J’avais déjà évoqué dans un précédent post sur l’opera Transmedia PeterPan que le numérique peut augmenter l’expérience pendant le spectacle. Mais le numérique peut décliner également le transmedia dans des expériences ayant lieu avant et après un spectacle vivant : preuve en est avec le spectacle La Véritable histoire de Casse-Noisette produit par la compagnie Les Clés de l’écoute et donné en décembre dernier par L’Orchestre Dijon Bourgogne à l’Opéra de Dijon !
Spectacle imaginé par la musicologue et médiatrice Géraldine ALIBERTI qu’opera-digital avait rencontrée il y a quelques années au sujet de son projet autour de Peer Gynt, la Véritable histoire de Casse-Noisette d’après l’oeuvre littéraire de DUMAS et musicale de Tchaïkovski est un spectacle réunissant un comédien, une danseuse et un orchestre symphonique et la projection de diapositives animées appuyant l’intrigue. La véritable histoire de Casse-Noisette raconte le destin extraordinaire d’un jeune homme appelé Nathaniel métamorphosé en un misérable pantin de bois, semblable à un Casse-Noisette, par un roi des souris assoiffé de vengeance ! Mais plutôt que de longs discours, une courte video du spectacle :
Rien d’original me direz vous ? Mais c’est que vous ne savez pas tout ! En effet la Véritable histoire de Casse-Noisette est en effet un spectacle transmedia ! La définition suivante du transmedia donnée par l’encyclopédie illustrée du marketing definitions-marketing.com est, je trouve, très éclairante :
« Le transmédia est la pratique qui consiste à développer un contenu narratif sur plusieurs médias en différenciant le contenu développé et les capacités d’interaction en fonction des spécificités de chaque média ». Pour en connaitreplus, n’hésitez pas à lire la définition complète du terme et les termes qui lui sont proches !
En quoi La Véritable histoire de Casse-Noisette est-il un spectacle transmédia ? Et bien parce qu’il est astucieusement jumulé avec une application disponible sur Apple et Android pour tout public de 6 à 106 ans.
Cette application comprend :
L’application accompagne donc le spectacle vivant et permet aux spectateurs d’accéder à des clés de lecture et d’écoute avant le spectacle qui leur permettront d’entrer au cœur de l’œuvre musicale et littéraire qu’ils vont voir. Les spectateurs, en particulier le jeune public, peuvent également prolonger la magie et l’univers du spectacle à la maison en se plongeant dans les différents jeux musicaux et anecdotes de l’application La Véritable histoire de Casse-Noisette. A la maison, après le spectacle, ils peuvent également revivre l’histoire du spectacle en musique sous la forme d’une narration innovante interactive parsemée de petites énigmes musicales et ce dans la langue de leur choix (français, allemand, anglais et même japonais :).
Le spectateur est ainsi en mesure de s’emparer de l’œuvre et de lui donner vie hors de la salle, mais aussi d’assister le jour de la représentation à tout un univers numérique sur scène qui prend vie. Les deux éléments fonctionnent en symbiose afin que le numérique façonne une toute nouvelle expérience scénique, et que l’œuvre du spectacle nourrisse un univers numérique que le spectateur peut explorer à loisir avant et après le spectacle.
A ma connaissance, pour la première fois en France et en Europe, une institution lyrique, l’Opéra de Dijon, a proposé à son public, une expérience transmedia mêlant spectacle vivant et applications en programmant La Veritable histoire de Casse-Noisette et en mettant à disposition l’application compagnon du spectacle loué à son éditeur Sonic Solveig !
Le concept de ce duo « Spectacle-Application» a séduit l’Opéra de Dijon ! Ce tandem transmedia associant des applications à un spectacle vivant permet également de penser le spectacle comme un puissant vecteur d’action culturelle grâce à tous les dispositifs de médiation innovants pouvant être déployés en amont et en aval du spectacle lui-même.
Une série d’ateliers de médiation culturelle a ainsi été menée avec des tablettes équipées de l’application La Véritable histoire de Casse-Noisette. Les 15 & 16 décembre 2017, des agents d’accueil de l’Opéra de Dijon, munis de tablette, ont présenté l’appli aux publics avant le début de la représentation à laquelle ils allaient assister !
Par ailleurs, cette application a été offerte aux spectateurs du spectacle « La véritable histoire de Casse-Noisette » du 13 au 16 décembre aux publics de l’opéra de Dijon. Selon Sonic Solveig, l’éditeur de l’application La véritable histoire de casse-Noisette, c’est plus de 1800 téléchargements de l’application qui ont été observés pendant ces trois jours sur le google play et l’appstore. Bien entendu tous ces téléchargements ne concernait pas Dijon et ses environs mais une bonne partie de chiffre est attribuable au tandem spectacle-application.
Enfin des extraits de l’application ont également été mis à disposition des publics sur le site de l’opera de Limoges et le sont toujours attirant les spectateurs ou les curieux qui ne disposent pas de tablette ou qui ont raté la période pendant laquelle l’opéra offrait l’application à ses publics.
On ne peut qu’applaudir cette initiative d’apporter au public le meilleur des deux mondes physiques et numérique ! Cette démarche a également été observée à l’Opéra Orchestre National de Montpellier avec la programmation de Peer Gynt tout récemment en janvier 2018 ! Mais ça c’est peut-être une autre histoire à vous raconter !
« La véritable histoire de Casse-Noisette : Opéra de Dijon pionnier du transmédia » de Ramzi Saïdani est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France .
l’Opera de Vienne (Wiener Staatsper) a lancé il y a trois ans une offre qui en a surpris plus d’un fan d’opéra! Alors que la plupart des grandes maisons d’opéra concentraient leur effort pour proposer des représentations d’opera en direct dans les salles de cinéma, le Wiener Staatsoper proposait lui le nouveau service opera en direct staatsoperlive.com, disponible sur n’importe quel type d’écrans.
Opera-digital.com (aujourd’hui le blog officiel de Sonic Solveig) a pu rencontrer le « cerveau » derrière cette offre numérique excitante : Christopher WIDAUER (qui est qui aussi marionnettiste !!) accompagné de son assistant sont revenus sur les grands enseignements et les nouveaux projets de l’offre de streaming StaatsOperLive !
Opera-digital.com : Hello Christopher et Hugo ! Merci infiniment. Pour moi, c’est un rêve qui devient réalité de pouvoir mener une interview dans la grande salle de l’opéra de Vienne ! Pouvez-vous rapidement nous rappeler les débuts de l’offre d’opéra en direct StaatsOperlive.com?
Christopher Widauer: Hello Ramzi, Hello opera-digital et Sonic Solveig, Hello aux lecteurs du blog ! Bien sûr ! Nous avons lancé officiellement le service Staatsoperlive.com en octobre 2013. Depuis cette date, nous avons appris beaucoup. Nous étions en observation pendant de longs mois. Jusqu’en début 2015, pour nous c’était en fait une période de « test » pendant laquelle nous avons diffusé une douzaine d’opéra en direct. 2015 fut la première vraie saison complète et commercialisée de lives avec 45 œuvres différentes proposées.
Opera-digital.com : Vous avez mentioné la difficulté à trouver le bon business model. Pouvez-vous nous en dire plus?
Christopher Widauer : C’était ardu de trouver en effet le bon business model, mais maintenant nous l’avons ! L’offre d’opera en direct Staatsoperlive a en realité deux business models : un pan B2C et un pan B2B. Concernant le B2C, nous avons eu du mal à construire un modèle d’affaires où l’attribution des différents flux de revenus satisfaisaient toutes les parties prenantes (solistes, choristes, musiciens, the StaatsOper et ses coproducteurs, notre business unit digital…). Nous avons finalement abouti à une offre mêlant les retransmissiosn en direct et des œuvres disponibles en Video on Demand rassemblées dans la secton videothèque section de notre siteweb. La question des droits était un vrai sujet et il était nécessaire de créer un flux de revenu transparent et équitable entre les parties impliquées. C’est pourquoi en 2015, nous avons décidé d’offrir une offre d’abonnement. C’est d’ailleurs aujourd’hui l’offre que nous promouvons le plus même s’il est toujours possible d’acheter des transmissions en direct ou de la VOD à l’unité.
Opera-digital.com : Donc plein vent sur les abonnements ?
Christopher Widauer: Oui. L’abonnement comporte plusieurs avantages : primo, l’abonnement est beaucoup plus facile à utiliser pour les spectateurs. En effet, à chaque fois que l’on achète un titre à l’unité, il faut récupérer un code à usage unique, ce qui est pénible et menant à des confusion. Secondo, bien sûr, c’est aussi beaucoup moins cher lorsque l’on regarde le prix à l’unité. Enfin, si l’abonnement est réalisé via une Apple TV, Amazon fire or encore grâce à une box Internet comme celles d’UPC ou l’operateur télécom autrichien A1 (voir illustration ci-dessous), l’expérience est encore plus simple car l’utilisateur dispose déjà d’un compte utilisateur et d’un moyen de paiement directement utilisables . L’abonnement rime vraiment avec confort d’utilisation.
Opera-digital.com: Pouvez-vous nous parler de la concurrence ? J’imagine qu’elle essaie aussi de mettre l’accent sur les abonnements ?
Christopher Widauer: La concurrence n’offre pas vraiment de contenu frais, souvent les offres concurrentes se résument à des rediffusions, à de la VOD. L’avantage comparatif de notre offre opéra en direct Staatsoperlive est d’avoir une cœur d’offre de diffusion en direct autour d’une vraie saison! Soit dit en passant, nous avons élargi notre périmètre et nous offrons également des lives qui ne sont pas des productions de l’opéra de Vienne. Pour nous, il est complétement pertinent d’offrir à nos abonnés. Et cela, même si un opera est déjà diffusé sur un autre canal, comme par exemple sur la chaine nationale espagnole diffuseur des lives de l’Opera Real de Madrid ou gratuitement sur une plateforme telle que theoperaplatform.eu (comme les Nozze di Figaro ou La Dame de Pique de l’Opera d’Amsterdam), proposer des lives en plus est très intéressant. In 2016, nous avons proposé 60 retransmission en direct. En 2017 le service proposera une saison de 100 operas ou ballets en live si l’on inclut les transmissions en direct des grands festivals de l’été ! Toujours plus de contenus variés et frais !
Opera-digital.com : Alors staatsoperlive.com s’ouvre aux autres maisons d’opera !!?
Christopher Widauer : Oui Staatsoperlive.com propose des transmissions de live qui ne sont pas des productions ou coproductions du Wiener Staatsoper. Pendant l’été, l’Opera de Vienne est fermé, nous avons pourtant à offrir à nos abonnés des contenus exclusifs en direct. Proposer des spectacles en direct d’autres maisons est un levier intéressant. Par ailleurs, nous avons le devoir de fournir des contenus exceptionnels ou originaux à nos abonnés. Tout ce qui peut constituer une bonne expérience parce que le répertoire est rare, la mise en scène de grande qualité ou très orginale est bon à prendre pour nos abonnés. Nous pouvons proposer ainsi des opéras composés par des compositeurs chinois par exemple qui seront donnés à Pekin ou à Shanghaï.
Opera-digital.com : Vous avez mentionné un volet B2B à votre business model, qu’en est-il ?
Christopher Widauer : Staatsoperlive.com fournit également une solution sur étagère en marque blanche de diffusion d’opera et de ballet en direct à plusieurs maisons d’opéra dans le monde. En guise d’exemple, en Europe, nous collaborons avec l’Opéra de Varsovie, l’opera d’Helsinki, le Staatsoper de Berlin, l’Opera de Copenhague. D’ailleurs, pour encourager ce pan B2B, nous allons créer une nouvelle société privé avec l’un de nos partenaires autrichiens! Staatsoperlive offre également aux institutions culturelles des prestations de conseils, des formations et de l’expertise sur les process pour capter et diffuser des représentations en direct ! Stay tuned !
Opera-digital.com : Merci beaucoup pour ces précieuses minutes ! Bis bald !
Christopher Widauer and Hugo : au revoir !
“Trois ans après son lancement, Christopher WIDAUER nous parle de l’offre d’opera en direct staatsoperlive.com” by Ramzi SAIDANI & Christopher WIDAUER est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
En apprenant la mort du grand ténor sud-Africain Johan BOTHA, auquel je souhaite rendre hommage dans ce post, je me suis fait la réflexion suivante : Johan Botha, encore un immense artiste qui vient rejoindre le panthéon des serviteurs de l’art Lyrique et dont je n’aurais pas eu la chance d’écouter la voix dans une salle de concert!!
La représentation d’Aïda que je comptais voir au Staatsoper de Vienne, fin septembre ne le verra malheureusement pas chanter Radames où il excellait.
Soit dit en passant, une version anglais de cet article est disponible ici !
D’autres mélomanes ou spectateurs surtout dans les musiques actuelles ont sûrement déjà éprouvé ce sentiment. C’est d’ailleurs sûrement ce qui pousse certains businessmen à proposer depuis quelques années, à ces spectateurs déçus, une expérience donnant l’illusion que l’artiste regretté revient d’entres les morts : l’hologramme ! Les concerts où des hologrammes de vedettes défuntes sont en effet de plus en plus fréquents ces derniers temps.
Provenant des racines grecques « holos » (qui signifie en entier) et « graphein » (qui signifie écrire), l’hologramme est selon Wikipedia et Larousse, un procédé de photographie en relief. Pour faire simple, un hologramme représente une image en trois dimensions qui apparaît comme « suspendue dans l’espace ». Dans l’article Wikipedia, on apprend également que d’autres techniques sont souvent qualifiée à tort d’holograhiques, si cela vous intéresse d’approfondir ; c’est ici.
Vous me direz que la réalité virtuelle très en vogue en ce moment peut également offrir une expérience permettant de faire réapparaître un artiste mort. Mais la Virtual Reality suppose que l’on soit équipé d’un casque pour ressentir et percevoir. Et ce casque, mine de rien, isole l’individu du reste de son environnement. L’hologramme, puisqu’il paraît au spectateur sans le truchement d’un équipement qui le coupe du reste du public, semble bien plus propice à l’émergence de la magie et du partage en communauté de la prestation d’un artiste défunt.
Hologramme et musique actuelle (rap,hip-hop, reggae, pop…), tous ces styles de musiques actuelles ont connu des représentations de certaines de leurs plus grands artistes sous forme d’hologramme. Le groupe Gorillaz avait exploré et continue d’utiliser les hologrammes dans des concerts mais c’était sous la forme de personnages inspirés de mangas japonais.
Avril 2012 marque à ce titre un tournant dans l’utilisation de la technologie des hologrammes dans le monde du spectacle vivant. Pendant le festival de musiques actuelles Coachella, les spectateurs ont pu voir un duo entre l’artiste de hip-hop Snoop Dogg et une reproduction holographique (créée par le studio AV Concept) du célèbre rappeur Tupac. C’était la première fois qu’un artiste défunt se retrouvait sur une scène de spectacle vivant! A découvrir si le rap vous en dit :
Plus récemment, c’est le roi Le Roi de la Pop, Mickael Jackson qui a eu droit à une résurrection holographique. Dans cette prestation technologique, on retrouve tout : ses fameux pas de danse, ses mimiques, mais pas ses lunettes noires !
Le reggae n’est pas en reste, pour l’anecdote, un collectif (de joyeux plaisantins) s’est constitué pour que les Parisiens puissent voir l’hologramme du Roi du Reggae fouler à nouveau une scène parisienne. Si vous voulez signer la pétition 🙂 !
Le King Elvis Presley, lui-même, a eu droit également de revenir du royaume des morts en duo avec Céline Dion dans un tout de même émouvant « If I can dream » utilisant la technique de l’hologramme à ce qu’on dit. Cela peut faire rire, mais d’aucuns prétendent sur les blogs ou dans les commentaires de réseaux sociaux que cet hologramme serait capable d’attirer plus de foule que moult des actuels musiciens de variétés en activité…Hologramme et musique des artistes défunts…
Et Céline Dion a l’air d’aimer les hologrammes car dans certains de ces shows à Las Vegas, elle utilise la technique pour chanter des duos avec…elle-même ! Tabernacle, pas bête, deux Céline pour le prix d’une ! En tout cas, cela fait le show.
Hologramme et musique actuelle, la nécessité de trouver des relais de croissance en matière de musique, la maturité de la technologie que l’on dit bientôt sur les téléphones portables, la voie semble assez nette sur ce qui nous attend dans les musiques actuelles.
Mais hologramme et musique classique alors ? J’ai beau cherché dans mes souvenirs de passionnés de classique et d’opéra, je ne vois aucune utilisation des hologrammes dans un contexte classique et encore mois opératique !
A part si l’on fait un détour dans la musique classique arabo-andalouse! En effet, la Grande Diva du monde arabe, Oum Kalsoum a été hologrammisée au Caire il y a quelques années, en 2012. Le résultat est d’ailleurs assez bluffant et j’imagine que l’espace de quelques instants, on peut se laisser prendre au piège. La fin de la vidéo où la « Voix incomparable » (tel est le surnom qu’avait donné Maria Callas à Oum Kalsoum) disparaît en paillettes d’or, vient terminer le rêve.
Hologramme et musique classique arabe, OK. Mais, je n’ai jamais entendu parler du moindre hologramme de Caruso, de Pavarotti à l’oeuvre,d’Arthur Rubinstein, de Glenn Gould, de Karajan ou encore de Toscanini, etc.. tous ces artistes mythiques du monde du classique occidental que peu d’entre nous on eu la chance d’écouter en live. Pourtant à en croire la taille des communautés facebook d’artistes lyriques , les artistes décédés tels que Pavarotti ou la Callas figurent parmi les plus grandes communautés….
Quand on repense à Oum Kalsoum, la grande diva du monde arabe dont Callas elle-même jalousait la voix exceptionnelle, on ne souris pas au tweet provocateur et humoristique de l’Opera de San Francisco qui titrait l’année dernière : » Perf of Lucia di Lammermoor to feature hologram Maria Callas !
Sérieusement, pourquoi n’a-t-on pas encore eu un spectacle qui fait revenir Callas de l’au-dela pour faire frémir des générations entières de mélomanes ?
Un premier pas en tout cas a bel et bien été franchi vers une Callas holographique. Pour la création QM.16, Dominique Gonzalez-Foerster, se met en scène son propre hologramme déguisé en Callas. L’artiste fait dans cette installation une apparition impériale en Callas, vêtue d’une robe couleur rouge sang et fait du play-back sur l’air tragique Suicidio de la fin de la Gioconda (opera de 1876 d’Amilcare Ponchielli)! Vous pouvez voir quelques secondes de cet hologramme mimant Callas dans la video suivante (28ème seconde)
Sophie Cecilia Kalos dit Maria Callas mourrait le 16 septembre 1977 dans son appartement Paris. Sa mort alimenta de nombreux fantasmes. Je gage que l’anniversaire des 40 ans de sa mort en 2017 n’en fasse autant. Un de mes fantasmes avoués serait bien qu’une quelconque maison de disques ou un producteur mélomane ne la fasse revenir du royaume des Morts sous la forme d’un hologramme ! Après Hatsune Miku l’héroïne holographique de The End, le premier opéra virtuel qui a été donné il y a quelques années au Châtelet , j’aimerais bien voir l’hologramme de la Callas arpenter la scène du Théâtre du Châtelet !
En tous cas certains petits plaisantins du web ont d’ores et déjà imaginé quelques aventures avec l’hologramme de la Diva !
De mon côté, j‘aurais bien quelques idées de duos inter-genérationnels ou non entre certains de mes ténors préférés et la Callas (Jonas Kaufmann, feu Johan Botha, Roberto Alagna, Placido Domingo ou feu Jussi Björling). En terme d’expérience, je préférerais mille fois cette hologramme Callas plutôt que d’exprimer ma passion dans l’achat d’accessoires ridicules (à mon sens) exploitant l’image de la diva. Vous me direz ce que vous pensez de cette coque signée Marc Jacobs pour un téléphone d’une certaine marque passée maître en matière d’optimisation fiscale…?
A bon entendeur, salut…
“Hologramme et musique classique : 2017 année Hologramme Callas ?” de Ramzi SAIDANI est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
Quinze, quindici, fifteen, c’est le chiffre de ce mois de mai 2016 ! 15 : c’est le nombre de maisons d’opéra fondatrices de The Opera Platform. A quelques jours de la dixième édition des Journées européennes de l’opéra, il est bon en effet de se rappeler que The Opera Platform va souffler sa première bougie. Il y a un an, 15 maisons d’opéra européenne décidaient d’unir leur force créatrice et numérique pour proposer une vraie saison européenne d’opéra en ligne, une saison dématérialisée. Grâce à the Opera Platform, il est possible chaque mois de découvrir une nouvelle production de l’un de ces quinze opéras partenaires, le plus souvent en profitant d’une large sélection de matériel additionnel (bonus, articles sur les compositeurs, des interviews, coulisses, etc…). Qui plus est, chaque opéra retransmis est sous-titrés en 6 langues – Europe oblige:) – : Français, Anglais, Allemand, Italien, Espagnol et Polonais. Chaque œuvre retransmis reste disponible gratuitement en streaming VOD pendant 6 mois. Parmi, ces quinze, le monde germanique est bien représenté dans l’alliance avec 3 institutions (Wiener Staatsoper , le Komische Oper de Berlin, le Staastheater de Stuttgart). Côté Europe du Sud, on peut compter sur Teatro Regio di Torino et le Teatro Real Madrid. Chez la Perfide Albion, trois institutions sont présentes : le Royal Opera House, plus connu sous la dénomination de Covent Garden, et le Welsh National Opera. Parmi les institutions des nouveaux pays membres, les fameux pays de l’Est, The Opera Platform compte deux institutions : l’Opera National de Lettonie à Riga et l’Opera National de Varsovie. En plus the Opera Platform compte comme institutions lyriques partenaires, l’Opera Royal de la Monnaie à Bruxelles, l’Opera National des Pays-Bas basé à Amsterdam, l’Opera National de Norvège à Oslo et deux institutions françaises : l’Opéra national de Lyon et le mondialement connu Festival d’Aix-en-Provence. Opera Europa (l’organisation professionnelle pour les compagnies et festivals d’opera en Europe) et la chaîne culturelle franco-allemande Arte sont également partenaires du projet The Opera Platform.
On ne sera pas étonné de voir parmi ces quinze institutions, le Wiener StaatsOper, le Royal Opera House. Ces temples lyriques ont chacun investi le net de l’opera et cherche à compléter ce qui se passe par une experience en ligne pour les amateurs qui ne peuvent pas être présent physiquement. Le ROH est par exemple allé très loin en proposant un acte de la Walkyrie Voir par exemple Rappelons que le célèbre Opera de Vienne entre autre pour ses places debout propose une offre extrêmement complète de livestream de sa saison lyrique. son offre Staatsoperlive permet à n’importe quel amateur d’opéra de suivre près de 50 représentation en live, directement depuis son salon, sans même devoir se déplacer dans les salles de cinéma.
Le Royal Opera House a lui préféré élargir principalement son audience via des transmissions de représentation en live dans les salles de cinéma. Mais le Royal Opera House est toutefois extremement innovant aussi sur le numérique. Il est possible notamment de bénéficier de streaming avec une expérience immersive impressionnante. Le projet Opera Machine du Royal Opera House permettait par exemple une expérience de streaming inédite : il était possible de regarder le troisième acte du troisième opus de la Tétralogie (La Walkyrie) de Wagner en personnalisant à l’extrême le visionnage car plus de 17 points de vue captés par 17 cameras différentes étaient disponibles et actionnables par le spectateur !
Parmi les 15, seules deux institutions françaises sont donc présentes. L’Opera de Lyon et le bienconnu festival d’Aix en Provence. On devine que l’Opera de Paris, sûrement soucieux de jouer cavalier seul avec notamment sa troisième scène, ne cherche pas à mettre en avant le streaming mais la diffusion dans les réseaux de cinéma. On notera toutefois que certaines scènes françaises ne permettent pas de diffuser des operas en entiers mais sont impliqués dans the Opera platform en mettant à disposition des bonus. C’est par exemple le cas de l’Opera de Lille, de la Salle Favart alias Opéra Comique ou encore de l’Opéra National du Rhin qui mettent à disposition des teasers ou des extraits de représentations. C’est déjà çà !
“The Opera platform, un an après ?” de Ramzi SAIDANI est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
Selon les derniers chiffres du site Bachstrack, les 10 operas les plus joués en 2014 dans le monde ont été la Bohème, la Traviata, Carmen, Tosca, Madama Butterfly, Die Zauberflöte (La Flûte Enchantée), Don Giovanni, Il Barbiere di Sigilia (le Barbier de Séville), Le Nozze di Figaro (les Noces de Figaro) et Rigoletto ! (English version here)
L’ italien écrase la compétition avec 8 opéras parmi les plus joués dans le monde. Seul Carmen en langue française et la Flûte enchantée, en allemand, parviennent à atténuer l’écrasante domination de la langue de Pétrarque !
Côté compositeurs, Puccini et Mozart sont à la fête et dominent le classement avec 3 opéras chacun. Giuseppe Verdi suit avec deux opéras, devant Rossini et Bizet !
L’Espagne a la côte s’agissant du lieu des intrigues : Carmen, Don Giovanni, le Barbier et les Noces de Figaro se déroulent dans les villes ibériques!
La sémillante ville de Séville est d’ailleurs au premier balcon ! On comprend mieux les nombreuses promenades basées sur les intrigues d’operas proposées par l’office de tourisme de la Belle Andalouse !
Les Français se consoleront que Carmen ait perdu sa place de numéro 1 en remarquant que Paris est également le cadre de deux des opéras les plus joués (Traviata et Bohème) !
Les livrets de ces 10 operas sont très très souvent également issus des œuvres de grands écrivains français (Beaumarchais, Victor Hugo, Prosper Mérimée, Alexandre Dumas Fils, Henri Murger, Victorien Sardou et Pierre Loti, Molière)!
Ouf! Notre honneur opératique est sauf !
“Les 10 operas les plus joués en 2014! ” de Ramzi SAIDANI est sous les conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France