En février 2018, j’ai eu la chance de découvrir Kataposte à la Maker Faire de Lille! J’avoue que je suis tombé sous le charme de cette enceinte connectée à monter soi-même car l’obsolescence programmée est une thématique qui me tient à coeur. Kataposte est un concentré de technologie, d’ergonomie et de respect pour notre environnement ! Découvrons les deux personnes qui sont derrière cette belle aventure entrepreneuriale et écologiste. En ces temps de débat sur la loi PACTE, c’est un bel exemple d’une entreprise, en l’occurrence de jeune pousse, dont la mission prend en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité.
Nous sommes deux amis d’enfance. Nous avons tous les deux suivis des parcours d’ingénieur. Pierre en électronique, Damien en mécanique. Pierre a commencé à construire des postes de musique à Grenoble afin d’aller passer les week-ends en montagne avec… de la musique. De là sont nés les premiers modèles de postes audios nomades. Par ailleurs Damien a fait du web après ses études et s’est familiarisé avec le monde de l’open-source et des fablabs.
Kataposte est un projet d’enceintes audios nomades, non-obsolescentes et open-hardware. Le premier modèle est dans la lignée des postes de Grenoble : solides, puissants et autonomes.
Il est non-obsolescent car toutes les pièces que nous utilisons sont standard et on les trouve facilement dans le commerce ou sur internet en tant que particulier. De plus nous avons volontairement travaillé sur une conception simple afin de rendre l’objet robuste, ce qui est sa fonction première et de le réparer facilement.
Enfin, nous avons publié les plans de conception sur internet sous licence open-hardware : la Creative Commons avec Attribution.
Nous avons modularisé la conception en parties fonctionnelles : le caisson pour le design, le « coeur » pour les fonctionnalités et les haut-parleurs pour la sortie du son. La visée est de permettre à d’autres de concevoir de nouveaux designs ou de nouvelles fonctionnalités de manière indépendante. Ils profitent de l’existant et apportent leur contribution. C’est le modèle de l’économie collaborative.
À terme, nous souhaitons voir émerger un écosystème qui permette aux utilisateurs de pouvoir choisir le design, la fonctionnalité et les haut-parleurs chez trois co-producteurs différents et de les assembler pour créer leur Kataposte sur mesure.
Lorsque Pierre est revenu sur Paris, fin des années 2000, nous avons continué à utiliser les premiers Katapostes à une époque où les chaînes HiFi laissaient place aux petits haut-parleurs d’ordinateurs. C’était aussi le début des petites enceintes Bluetooth. Nombre de fêtes en restaient au « son d’ambiance » faute de puissance. Nous les ravivions en arrivant avec un Kataposte. Des amis nous en empruntaient quand nous ne pouvions venir.
De là est née la motivation de concevoir un modèle commercialisable. Nous avons par la suite ajouté les idées de non-obsolescence puis d’open-hardware. Lorsque nous avons eu un prototype fonctionnel, nous avons décidé de sauter le pas et de créer une entreprise.
La motivation s’ancrait sur deux axes majeurs. D’une part, le manque de produits éthiques en matière de son (et en électronique plus généralement). Et d’autre part tenter l’aventure d’un modèle économique innovant. Et enfin, l’envie de vivre des revenus de notre projet à nous.
Clairement, les petites enceintes Bluetooth qui donnent l’impression d’avoir du « gros son » pour une centaine d’euros. Nous sommes d’ailleurs souvent comparés à des gammes très différentes. Étrangement, personne ne confond une petite voiture de ville et un 4×4 en termes de prix et de gamme, mais pour le son, ce type de comparaison est fréquent.
Ce n’est pas le prix qui nous différencie. Nous avons travaillé d’arrache-pied pour sortir un modèle en kit moins cher que les équivalents grand public de capacités équivalentes. Nous voulions éviter l’écueil d’autres projets éco-responsables deux ou trois fois plus chers que leur équivalent classique.
Nous nous différencions donc sur l’éthique, le réparable et le « fabriqué en France » sans que ce soit plus cher.
Nous avons parié sur un objet écologique parce que réparable et durable plutôt qu’un produit « vert » tout aussi obsolescent que ce qui s’est fait jusqu’à maintenant.
Nous avons été parmi les premiers en France à proposer un objet de consommation courante non-obsolescent. Cela nous a d’ailleurs valu d’être repérés lors des scandales pour obsolescence programmée de décembre 2017. Et aujourd’hui (que l’on sache), nous sommes les seuls à avoir créé une entreprise qui produit des enceintes audios sous licence open-hardware.
En interne nous avons des projets de produits différents mais plutôt que de proposer de nouveaux produits, nous cherchons à inciter d’autres personnes à enrichir le projet. C’est l’innovation majeure du modèle open-hardware qui vise à transformer les concurrents en co-créateurs et co-producteurs. À d’autres designers de créer de nouveaux caissons audios alternatifs (d’autres formes, d’autres matériaux). À d’autres makers de créer des fonctionnalités différentes (fonction pré-ampli vinyls, console de jeux rétro, karaoké…)!
En premier lieu, le financement participatif (crowdfunding) Ulule que nous avons lancé le 25 octobre. Cela nous permettra de nous faire connaître et de développer les ventes au-delà du premier cercle.
Après le crowdfunding, nous voulons développer la communication. C’est un savoir-faire que nous devons améliorer et nous espérons trouver quelqu’un d’ici quelques mois qui pourra venir renforcer l’équipe.
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Je rappelle le site web de Kataposte & la page Facebook Kataposte et votre campagne Ulule : https://fr.ulule.com/kataposte/
« Kataposte : Fier de créer vos playlists? Maintenant monter votre enceinte pour les écouter ! Interview de Damien Ragoucy & Pierre Laperdrix ! » de Damien Ragoucy, Pierre Laperdrix et Ramzi Saïdani est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France .
Les Clés de l’Ecoute est une jeune pousse française composée de professionnels de la musique : musiciens, musicologues, compositeurs et journalistes composent ce collectif. L’équipe d’Opera- digital a pu rencontrer sa fondatrice Géraldine Aliberti dans le grand foyer de la Gaîté Lyrique où la structure est en résidence au sein de la pépinière d’entreprises culturelles Creatis.
Opera-digital.com : Bonjour Géraldine Aliberti ! Merci de nous recevoir dans ce lieu mythique de l’opérette parisienne ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ainsi que les Clés de l’Ecoute ?
Bonjour ! Je suis musicologue de formation et compositrice. Diplômée d’un Master en musicologie à Paris IV-Sorbonne et du conservatoire de la ville de Paris en piano, musique de chambre et écriture, j’ai travaillé chez la chaine de musique classique Mezzo avant d’intégrer en 2006 la Cité de la Musique comme assistante conseillère musicologique. Je suis aussi compositrice associée à la collection Écoutez-Lire de Gallimard-Musique. Enfin, j’ai comme, vous l’avez mentionné, fondé le collectif les clés de l’Ecoute dont je suis responsable artistique : j’en conçois et présente les projets artistiques !
Opera-digital.com : Parlez-nous justement des clés de l’écoute, quel est ce collectif ?
Les clés de l’écoute regroupent des musiciens, musicologues dont beaucoup sortent comme moi de la Sorbonne et des conservatoires, des compositeurs et des journalistes (tel qu’Antoine Pecqueur de Mezzo). L’ambition première des clés de l’écoute est de renouveler l’expérience de la musique classique par l’interactivité entre les musiciens et les spectateurs.
Opera-digital.com : c’est une formidable ambition. Comment y parvenez-vous ? Quels sont les types d’activités que vous engagez ?
Nous développons plusieurs métiers. Premièrement nous proposons des concerts éducatifs avec orchestre. Nous avons commencé avec l’Orchestre de Chambre de Paris puis nous nous sommes étendus à plusieurs orchestres partenaires. Notre volonté est de sortir du schéma assez rigide des concerts éducatifs existants en proposant davantage d’interactivité notamment à l’encontre des jeunes publics. C’est ce que nous appelons les « Laboratoires musicaux » ! Chaque année nous les proposons notamment au cours d’une saison musicale à l’Auditorium du Louvre. Nous voulons vraiment éclater le format du concert éducatif, le rendre davantage multidisciplinaire avec des artistes (comédien, acteurs, dessinateurs, photographe). Nous faisons par exemple monter les gens sur scènes. Cela créé toujours un effet de surprise et nous avons désormais un public qui vient pour participer !
Nous développons aussi chaque année un grand projet annuel de médiation dans des collèges de la région Ile-de-France. Notre crédo est de faire des élèves des contributeurs directs et les créateurs du projet : ce sont eux qui créent, proposent, inventent les lignes artistiques d’un projet ou interprètent la musique.
Enfants créateurs :
Video youtube n°1
video youtube n°2
Enfants interprètes :
video youtube n°3
Cette année les élèves d’un collège parisien vont réaliser une bande dessinée sonore et interactive qui racontera l’histoire de la musique du XVIIIeme au XXeme. Cette frise prendra la forme d’un outil multimédia interactif et pourra être consulté sur des écrans de PC ou des tablettes. Elle sera prochainement en ligne sur http://www.raconte-moi-la-musique.org
En 2011, ce fut un livre disque dont la musique fut composée dans un collège de Saint Denis. Les élèves ont écrit les textes qui accompagnaient les musiques impliquant la chanteuse Rosemary Standley du groupe Moriarty !
Ces projets annuels sont possibles grâce au soutien de mécènes tels que la Fondation de France et la Fondation HSBC ; je tiens à nouveau à les remercier de leur soutien.
Opera-digital.com : Et sur le digital ? Vous développez une stratégie particulière ?
Oui bien sûr ! Les technologies multimédia et numériques nous semblent fondamentales et un formidable outil interactif. Ils représentent aujourd’hui le dernier volet de notre activité. Dans le prolongement de nos programmes musicaux, nous cherchons à renforcer notre approche interactive et pluridisciplinaire de la transmission musicale. C’est pourquoi nous créons une maison d’édition numérique Sonic Solveig. Nous voulons créer des applications musicales et interactives pour tablettes tactiles. Notre premier projet qui est pratiquement finalisé est une application autour de l’œuvre la plus connue du compositeur norvégien Edgard Grieg, « Peer Gynt ».
Opera-Digital : Peer Gynt ! Pouvez-vous nous en dire plus sur cette application ?!
Cette application Peer Gynt illustre avec onirisme la pièce de théâtre éponyme d’Henrik Ibsen. Nous faisons entrer l’utilisateur au cœur de l’œuvre littéraire et de la partition orchestrale d’Edvard Grieg. Grâce à une série de jeux musicaux, nous rendons l’utilisateur orchestrateur d’un passage de l’œuvre, percussionniste de l’orchestre, chanteur, il peut s’enregistrer et recevoir ses propres inventions sur sa boite mail. L’appli restitue l’essence du patrimoine folklorique et culturel norvégien avec le livre disque, les pages de contexte littéraire, historique et mythologique qui entourent le monde de cet anti-héros qu’est Peer Gynt. Elle permet d’écouter des extraits de l’œuvre d’Ibsen, grâce à un disque de treize titres inclus.
La musique est celle enregistrée par notre ensemble de musiciens et une partie de l’ensemble Carpe Diem qui collabore à beaucoup de nos projets.
Opera-Digital : Géraldine Aliberti merci beaucoup ! Nous attendons avec hâte la sortie officielle de l’application et la frise numérique !
En attendant, je recommande nos lecteurs à parcourir vos sites web http://www.lesclesdelecoute.org
http://www.sonicsolveig.com
http://www.raconte-moi-la-musique.org
et à profiter de votre présence sur les réseaux sociaux. Je les rappelle :
Facebook :
https://www.facebook.com/pages/les-Clés-de-lécoute/262474433790145
https://www.facebook.com/sonicsolveig
Twitter :
https://twitter.com/Clesecoute
https://twitter.com/SONICSOLVEIG
Pinterest :
http://www.pinterest.com/sonicsolveig/application-peer-gynt
“Les Clés de l’Ecoute : une start-up du monde classique pas comme les autres !” by opera-digital.com et Géraldine Aliberti est soumis aux conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France