationale qu’est l’Opéra de Bordeaux ?
Cécile OUDEYER : L’Opéra National de Bordeaux est un établissement public composé de 3 entités artistiques, placées sous la responsabilité de Thierry Fouquet.
Tout d’abord il y a l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine (ONBA) dirigé par Paul Daniel et qui compte 106 artistes.
Viennent ensuite le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux (sous la direction de Charles Judes), ensemble consacré à la danse et composé de 40 personnes et le Chœur de l’Opéra de Bordeaux comprenant également une quarantaines d’artistes. C’est donc près de 200 artistes permanents qui travaillent à l’Opéra de Bordeaux.
A ces entités artistiques, il faut ajouter la direction de la Technique qui regroupe en plusieurs ateliers une centaine de techniciens : costumiers, accessoiristes, éclairagistes, etc…Ces ateliers constituent un véritable conservatoire des métiers et des arts de la scène qui permet à l’ONB à l’instar de l’opéra de Paris d’être une maison complètement intégrée, capable de produire l’intégralité d’un spectacle (des décors et aux costumes aux chœurs). L’Opéra National de Bordeaux dispose désormais de 2 salles : tout d’abord, il y a le Grand théâtre, magnifique théâtre à l’italienne.
Et puis, désormais le tout nouvel Auditorium qui permet à l’ONBA de se développer et de se produire désormais dans des répertoires qu’il ne pouvait pas aborder en jouant auparavant dans le Palais des sports de Bordeaux.
opera-digital.com : L’opéra de Bordeaux dispose du label ‘opéra national’ : que cela signifie-t-il ? Cécile OUDEYER : Nous sommes l’une des 5 maisons d’opéra françaises à bénéficier du label d’Opéra National. Ce qui signifie que l’on a un contrat quinquennal d’objectifs et de moyens. Nous devons respecter un cahier des charges précis, défini avec le Ministère de la Culture, la région Aquitaine et la ville de Bordeaux La démocratisation des musiques dites savantes (opéra, musique classique) auprès de nouveaux publics et des jeunes en particulier est un axe majeur. Nous avons également un rôle régional fort et devons répondre un enjeu de territoire en proposant des productions de qualités dans toute la région Aquitaine. Ce qui nous amène à entamer de fréquentes tournées dans les différents départements d’Aquitaine. Notre préoccupation est de trouver un équilibre financier (en augmentant notamment nos ressources propres) tout en permettant à un nouveau public d’accéder à ces musiques : des salles pleines oui mais aussi des salles avec un public diversifié. Nous développons ainsi également une politique audiovisuelle qui peut nourrir cet objectif d’accessibilité et de sensibilisation.
opera-digital.com : L’ONB propose-t-il des services digitaux ou communiquent-il activement sur les réseaux sociaux ? Cécile OUDEYER : Oui nous sommes présents sur de nombreux réseaux sociaux : Youtube, Facebook ou Twitter et plus récemment sur Google + et Flickr
Nous proposons également une application mobile uniquement sur iOS depuis 2012. Une nouvelle version sera d’ailleurs lancée en avril sur iOS mais aussi sur Android. Pour toucher les jeunes publics, c’est sur le mobile qu’il faut aller! Nous avons également un projet de refonte de notre site internet (www.operabordeaux.com).
opera-digital.com : Comment s’articule votre stratégie digitale, quels sont les moyens dont s’est doté l’ONB pour la mener à bien ? Cécile OUDEYER : Nous avons recruté fin de l’année dernière une responsable de communication digitale pour internaliser l’activité qui était auparavant en partie sous-traitée à notre agence de presse. La Direction du développement et de la communication compte 10 personnes, dont 3 pour le service de communication et de promotion. Beaucoup d’actions nouvelles ont été entamées avec une accélération en fin d’année 2013 (Flicker, Google+). Nous étions traditionnellement tournés vers la communication papier et l’édition de contenu et moins sur la promotion et la communication. Nous cherchons à nous ouvrir sur des nouveaux modes de communication notamment digitale et nous nous appuyons désormais sur les outils numériques pour communiquer et promouvoir notre programmation. Le digital nous permet clairement de pouvoir nous adresser aux plus jeunes.
Pour lancer la nouvelle saison 2014-2015, nous avons également misé sur la video.
Nous avons également effectué un travail sur la brochure de la saison 2014-2015. La brochure est le premier outil de communication d’un opéra. Nous avons cherché à y intégrer davantage de ponts vers les média sociaux et introduisant notamment des ‘# tags’ qui parlent aux jeunes, tout trouvant un juste milieu afin de ne pas déstabiliser notre fidèle public. De façon générale, un travail d’observation des bonnes pratiques est mené par notre équipe. Nous regardons ce qui se fait en France et à l’international (Londres, Vienne, Barcelone). On se tient en veille sur ce que peuvent explorer nos homologues notamment l’ENO (English National Opera) et son articulation forte avec les réseaux sociaux. Cela inspire, après il faut tout de même adapter ces bonnes pratiques. Nous avons des spécificités propres à Bordeaux notamment le fait d’avoir un public assez fidèle. En plus des supports digitaux et notamment mobiles que nous allons lancer, nous nous sommes par exemple appuyés sur des campagnes de marketing décalées à l’encontre des jeunes générations, comme pour le concert Wagner que nous avons donné à l’automne 2013.
opera-digital.com : Pouvez-vous en dire plus sur cette opération originale visant la génération Z ?
Cécile OUDEYER : Nous avons lancé une campagne de communication décalée visant à amener les jeunes âgés de 16 à 26 ans dans l’agglomération bordelaise dans nos salles. Nous avons visé 5000 jeunes détenteurs de téléphones portables à qui nous avons envoyé un SMS présentant un concert Wagner sous la forme d’un clip réalisé par une agence de communication! Ce clip renvoyait sur le facebook et sur le site de l’ONB avec un teaser qui pouvait se résumer à ce slogan : l’Opéra de Bordeaux vous réserve en exclusivité un concert à 2 €, moins qu’un Burger !Et c’est le chef d’orchestre Paul Daniel lui-même qui prenait part à la campagne !
Il faut du contenu exclusif, événementiel, un tarif accessible bien dimensionné à leur moyen, et on peut réussir à trouver une accroche qui attire chez le jeune public. Le succès fut considérable : nous avons dû refuser 300 personnes ! L’auditorium de 1440 places était plein à craquer! Notre objectif d’opérer un premier niveau de sensibilisation au sein d’une population qui ne pense pas forcément à la musique classique fut pleinement atteint. Le retour en termes d’image fut aussi excellent, nous avons réussi à rajeunir la représentation qu’on pouvait se faire de la communication qu’un opéra peut mener. Le buzz a joué à plein ! Certes une telle opération a un coût, mais l’impact est important. Après, nous avons lancé un pass « Jeunes Auditorium » à destination des 16-26 ans, calqué sur les formules de cinéma illimité. Ce pass coûte 10 € par mois et donne accès à tous les spectacles à l’auditorium ! Il est également une réussite !
Un autre exemple de nouvelles actions de communication est le jeu concours la Muse (#JeudelaMuse) que nous avons organisé autour de la Muse au mois de juin 2014. Les participants étaient invités à aimer la page et à détourner des photos pour gagner entre autes des places pour la Bohême ou la chance de voir leur cliché projeter sur la place de la comédie avant la retransmission outdoor du ballet Don Quichotte.
opera-digital.com : Jeu concours, vidéo décalée. On peut dire en particulier que cette opération Wagner était une opération très audacieuse !
Cécile OUDEYER : Oui audacieuse qui a logiquement essuyé quelques résistances. Les craintes notamment en interne portaient sur caractère dévalorisant d’un tarif à 2 € et le fait que les jeunes ne viendraient pas (début d’année universitaire). In fine, le succès a enthousiasmé tout le monde. En matière de nouveaux médias, au-delà des outils ou des interfaces, il y a un vrai travail interne à effectuer pour amener une implication de tous les collaborateurs. Les premiers ambassadeurs de l’Opéra National de Bordeaux sont les équipes internes, les artistes résidents ou les artistes invités. Ils constituent de véritables relais prescripteurs complémentaires et quelquefois plus puissants que la communication institutionnelle en tant que telle !
opera-digital.com : L’image est importante pour les jeunes cibles mais pas uniquement j’imagine. Pouvez-vous détailler l’axe audiovisuel de votre stratégie de communication ?
Cécile OUDEYER : Nous développons en effet des projets audiovisuels tels que les retransmissions de spectacles en plein air. Depuis quelques années, à chaque fin de saison, fin juin ou début juillet, un ballet est diffusé en direct sur la place de la Comédie. C’est devenu un évènement attendu des Bordelais. Les danseurs sortent d’ailleurs de la scène du Grand Theâtre pour saluer le public de ces concerts en plein air !
Ces projets audiovisuels permettre clairement de nourrir cette politique de diversification des publics. Pour beaucoup, c’est l’un des seuls contacts avec le monde du classique ou de l’opéra. Les gens qui assistent à ces concerts en plein air y vont décomplexés, en groupe en famille, sans la pression de se dire qu’il faut rentabiliser la sortie culturelle qu’on s’est payée. On a un public plus ouvert à la proposition artistique, il faut toutefois les accompagner, leur donner des clefs de compréhension. Nous avons célébré le 26 septembre 2013 l’ouverture de saison du tout nouvel auditorium ainsi que l’arrivée du nouveau directeur musical de l’ONBA avec un concert Mahler retransmis sur écran géant et en direct place de la Victoire, quartier populaire de Bordeaux. Cela a permis de communiquer sur ce qu’est une salle de spectacle dédiée à la musique symphonique et ce qu’est un orchestre symphonique.
Au-delà, de ce volet évènementiel, nous sommes aussi dans une phase de structuration de partenariats avec Mezzo (par exemple pour Pneuma, la prochaine création bordelaise de Carolyn Carlson), avec Radio Classique et France Musique, et nous sommes en discussion avec France Télévision. Pour la saison 14-15, nous sommes en train de bâtir un opération de retransmission dans les cinémas au niveau national. Le canal du cinéma est coûteux, ça sera donc ponctuel et couplé avec un travail plus fin avec les cinémas indépendants d’Aquitaine qui devraient procéder à des retransmissions en différé pour les scolaires (en lien avec les lycées d’Aquitaine). Dans ce cadre, des rencontres avec les artistes et les metteurs en scène permettront de renforcer la portée pédagogique et d’éducation artistique de ce projet.
opera-digital.com : Les derniers taux de fréquentation du Met, montre qu’il pourrait bien y avoir un effet de cannibalisation justement des diffusions de live au cinéma. De plus en plus de personnes arbitrent entre l’expérience nouvelle et de qualité offerte par les lives au cinéma, et des soirées dans les salles de spectacles où l’on peut être très mal placé si l’on a un budget contraint. N’y a-t-il pas un tel phénomène à Bordeaux ?
Cécile OUDEYER : A ce jour, nous avons un très bon taux de remplissage (>90 %). Bien entendu, il reste toujours plus difficile de remplir la salle pour les créations mais pour ce qui est dans du répertoire, les résultats sont excellents. Nous sommes le seul opéra de la région. Les autres opéras les plus proches sont Toulouse et Limoges. Et puis, nous avons la chance d’avoir un certain nombre de fidèles pour qui socio-culturellement il reste important de sortir au grand théâtre. A cette heure, nous ne ressentons pas vraiment d’effets de ces programmes de live du Met ou de l’Opera de Paris ni du home livestreaming du Wiener Staatsoper.
opera-digital.com : Vous avez visiblement bien entamé le virage des médias sociaux, envisagez-vous d’aller encore plus loin en ayant par exemple recours au crowdsourcing (co-création) ou au crowdfunding (financement participatif) dans la vie au quotidien de l’ONB ?
Cécile OUDEYER :C’est encore à explorer notamment avec notre association d’Amis de l’Opéra National de Bordeaux, Arpeggio, mais nous avons déjà testé le crowdfunding non pas sur des productions mais sur de l’équipement. Dans le nouvel auditorium il fallait équiper les musiciens de 110 chaises. Nous avons proposé aux personnes qui le désiraient de parrainer une chaise. Cela leur permettait de choisir d’y inscrire leur nom ou ce qu’ils voulaient sur la chaise. Les ¾ des chaises ont été ainsi parrainées de la sorte!
Madame OUDEYER, merci infiniment de nous avoir ouvert les portes de l’Opéra de Bordeaux ! Bonne suite de saison et pleine réussite pour vos nombreux projets à venir !
Article mis à jour mi-juillet avec les informations concernant la nouvelle saison 2014-2015
« Cécile OUDEYER : directrice du Développement et de la Communication de l’ONB » by Cécile OUDEYER & Ramzi SAIDANI is under terms and conditions of the licence Creative Commons Attribution 3.0 France
On pourrait penser que le monde de la musique classique est frileux, old-fashioned, dépassé, sclérosé par des traditions qui toujours étonnent plus d’un novice en la matière. Et pourtant, la révolution digitale fait son œuvre, et tel que dans une symphonie, l’allegro vivace peut succéder à l’andante.
Certes, à l’instar de tous les autres pans de l’industrie musicale, le classique a et doit toujours compter avec la consommation illégale de musique, le piratage de DVD, la montée en puissance de Youtube. Pour autant le digital et son cortège de technologies et d’usages nouveaux constituent aussi de formidables opportunités que certains acteurs ont très tôt saisi.
La digitalisation des contenus a permis la rapide l’émergence de chaines spécialisées classiques dans différents bouquets (Mezzo), puis sont apparus des acteurs pure web tels que medici.tv. Pour autant, conscients de la possibilité de toucher directement ses publics et de désintermédier tout ce beau monde des diffuseurs et distributeurs, certaines institutions ont d’ailleurs lancé leur propre plateforme de live streaming ou de VOD, à l’instar du Wiener Staatsoper et son digital concert hall. On ne compte plus d’ailleurs les institutions lyriques ou orchestrales disposant de chaines Youtube ou dailymotion.
Un autre mouvement massif plus récent dans le secteur fut de capitaliser sur le renouvellement nécessaire de l’équipement des équipements de cinéma. Pour des raisons quelquefois très différentes, les grands opéras du monde ont donc commencé à investir les multi-complexes ou les gros cinémas des centres-villes. Le Metropolitan opera fut le premier, suivi rapidement par les autres maisons à dimension internationale (ROH, Opera de Paris, etc…). Et pour cause, de 2000 spectateurs (la capacité moyenne d’une grande salle d’opera va de 1700 à environ 3500 personnes) pour une représentation dans le theâtre lui-même, on se retrouve aisément avec une audience multipliée par 15-20 (35.000 ou 40.000) à en croire les chiffres avancés par certaines maisons. A 18-30 € le billet à l’unité, c’est une vraie piste de revenu à exploiter. « The world is a village”, le dit n’en a que plus d’acuité ! Les frontières s’amenuisent donc, le Metropolitan opera peut maintenant chasser sans complexe sur les terres parisiennes de l’Opera de Paris…et vice versa. Il n’y a plus de pré-carré…et les ressources des institutions doivent provenir de plus en plus de leur activité commerciales. En ces temps de disette budgétaire la subvention se fait rare…
Autre tendance de fonds qui voit les acteurs du secteur s’agiter pour placer leur pions : le mobile et la tablette. Ainsi applications relationnelles ou sites au format mobile se multiplient. Souvent bien faites, informationnelles, autorisant quelquefois le ticketing, ces applications, nécessaires, n’apportaient bien souvent, je dois dire, rien de bien exceptionnel en terme d’expérience client jusqu’il y a quelques jours…
En effet, la plus grande maison d’opera d’Europe, l’Opera de Vienne étonnamment discrète sur les réseaux sociaux (pas de compte twitter il y a encore quelques semaines !) vient de provoquer une vraie rupture d’expérience en lançant simultanément son offre de live en streaming, couplé à une expérience de second écran.
Une offre de streaming claire et enrichie par une expérience de second-écran :
2 types de contenus sont proposés par l’offre Wiener Staatsoper live stream : du vrai live pour 14 € (le spectacle) et de la VOD pour 5 € le titre à l’unité. Le contenu est accessible via le portail http://www.staatsoperlive.com sur tout pc compatible connecté à internet, donc à toute télévision ou rétro-projecteurs relié d’une manière ou d’une autre à un ordinateur ainsi que sur les smart TV Samsung les plus récentes. En revanche, ce streaming (live ou VOD), n’est disponible ni sur smartphone ni sur tablettes (et pour cause 🙂 )
Le live est diffusé avec les contraintes inhérentes à ce type de contenu (horaires fixés, entractes obligatoires, pas de possibilité de mettre sur pause, sinon c’est pas du live !!! etc…). Un demi-avant une présentation de l’opera est proposé et des rencontres à chaud, back-stage avec les artistes et autres membres du staff seront proposés à l’instar de ce qui se fait dans les lives transmis au cinéma.
Les contenus de VOD sont quant à eux consultables à loisir pendant les 7 jours suivant l’achat. Là aussi seulement du streaming, pas possible de télécharger la représentation acheté.
Dans les deux cas, le (télé?)-spectateur peut choisir deux vues à l’écran (une vue globale et impersonnelle de la scène ou celle filmée par un réalisateur) Mais là n’est pas la grande surprise de l’offre Wiener Staatsoper live stream. La petite révolution introduite par le Staatsoper est dans la possibilité d’utiliser sur android et iOS une application de second écran. Cette application à télécharger au préalablement permet de voir les surtitres de l’opera ou la partition elle-même défiler sur la tablette ou le mobile, au rythme du live ou de la VOD sur l’écran principal ! Juste un rêve ! La magie du watermarking ! Les langues disponibles sont pour l’heure l’anglais, l’allemand et …le Japonais, et oui ils sont pas fous les Autrichiens… mais on devrait avoir le français et d’autres langues disponibles rapidement…
J’en entends déjà murmurer « J’aime pas le classique, mais ça j’aime bien … 😉 »
“Wiener Staatsoper live stream : le second écran s’invite à l’Opéra de Vienne” by Ramzi SAIDANI is under terms and conditions of the licence Creative Commons Attribution 3.0 France
http://electronlibre.info/google-samsung-unis-pour-10-ans/?utm_content=buffer1b6ff&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer
Quelle surprise m’attendait lorsque je vérifiai la distribution de l’Agrippina d’Haendel en version de concert du 14 mai. Sur la page d’accueil du site de la salle Pleyel en bas à droite, une invitation comme on aimerait en voir plus souvent ! La grande salle symphonique de Paris vient en effet lancer son application mobile, disponible pour Android et iOS.
Avant de décortiquer l’appli, il est peut-être bon de consacrer quelques mots à la salle Pleyel. Sise non loin de la place des ternes et de ses fleuristes et de l’Elysée et de ses roses, Pleyel est une salle de concerts symphoniques. Inaugurée en 1927, elle fut dernièrement rénovée en 2006 après 4 ans de travaux et acquise par la Cité de la musique en juin 2009.Elle présente la particularité d’avoir une arrière-scène, chose assez rare en France. Elle accueille chaque année près de 200 concerts et les formations les plus prestigieuses au monde. Sa programmation fait également place au jazz et à la variété (je me souviens d’un mémorable concert Brasil de Maria Bethânia).
L’application Android à tous le moins (pour l’iPhone, je n’ai pas encore eu l’occasion de tester) comprend :
– le très riche programme de la saison à venir (2013-14) et du reste de la saison actuelle (plus de 200 spectacles par an rappelons-le !)
-une rubrique ‘genre’ qui fait échos au catalogue papier et à son code couleur et qui permet d’offrir une vue thématique de la programmation de la maison.
-Un bandeau d’actu de dernière minute qui permet d’alerter l’utilisateur sur certains évènements,
-des informations pratiques et historiques que la mythique salle de concert parisienne dans l’onglet ‘Pleyel’ (histoire et offre de services de la salle et de ses partenaires) et dans l’onglet ‘pratique’ (contact, comment venir ?)
-une rubrique multimédia comprenant des vidéos et des très belles photos de la Salle.
Les fiches spectacles sont très bien faites et permettent achat, partage et ajout en favori.
L’application permet d’acheter ses billets sur son mobile dans un format tactile adapté à l’écran réduit d’un smartphone. Il n’est cependant pas (encore ?) possible de souscrire à une des nombreuses formules d’abonnement (plus de 20 formules différentes en plus de l’abonnement parcours libre) qui font la spécificité de la maison. Seuls les spectacles de la saison 2012-2013. Pour les concerts de la saison 2013-2014, il faudra vraisemblablement attendre la date de l’ouverture de la billetterie physique prévue le samedi 1er juin 2013 à 11h pour la vente des place hors abonnement.
La boutique n’existe pas en tant que rubrique. Le ticketing est contextuel à la fiche spectacle présentée. Si l’on dispose d’un compte client Pleyel, on peut facilement se loguer et bénéficier d’eventuelles réductions offertes.L’accès à ce compte est également simple. Comme sur le web, on peut récupérer son mot de passe si oublié, on a accès à son historique et l’on peut changer ses coordonnées ou son mot de passe. Expérience pour le moins cross-canal ! bravo ! Un seul hic, certains parcours clients n’ont visiblement pas été correctement testés…en cliquant sur « continuer ses achats » après avoir annulé supprimer un billet dans son panier, on se retrouve dans son smartphone dans la boutique au format web. On perd alors le bénéfice du très bon format mobile 🙁 !
Astucieusement le SMS et le mail sont proposés comme outils de partage. Plus généralistes, ils peuvent être plus facilement utilisés par la part senior du public de la salle. Des messages prédéfinis facilitent grandement le partage via ces moyens traditionnels.
Les boutons Twitter et Facebook viennent compléter et satisfaire les fervents utilisateurs de media plus modernes que sont les réseaux sociaux. En revanche, on note l’absence de partage via Google +.
Dommage que les fonctions de partage n’embarquent pas google + et que les abonnements ne soient pas (encor) proposés sur l’appli mobile comme sur le site web. On notera aussi qu’il n’y a pas de rubrique de news chaudes sur les artistes des spectacles. On regrettera l’absence de push notifications (date d’ouverture de la billetterie, annonce de modification de distribution ou de promotion) et le petit bug dans la boutique mobile. Mais ne gâchons pas notre plaisir de mélomane féru de digital : en somme une très belle appli, classique (ca tombe bien 🙂 dans sa forme mais efficace ! Complète avec agenda, un classement thématique des spectacles, une rubrique multimédia et des infos pratiques et historiques sur la salle Pleyel ! La billetterie est pensée mobile et est bien intégrée dans l’application !
Pleyel dans sa poche : la nouvelle appli mobile de la Salle Pleyel…de Ramzi SAIDANI est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France.