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Hollogramme de Maria Callas pour 2017 ?

Hologramme et musique classique : 2017 année Hologramme Callas ?

KS Johan Botha

Johan Botha

En apprenant la mort du grand ténor sud-Africain Johan BOTHA, auquel je souhaite rendre hommage dans ce post, je me suis fait la réflexion suivante : Johan Botha, encore un immense artiste qui vient rejoindre le panthéon des serviteurs de l’art Lyrique et dont je n’aurais pas eu la chance d’écouter la voix dans une salle de concert!!
La représentation d’Aïda que je comptais voir au Staatsoper de Vienne, fin septembre ne le verra malheureusement pas chanter Radames où il excellait.

Soit dit en passant, une version anglais de cet article est disponible ici !

D’autres mélomanes ou spectateurs surtout dans les musiques actuelles ont sûrement déjà éprouvé ce sentiment. C’est d’ailleurs sûrement ce qui pousse certains businessmen à proposer depuis quelques années, à ces spectateurs déçus, une expérience donnant l’illusion que l’artiste regretté revient d’entres les morts : l’hologramme ! Les concerts où des hologrammes de vedettes défuntes sont en effet de plus en plus fréquents ces derniers temps.

 

L’Hologramme : c’est quoi ?

Provenant des racines grecques  « holos » (qui signifie en entier) et « graphein » (qui signifie écrire), l’hologramme est selon Wikipedia et Larousse, un procédé de photographie en relief. Pour faire simple, un hologramme représente une image en trois dimensions qui apparaît comme « suspendue dans l’espace ». Dans l’article Wikipedia, on apprend également que d’autres techniques sont souvent qualifiée à tort d’holograhiques, si cela vous intéresse d’approfondir ; c’est ici.

Vous me direz que la réalité virtuelle très en vogue en ce moment peut également offrir une expérience permettant de faire réapparaître un artiste mort. Mais la Virtual Reality suppose que l’on soit équipé d’un casque pour ressentir et percevoir. Et ce casque, mine de rien, isole l’individu du reste de son environnement. L’hologramme, puisqu’il paraît au spectateur sans le truchement d’un équipement qui le coupe du reste du public, semble bien plus propice à l’émergence de la magie et du partage en communauté de la prestation d’un artiste défunt.

Hologramme et musique actuelle 

Hologramme et musique actuelle (rap,hip-hop, reggae, pop…), tous ces styles de musiques actuelles ont connu des représentations de certaines de leurs plus grands artistes sous forme d’hologramme. Le groupe Gorillaz avait exploré et continue d’utiliser les hologrammes dans des concerts mais c’était sous la forme de personnages inspirés de mangas japonais.

Avril 2012 marque à ce titre un tournant dans l’utilisation de la technologie des hologrammes dans le monde du spectacle vivant. Pendant le festival de musiques actuelles Coachella, les spectateurs ont pu voir un duo entre l’artiste de hip-hop Snoop Dogg et une reproduction holographique (créée par le studio AV Concept) du célèbre rappeur Tupac. C’était la première fois qu’un artiste défunt se retrouvait sur une scène de spectacle vivant! A découvrir si le rap vous en dit :

Plus récemment, c’est le roi Le Roi de la Pop, Mickael Jackson qui a eu droit à une résurrection holographique. Dans cette prestation technologique, on retrouve tout : ses fameux pas de danse, ses mimiques, mais pas ses lunettes noires !

Le reggae n’est pas en reste, pour l’anecdote, un collectif (de joyeux plaisantins) s’est constitué pour que les Parisiens puissent voir l’hologramme du Roi du Reggae fouler à nouveau une scène parisienne. Si vous voulez signer la pétition 🙂 !

Le King Elvis Presley, lui-même, a eu droit également de revenir du royaume des morts en duo avec Céline Dion dans un tout de même émouvant « If I can dream » utilisant la technique de l’hologramme à ce qu’on dit. Cela peut faire rire, mais d’aucuns prétendent sur les blogs ou dans les commentaires de réseaux sociaux que cet hologramme serait capable d’attirer plus de foule que moult des actuels musiciens de variétés en activité…Hologramme et musique des artistes défunts…

Et Céline Dion a l’air d’aimer les hologrammes car dans certains de ces shows à Las Vegas, elle utilise la technique pour chanter des duos avec…elle-même ! Tabernacle, pas bête, deux Céline pour le prix d’une ! En tout cas, cela fait le show.

Hologramme et musique classique alors ?

Hologramme et musique actuelle, la nécessité de trouver des relais de croissance en matière de musique, la maturité de la technologie que l’on dit bientôt sur les téléphones portables, la voie semble assez nette sur ce qui nous attend dans les musiques actuelles.

Mais hologramme et musique classique alors ? J’ai beau cherché dans mes souvenirs de passionnés de classique et d’opéra, je ne vois aucune utilisation des hologrammes dans un contexte classique et encore mois opératique !

A part si l’on fait un détour dans la musique classique arabo-andalouse! En effet, la Grande Diva du monde arabe, Oum Kalsoum a été hologrammisée au Caire il y a quelques années, en 2012. Le résultat est d’ailleurs assez bluffant et j’imagine que l’espace de quelques instants, on peut se laisser prendre au piège. La fin de la vidéo où la « Voix incomparable » (tel est le surnom qu’avait donné Maria Callas à Oum Kalsoum) disparaît en paillettes d’or, vient terminer le rêve.

Hologramme et musique classique arabe, OK. Mais, je n’ai jamais entendu parler du moindre hologramme de Caruso, de Pavarotti à l’oeuvre,d’Arthur Rubinstein, de Glenn Gould, de Karajan ou encore de Toscanini, etc.. tous ces artistes mythiques du monde du classique occidental que peu d’entre nous on eu la chance d’écouter en live. Pourtant à en croire la taille des communautés facebook d’artistes lyriques , les artistes décédés tels que Pavarotti ou la Callas figurent parmi les plus grandes communautés….

Pour 2017, un pari : un hologramme pour Maria Callas ?!

Quand on repense à Oum Kalsoum, la grande diva du monde arabe dont Callas elle-même jalousait la voix exceptionnelle, on ne souris pas au tweet provocateur et humoristique de l’Opera de San Francisco qui titrait l’année dernière :  » Perf of Lucia di Lammermoor to feature hologram Maria Callas !

maria-callas-hologramme-sanfrancisco-opera-house

Sérieusement, pourquoi n’a-t-on pas encore eu un spectacle qui fait revenir Callas de l’au-dela pour faire frémir des générations entières de mélomanes ?

Un premier pas en tout cas a bel et bien été franchi vers une Callas holographique. Pour la création QM.16, Dominique Gonzalez-Foerster, se met en scène son propre hologramme déguisé en Callas. L’artiste fait dans cette installation une apparition impériale en Callas, vêtue d’une robe couleur rouge sang et fait du play-back sur l’air tragique Suicidio de la fin de la Gioconda (opera de 1876 d’Amilcare Ponchielli)! Vous pouvez voir quelques secondes de cet hologramme mimant Callas dans la video suivante (28ème seconde)

Dominique Gonzalez-foerster en Maria Callas

Dominique Gonzalez-foerster en Maria Callas

Sophie Cecilia Kalos dit Maria Callas mourrait le 16 septembre 1977 dans son appartement Paris. Sa mort alimenta de nombreux fantasmes. Je gage que l’anniversaire des 40 ans de sa mort en 2017 n’en fasse autant. Un de mes fantasmes avoués serait bien qu’une quelconque maison de disques ou un producteur mélomane ne la fasse revenir du royaume des Morts sous la forme d’un hologramme ! Après Hatsune Miku  l’héroïne holographique de The End, le premier opéra virtuel qui a été donné il y a quelques années au Châtelet , j’aimerais bien voir l’hologramme de la Callas arpenter la scène du Théâtre du Châtelet !

En tous cas certains petits plaisantins du web ont d’ores et déjà imaginé quelques aventures avec l’hologramme de la Diva !

Hollogramme Callas en 2373

Hollogramme Callas en 2373

De mon côté, j‘aurais bien quelques idées de duos inter-genérationnels ou non entre certains de mes ténors préférés et la Callas (Jonas Kaufmann, feu Johan Botha, Roberto Alagna, Placido Domingo ou feu Jussi Björling). En terme d’expérience, je préférerais mille fois cette hologramme Callas plutôt que d’exprimer ma passion dans l’achat d’accessoires ridicules (à mon sens) exploitant l’image de la diva. Vous me direz ce que vous pensez de cette coque signée Marc Jacobs pour un téléphone d’une certaine marque passée maître en matière d’optimisation fiscale…?

coque Maria Callas

coque Maria Callas

A bon entendeur, salut…

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La table musicale

maison connectée et opera : une table musicale à découvrir !

Les Tech Days permettent au grand public et aux institutions la possibilité de venir à la rencontre des jeunes pousses (les start-up comme ils disent en anglais 😉 et des sites d’excellence du territoire.

Porte ouverte à Euratechnologie

Porte ouverte à Euratechnologie

Lors du dernier événement Lille’s Tech Days, le 14 juin 2014, opera-digital.com  a pu visiter un lieu emblématique du digital en France :  EuraTechnologies. Si vous voulez en savoir plus sur ce lieu emblématique des nouvelles technologies en France n’hésitez pas à consulter le site d’euratechnologies !

Mais quel rapport avec l’opéra , me direz-vous ? Et bien, il se trouve que j’ai pu visiter au sein Euratechnologie, une maison connectée, une maison du future développée par le CITC-EuraRfid (un centre de recherche et de conseil spécialisé dans les technologies sans-contact). Cette maison connectée (smart-Home) présentait ce à quoi pourra ressembler notre bonne vieille maison ou notre appartement dans les années qui viennent. Au sein du parcours, nous avons pu expérimenter une table musicale !

Imaginez une tablette ou une grande table sur laquelle vous déposez un flyer intelligent qui va automatiquement lancer la playlist ou l’opera concernée ! Ce n’est pas de la science-fiction et cela pourra bien être l’expérience utilisateur habituelle d’un mélomane d’ici quelques années ! A découvrir en video !

Merci à Ali Benfattoum du CITC pour sa super visite !

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Wiener Staatsoper live stream is the new live and VOD streaming offer of the Vienna State Opera

Wiener Staatsoper live stream : le second écran s’invite à l’Opéra de Vienne

On pourrait penser que le monde de la musique classique est frileux, old-fashioned, dépassé, sclérosé par des traditions qui toujours étonnent plus d’un novice en la matière.  Et pourtant, la révolution digitale fait son œuvre, et tel que dans une symphonie, l’allegro vivace peut succéder à l’andante.

Du vinyle au mp3

Du vinyle au mp3

Certes,  à l’instar de tous les autres pans de l’industrie musicale, le classique a et doit toujours compter avec la consommation illégale de musique, le piratage de DVD, la montée en puissance de Youtube. Pour autant le digital et son cortège de technologies et d’usages nouveaux constituent aussi de formidables opportunités que certains acteurs ont très tôt saisi.

La digitalisation des contenus :

La digitalisation des contenus a permis la rapide l’émergence de chaines spécialisées classiques dans différents bouquets (Mezzo), puis sont apparus des acteurs pure web tels que medici.tv. Pour autant, conscients de la possibilité de toucher directement ses publics et de désintermédier tout ce beau monde des diffuseurs et distributeurs, certaines institutions ont d’ailleurs lancé leur propre plateforme de live streaming ou de VOD, à l’instar du Wiener Staatsoper et son digital concert hall. On ne compte plus d’ailleurs les institutions lyriques ou orchestrales disposant de chaines Youtube ou dailymotion.

Le renouvellement des équipements des salles de cinéma

opera in cinema in Australia

opera in cinema in Australia

Un autre mouvement massif plus récent dans le secteur fut de capitaliser sur le renouvellement nécessaire de l’équipement des équipements de cinéma. Pour des raisons quelquefois très différentes, les grands opéras du monde ont donc commencé à investir les multi-complexes ou les gros cinémas des centres-villes. Le Metropolitan opera fut le premier, suivi rapidement par les autres maisons à dimension internationale (ROH, Opera de Paris, etc…).  Et pour cause, de 2000 spectateurs (la capacité moyenne d’une grande salle d’opera va de 1700 à environ 3500 personnes) pour une représentation dans le theâtre lui-même, on se retrouve aisément avec une audience multipliée par 15-20 (35.000 ou 40.000) à en croire les chiffres avancés par certaines maisons. A 18-30 € le billet à l’unité, c’est une vraie piste de revenu à exploiter. « The world is a village”, le dit n’en a que plus d’acuité ! Les frontières s’amenuisent donc, le Metropolitan opera peut maintenant chasser sans complexe sur les terres parisiennes de l’Opera de Paris…et vice versa. Il n’y a plus de pré-carré…et les ressources des institutions doivent provenir de plus en plus de leur activité commerciales. En ces temps de disette budgétaire la subvention se fait rare…

Le mobile et la tablette

Autre tendance de fonds qui voit les acteurs du secteur s’agiter pour placer leur pions : le mobile et la tablette. Ainsi applications relationnelles ou sites au format mobile se multiplient. Souvent bien faites, informationnelles, autorisant quelquefois le ticketing, ces applications, nécessaires, n’apportaient bien souvent, je dois dire, rien de bien exceptionnel en terme d’expérience client  jusqu’il y a quelques jours…

En effet, la plus grande maison d’opera d’Europe, l’Opera de Vienne étonnamment discrète sur les réseaux sociaux (pas de compte twitter il y a encore quelques semaines !) vient de provoquer une vraie rupture d’expérience en lançant simultanément son offre de live en streaming, couplé à une expérience de second écran.

Une offre de streaming claire et enrichie par une expérience de second-écran :

2 types de contenus sont proposés par l’offre Wiener Staatsoper live stream : du vrai live pour 14 € (le spectacle) et de la VOD pour 5 € le titre à l’unité. Le contenu est accessible via le portail http://www.staatsoperlive.com sur tout pc compatible connecté à internet, donc à toute télévision ou rétro-projecteurs relié d’une manière ou d’une autre à un ordinateur ainsi que sur les smart TV Samsung les plus récentes.  En revanche, ce streaming (live ou VOD), n’est disponible ni sur smartphone ni sur tablettes (et pour cause 🙂 )

home page of the new live dedicated portal of the Wiener Staatoper

home page of the live dedicated new portal of the Wiener Staatoper

Le live est diffusé avec les contraintes inhérentes à ce type de contenu (horaires fixés, entractes obligatoires, pas de possibilité de mettre sur pause, sinon c’est pas du live !!! etc…). Un demi-avant une présentation de l’opera est proposé et des rencontres à chaud, back-stage avec les artistes et autres membres du staff seront proposés à l’instar de ce qui se fait dans les lives transmis au cinéma.

Les contenus de VOD sont quant à eux consultables à loisir pendant les 7 jours suivant l’achat. Là aussi seulement du streaming, pas possible de télécharger la représentation acheté.
Dans les deux cas, le (télé?)-spectateur peut choisir deux vues à l’écran (une vue globale et impersonnelle de la scène ou celle filmée par un réalisateur) Mais là n’est pas la grande surprise de l’offre Wiener Staatsoper live stream.  La petite révolution introduite par le Staatsoper est dans la possibilité d’utiliser sur android et iOS une application de second écran. Cette application à télécharger au préalablement permet de voir les surtitres de l’opera ou la partition elle-même défiler sur la tablette ou le mobile, au rythme du live ou de la VOD sur l’écran principal ! Juste un rêve ! La magie du watermarking ! Les langues disponibles sont pour l’heure l’anglais, l’allemand et …le Japonais, et oui ils sont pas fous les Autrichiens… mais on devrait avoir le français et d’autres langues disponibles rapidement…

Wiener Staatsoper Second Screen App can be used while watching a stream to enhance live experience

Wiener Staatsoper Second Screen App can be used while watching a stream to enhance live experience

Anyway, si vous voulez approfondir votre compréhension de Wiener Staatsoper live stream et de ses impacts sur le landerneau musical, ce post en anglais fera votre bonheur !

J’en entends déjà murmurer «  J’aime pas le classique, mais ça j’aime bien … 😉 » 

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Metropolitan HD Live

opera en direct : de la Toile à la toile pour nos étoiles…

 

Quand on parle de multicanal on pense bien évidemment immédiatement à la distribution…

L’objectif de la stratégie de la distribution multicanale consiste à toucher la clientèle potentielle à travers le plus grand nombre de points de contact. On peut ainsi vendre un kit dans les boutiques physiques sur le net, depuis son mobile, sa tablette bientôt son réfrigérateur, ou encore par le biais du télé achat, etc…. Les différents canaux coexistent en général et certaines différences sont maintenues pour éviter la trop forte compétition voire la cannibalisation entre eux.

La musique : un marché rythmé depuis toujours par les progrès technologiques

Le marché de la musique a été servi par un nombre important de procédés technologiques : rouleaux, vinyles, cassettes, CD, radio, DVD, blue-ray, radio, télé, musique dématérialisée à télécharger ou en streaming. Si tous ces mécanismes ont permis à la musique d’exister en différé, seuls certains peuvent prétendre lui ouvrir le monde du direct. Il était ainsi possible de vivre en direct via l’apparition de la radio et de la télévision, un certain nombre d’évènements en particulier d’évènements culturels ou sportifs si l’on n’avait pas la chance ou le porte-monnaie pour les vivre in situ. L’expérience du direct est donc elle aussi devenue multi-canale : du spectacle in situ au visionnage et/ou à l’écoute d’un des médias traditionnels.

Du vinyle au mp3

Du vinyle au mp3

Du multi-support au multi-canal

Mais la digitalisation révolutionne moult secteurs, en y venant accroître le nombre de canaux disponible. En ce qui concerne le 4ème Art (Musique) et le 6ème Art (les arts de la scène en particulier l’hybride opera) n’échappe pas à ce constat. A ce titre, après avoir été multi-support, le marché de la musique devient aussi de plus en plus multi-canal dans l’expérience du direct. En plus de la radio (France Musique en autres) , de la télévision (Mezzo bien évidemment ou des chaines généralistes comme Arte ou France Télévision), de nouveaux modes de distribution du direct font leur apparition : tout d’abord la web TV (sur PC, webphone ou tablette) et la toile, l’autre, albe et tendue comme la misaine de l’Indomptable de Billy Bud.

Sur la Toile, des web TV…

Des maisons d’opera proposent désormais de voir sur leur site web l’intégralité de certaines productions. On peut citer par exemple l’Opéra Royal de la Monnaie (magnifique production des Huguenots) ou l’Opéra de Paris (le merveilleux Werther de Kaufmann avant sa sortie en DVD). Mais ce sont toujours des rediffusions, on peut rarement regarder en direct ces représentations, on est souvent plus dans une logique de VOD gratuite ou de replay. Pourtant en France certains acteurs tels que Medici.TV permettent de voir des spectacles notamment de l’opera en direct (pour info, le prochain direct est un concert du New York Philarmonic à Dresde le 14 mai), et ce en plus d’un riche catalogue de videos à la demande (représentations en rattrapage/catch-up ou plus anciennes).

Medici TV propose des directs sur sa webTV

Medici TV propose des directs sur sa webTV

Cet acteur pur web propose en effet une web TV qui permet de regarder en direct et en différés des spectacles de musique classique sur son l’ordinateur, son téléphone mobile et sur tablettes (applications disponibles pour Android et iOS) et sur certains modèles de Télévisions connectées intelligentes.

…à la toile des salles de cinéma

Depuis 2006, c’est aussi l’écran de cinéma qui vient proposer aux amateurs de musique de vivre une expérience de direct en particulier d’opera en direct. Le premier à avoir exploré la piste du cinéma et de la diffusion en direct dans les grands multiplex fut le Metropolitan Opera à New York. Depuis entre autres, beaucoup plus récemment, Covent Garden ou l’Opéra National de Paris l’ont suivi.

Le Metropolitan Opera HD Live

Le Metropolitan Opera HD Live

Le Metropolitan Opera : en direct et en HD est une initiative du célèbre théâtre lyrique new-yorkais (doté d’une capacité de 3800 places) pour retransmettre certaines de productions, en direct et HD  dans des salles de cinéma de plusieurs pays du monde depuis 2006. Pour la saison 2012-2013, 12 opéras sont présentés en direct dans près de 1900 salles reparties dans 64 pays dont le Qatar, la Chine et l’Egypte, la Russie ou le Mexique !

Pour les maisons d’opéras, le cinéma offre la possibilité de toucher un nombre plus important de spectateurs en leur fournissant une expérience plus riche. Les surtitrages sont disponibles dans la langue de la salle de cinéma contrairement au théâtre physique où seule la ou les langues (Bravo la Belgique;) du pays d’appartenance de la maison sont proposées, avec l’anglais le plus souvent, s’il reste de la place sur les écrans de surtitrage.

Les représentations sont souvent complètes plusieurs semaines avant même si les places sont nettement plus chères qu’une place de cinéma même 3D. Bien que cela se passe au cinéma, l’écosystème commercial mobilisé conserve énormément des caractéristiques des institutions de l’art vivant. Une certaine forme de rareté existe donc. On peut réserver son « billet »  très en avance en commandant en ligne sur certains sites spécialisés, sur les réseaux de cinéma ou dans certains réseaux distribuant des billets de spectacles comme la FNAC. Des abonnements existent où l’on peut voir 5 ou 10 opéras de la saison avec des prix dégressifs. Ces abonnements n’ont rien à voir avec les cartes d’abonnement UGC ou Gaumonts pour lesquels on ne connait pas à l’avance le film que l’on va regarder.

UGC et Pathé diffusent des operas live dans leur réseau

UGC et Pathé diffusent des operas live dans leur réseau

Les amateurs d’opéra en direct ont donc le choix entre un plus grand nombre de possibilités pour vivre à plein leur passion dévorante. Et ce n’est pas pour me déplaire pourtant autant on peut s’interroger sur la coexistence de ces canaux et de leur synergie… La digitalisation modifie quantitativement mais aussi qualitativement et la nature de l’interaction entre ces derniers canaux

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Opera en direct : de la Toile à la toile pour nos étoiles…de Ramzi SAIDANI est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France.

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Samsung a fourni les tablettes 10 pouces utilisées par le Philarmonique de Bruxelles

numérisation des partitions : l’Orchestre Philarmonique de Bruxelles passe à la tablette numérique

En novembre 2012, Le Brussels Philharmonic  avait fait parler de lui dans le landerneau musical et bien au-delà en affirmant vouloir devenir le premier orchestre au monde à abandonner les partitions en papier pour passer aux partitions numériques sur tablette. Cette annonce de numérisation des partitions avait créé un buzz certain. Il faut voir la mise en scène de l’événement où les instrumentistes lancent dans un mouvement commun des partitions papiers avant d’exhiber les tablettes 10.1 utilisés pour l’occasion.

Samsung a fourni les tablettes 10 pouces utilisées par le Philarmonique de Bruxelles

Samsung a fourni les tablettes 10 pouces utilisées par le Philarmonique de Bruxelles

En plus d’une bonne opération de communication pour Samsung et la société de logiciel de partition numérique Neoscore partenaire de cette représentation assez médiatisée, ce fut certainement un gros coup de pub pour une formation qui joue depuis longtemps sur la corde du digital (l’Orchestre met par exemple à la disposition du public des sonneries de musique classique gratuite pour les téléphones portables)

Partition numérique utilisant la technologie Neoscore

Partition numérique utilisant la technologie Neoscore

Les avantages avancés sont les économies de papier, de temps, d’adhésif. Mais ce que je retiens surtout c’est la possibilité de faire évoluer les méthodes de travail de ses musiciens. La tablette reconnait la musique et gère la tourne de page elle-même (je connais plus d’un pianiste accompagnateur qui serait enchanté à cette idée). Un musicien peut également annoter, surligner directement avec un stylet la partition, partager ses modifications avec les autres instrumentistes, personnaliser la mise en page. L’idée de stocker un millier de partition sur 16 Go dans 600 grammes de concentré technologique est également enthousiasmante.

En effet, la musique classique a pu apparaître en avance sur le temps digital. Rappelons les travaux de l’IRCAM qui ont permis de reconstituer ce que pouvait être la voix de castrat en s’appuyant sur la voix de Derek Lee Ragin et de la soprano polonaise Ewa Malas-Godlewska dans le magnifique film Farinelli de Gérard Corbiaud. Pour autant, le monde de la musique classique reste encore une terre de tradition, de conventions et de codes quelquefois très « rigides » ; il devra s’adapter à son époque et vivre plus avant sa révolution numérique.

La liseuse numérique ou la tablette qui en en un assez bon substitut est un exemple très pragmatique de ce mouvement irrémédiable vers le numérique. Apple laissait également une bonne place à ce cas d’usage de la partition pour piano qui défile dans ses publicités pour iPad. Nombre de partitions sous format pdf se prêtent déjà bien à une utilisation sur une ardoise numérique. Avec l’arrivée de génération entière de musiciens ‘digital native’ qui n’ont connu que les enregistrements numériques en streaming ou le son mp3, nul doute que le mouvement va s’amplifier de l’intérieur.

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numérisation des partitions : l’Orchestre Philarmonique de Bruxelles passe à la tablette numérique de Ramzi SAIDANI est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France.

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