Kataposte : Fier de créer vos playlists? Maintenant montez votre enceinte pour les écouter !

projet d’enceintes audio nomades, non-obsolescentes et open-hardware

Kataposte : Fier de créer vos playlists? Maintenant montez votre enceinte pour les écouter !

En février 2018, j’ai eu la chance de découvrir Kataposte à la Maker Faire de Lille! J’avoue que je suis tombé sous le charme de cette enceinte connectée à monter soi-même car l’obsolescence programmée est une thématique qui me tient à coeur. Kataposte est  un concentré de technologie, d’ergonomie et de respect pour notre environnement ! Découvrons les deux personnes qui sont derrière cette belle aventure entrepreneuriale et écologiste. En ces temps de débat sur la loi PACTE, c’est un bel exemple d’une entreprise, en l’occurrence de jeune pousse, dont la mission prend en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité.

 

OD : Bonjour, Pierre et Damien ! Pouvez-vous nous décrire rapidement votre parcours…?

Nous sommes deux amis d’enfance. Nous avons tous les deux suivis des parcours d’ingénieur. Pierre en électronique, Damien en mécanique. Pierre a commencé à construire des postes de musique à Grenoble afin d’aller passer les week-ends en montagne avec… de la musique. De là sont nés les premiers modèles de postes audios nomades. Par ailleurs Damien a fait du web après ses études et s’est familiarisé avec le monde de l’open-source et des fablabs.

Pierre Laperdrix & Damien Ragoucy, co-fondateurs de Kataposte.

Pierre Laperdrix & Damien Ragoucy, co-fondateurs de Kataposte.

 

OD : Pouvez-vous décrire ce qu’est Kataposte ?

Kataposte est un projet d’enceintes audios nomades, non-obsolescentes et open-hardware. Le premier modèle est dans la lignée des postes de Grenoble : solides, puissants et autonomes.

projet d’enceintes audio nomades, non-obsolescentes et open-hardware

Kataposte : un projet d’enceintes audios nomades, non-obsolescentes et open-hardware

Il est non-obsolescent car toutes les pièces que nous utilisons sont standard et on les trouve facilement dans le commerce ou sur internet en tant que particulier. De plus nous avons volontairement travaillé sur une conception simple afin de rendre l’objet robuste, ce qui est sa fonction première et de le réparer facilement.

Enfin, nous avons publié les plans de conception sur internet sous licence open-hardware : la Creative Commons avec Attribution.

Nous avons modularisé la conception en parties fonctionnelles : le caisson pour le design, le « coeur » pour les fonctionnalités et les haut-parleurs pour la sortie du son. La visée est de permettre à d’autres de concevoir de nouveaux designs ou de nouvelles fonctionnalités de manière indépendante. Ils profitent de l’existant et apportent leur contribution. C’est le modèle de l’économie collaborative.

À terme, nous souhaitons voir émerger un écosystème qui permette aux utilisateurs de pouvoir choisir le design, la fonctionnalité et les haut-parleurs chez trois co-producteurs différents et de les assembler pour créer leur Kataposte sur mesure.

 

OD : Comment en êtes-vous venus à créer cette start-up Kataposte ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?

Lorsque Pierre est revenu sur Paris, fin des années 2000, nous avons continué à utiliser les premiers Katapostes à une époque où les chaînes HiFi laissaient place aux petits haut-parleurs d’ordinateurs. C’était aussi le début des petites enceintes Bluetooth. Nombre de fêtes en restaient au « son d’ambiance » faute de puissance. Nous les ravivions en arrivant avec un Kataposte. Des amis nous en empruntaient quand nous ne pouvions venir.

De là est née la motivation de concevoir un modèle commercialisable. Nous avons par la suite ajouté les idées de non-obsolescence puis d’open-hardware. Lorsque nous avons eu un prototype fonctionnel, nous avons décidé de sauter le pas et de créer une entreprise.

La motivation s’ancrait sur deux axes majeurs. D’une part, le manque de produits éthiques en matière de son (et en électronique plus généralement). Et d’autre part tenter l’aventure d’un modèle économique innovant. Et enfin, l’envie de vivre des revenus de notre projet à nous.

 

OD : A quel type de concurrence faites-vous face ? Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?

Clairement, les petites enceintes Bluetooth qui donnent l’impression d’avoir du « gros son » pour une centaine d’euros. Nous sommes d’ailleurs souvent comparés à des gammes très différentes. Étrangement, personne ne confond une petite voiture de ville et un 4×4 en termes de prix et de gamme, mais pour le son, ce type de comparaison est fréquent.

Ce n’est pas le prix qui nous différencie. Nous avons travaillé d’arrache-pied pour sortir un modèle en kit moins cher que les équivalents grand public de capacités équivalentes. Nous voulions éviter l’écueil d’autres projets éco-responsables deux ou trois fois plus chers que leur équivalent classique.

Nous nous différencions donc sur l’éthique, le réparable et le « fabriqué en France » sans que ce soit plus cher.

Nous avons parié sur un objet écologique parce que réparable et durable plutôt qu’un produit « vert » tout aussi obsolescent que ce qui s’est fait jusqu’à maintenant.

Kataposte : une enceinte différente des autres avec moult atouts !

Kataposte : une enceinte différente des autres avec moult atouts !

Nous avons été parmi les premiers en France à proposer un objet de consommation courante non-obsolescent. Cela nous a d’ailleurs valu d’être repérés lors des scandales pour obsolescence programmée de décembre 2017.  Et aujourd’hui (que l’on sache), nous sommes les seuls à avoir créé une entreprise qui produit des enceintes audios sous licence open-hardware.

 

OD : Aujourd’hui Kataposte, c’est une magnifique enceinte ! Avez-vous des projets de nouveaux produits ?

En interne nous avons des projets de produits différents mais plutôt que de proposer de nouveaux produits, nous cherchons à inciter d’autres personnes à enrichir le projet. C’est l’innovation majeure du modèle open-hardware qui vise à transformer les concurrents en co-créateurs et co-producteurs. À d’autres designers de créer de nouveaux caissons audios alternatifs (d’autres formes, d’autres matériaux). À d’autres makers de créer des fonctionnalités différentes (fonction pré-ampli vinyls, console de jeux rétro, karaoké…)!

kataposte veut créer un écosystème autour de son enceinte

kataposte veut créer un écosystème autour de son enceinte

 

OD : Quelles sont les grandes étapes pour votre start-up dans les prochains mois ?

En premier lieu, le financement participatif (crowdfunding) Ulule que nous avons lancé le 25 octobre. Cela nous permettra de nous faire connaître et de développer les ventes au-delà du premier cercle.

Campagne de financement participatif de Kataposte

Campagne de financement participatif de Kataposte

Après le crowdfunding, nous voulons développer la communication. C’est un savoir-faire que nous devons améliorer et nous espérons trouver quelqu’un d’ici quelques mois qui pourra venir renforcer l’équipe.

OD : Damien, Pierre, un grand merci pour ce partage. On croise les doigts pour la campagne Ulule de Kataposte!

Je rappelle le site web de Kataposte & la page Facebook Kataposte et votre campagne Ulule : https://fr.ulule.com/kataposte/

Licence Creative Commons « Kataposte : Fier de créer vos playlists? Maintenant monter votre enceinte pour les écouter ! Interview de Damien Ragoucy & Pierre Laperdrix ! » de Damien Ragoucy, Pierre Laperdrix et Ramzi Saïdani  est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France .

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Sonia Hussein-Pour, toute nouvelle secrétaire générale d'Angers-Nantes Opera (c) Brion

Sonia Hossein-Pour : la nouvelle génération au secrétariat général d’Angers-Nantes Opéra !

Au détour d’un tweet, j’ai appris la toute nouvelle nomination  de Sonia Hossein-Pour au poste de secrétaire générale  d’Angers-Nantes Opéra! Sur opera-digital.com, on aime interroger les personnalités du monde lyrique sur leur relation au numérique. C’était là une belle occasion de pouvoir échanger avec Sonia Hossein-Pour, talentueuse représentante de cette génération Z qui commence (enfin  dirons les mauvaises langues!) à gagner les institutions lyriques en France.

Sonia Hossein-Pour, toute nouvelle secrétaire générale d'Angers-Nantes Opera (c) Brion

Sonia Hossein-Pour, toute nouvelle secrétaire générale d’Angers-Nantes Opera (c) Brion

OD : Bonjour Sonia Hossein-Pour, quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a amenée à l’opéra ?

Sonia Hossein-Pour :  L‘opéra, c’est un rêve chevillé au corps. Je crois pouvoir dire que le fil conducteur de ma vie, c’est le chant. Quand j’étais petite, je chantais tout le temps, et ma mère cherchait désespérément comment m’aider à m’épanouir dans cette voie, à canaliser une énergie créatrice très forte. On habitait Paris à l’époque, et juste à côté de chez nous, il y avait une église dans laquelle nous entrions quelque fois, au retour de l’école, et où ma mère a fini par apercevoir une annonce de recrutement de chanteurs pour la Maîtrise. Elle a eu le flair de m’y inscrire, même si au départ je rechignais à y aller. Je pleurais, je hurlais. On en rit encore aujourd’hui… En fait ce n’était pas n’importe quelle maîtrise puisqu’il s’agissait de la Maîtrise Saint-Christophe de Javel où de nombreux chanteurs lyriques parisiens ont fait leurs premiers pas. Mais ça, ma mère ne le savait pas, ce monde du chant choral et de l’opéra ne faisant pas du tout partie de notre culture. Finalement ces quelques années de maîtrise ont été merveilleuses et au fond, c’est là que tout a commencé. Malheureusement de nombreux déménagements m’ont obligée à arrêter mais par la suite j’ai étudié le piano et surtout la guitare – classique, flamenco, shred ou rock instrumental -, tout en fréquentant la chorale du collège et du lycée. Tous les ans je chantais et jouais dans les concerts organisés par l’établissement où je prenais un plaisir fou à être sur scène et à faire le show. Je rêvais de devenir une rock star ! (rires)

Quelques années plus tard, j’ai vécu la fin de ma prépa littéraire au lycée Chaptal comme une libération et j’ai décidé de me mettre au chant pour ainsi dire sérieusement. Je me suis inscrite pour auditionner au conservatoire du 18e arrondissement de Paris, à deux pas de chez moi, et je dois dire que mon audition a été un échec assez mémorable ! Je suis arrivée sans partition, croyant que j’allais pouvoir chanter une mélodie de Fauré a capella et que « ça passerait », et sans savoir qu’il y avait devant moi l’un des plus grands interprètes de la musique française, Michel Piquemal. Le verdict a été terrible, Michel m’a dit : « Vous chantez Fauré comme de la variété ». Il ne pouvait pas avoir tort, à l’époque je passais mon temps libre à chanter des reprises de Radiohead avec ma guitare ! Mais finalement ils ont été touchés et m’ont admise dans l’ensemble vocal du conservatoire. Dès lors, ma seule idée fixe a été de travailler d’arrache-pied pour que Michel Piquemal m’accepte dans sa classe de chant, et c’est ce qui est arrivé.

Dilemme: chant lyrique ou grandes écoles ?

Dilemme: chant lyrique ou grandes écoles ?

Michel est alors devenu une sorte de père spirituel pour moi. Il m’a beaucoup appris sur la musique, l’interprétation de la musique, l’engagement du corps et de l’esprit dans l’art. Il m’a beaucoup portée aussi. Un mois seulement après avoir commencé les cours de chant, j’étais déjà soliste dans son chœur amateur, le chœur Vittoria. Alors, encouragée par lui, la question s’est très vite posée de savoir si je devais en faire mon métier. Curieusement, je ne l’avais jamais envisagé ainsi, je ne pensais pas que l’on pouvait faire « chanteuse lyrique ». Et comme j’étais très bonne élève, pour moi il a toujours été évident que j’allais faire des études plus académiques.

OD : vous souhaitiez quelque part un parcours plus « classique » et socialement attendu ?

Sonia Hossein-Pour :  Je pense qu’il y a plusieurs choses. Certainement le contexte familial et une forme de pression qui s’explique par le fait que mes parents ont immigré d’Iran avant la Révolution islamique et ont sacrifié beaucoup de choses pour pouvoir construire et reconstruire une vie en France, pour eux et pour nous. Ensuite mon frère est artiste et j’ai pu aussi entrevoir la difficulté qu’il y avait à vivre de son art et n’ai pas eu le courage de prendre ce risque. Enfin, après mûre réflexion, j’ai aussi compris que cela ne me suffirait pas. Mais le chant c’est ce qui avait donné du sens à ma vie alors que faire ? La réponse devint peu à peu claire, j’allais travailler dans l’opéra, pas sur la scène, mais derrière la scène.

J’ai réalisé cependant qu’il n’y avait pas de voie toute tracée pour travailler dans l’opéra. J’aimais ça mais je n’avais aucun modèle, aucun piston. J’ai donc essayé de m’assurer dans tous les cas de bons diplômes pour être toujours capable de rebondir, tout en continuant le chant en parallèle. Après mes études de lettres qui m’ont donné je crois une solide culture générale, j’ai fait Sciences Po où j’ai acquis un goût du service public, une très bonne connaissance de l’environnement institutionnel et des politiques culturelles. J’ai ensuite enchaîné avec HEC pour me former aux disciplines du management et acquérir une vision de la culture plus orientée business.

OD : Avant d’atterrir à Nantes, quelles ont été vos expériences professionnelles marquantes en lien avec opéra,  Sonia Hossein-Pour ?

Sonia Hossein-Pour :  Parmi les plus importantes et décisives, je commencerais par celle en tant que critique pour Forumopera. J’ai toujours aimé écrire et je trouvais intéressante l’idée de formuler son opinion après un spectacle de la façon la plus argumentée qui soit, même si l’on sait que cet exercice demeure éminemment subjectif. Cela m’a permis de sortir de Paris et de voir des productions remarquables dans d’autres maisons d’opéras, de rencontrer de belles personnes, en particulier des artistes dont certains sont devenus des amis. Et cela m’a permis d’enrichir considérablement ma culture sur l’opéra. Au fond, sans avoir jamais fait cela par opportunisme ni même par opportunité, cette expérience m’a ouvert beaucoup de portes.

Plus tard, j’ai rencontré Olivier MANTEI, le directeur de l’Opéra Comique , et l’envie de travailler ensemble s’est immédiatement imposée. C’est comme cela que j’ai eu la chance de travailler à la salle Favart en y dirigeant la communication, le temps d’une saison. Cette expérience réussie a marqué un véritable tournant dans ma vie professionnelle.

OD : Vous venez d’être nommée Secrétaire générale d’Angers-Nantes Opéra. Pouvez-vous nous parler de cette maison  ?

Sonia Hossein-Pour : Angers-Nantes Opéra est né de la volonté des villes de Nantes et d’Angers de mener une politique lyrique commune, ce qui a pris la forme juridique de ce que l’on appelle un syndicat mixte, en 2002. À Nantes, pour la saison 18-19, les spectacles se jouent principalement au Théâtre Graslin et à Angers au Grand Théâtre d’Angers. Nous travaillons avec de nombreux partenaires, dont l’orchestre des Pays de la Loire mais aussi l’orchestre de Bretagne puisque la programmation est désormais commune avec l’opéra de Rennes, selon le souhait d’Alain Surrans, le nouveau directeur général. Le maître mot de cette nouvelle saison est l’ouverture : aux lieux, à travers des partenariats avec le Lieu unique ou encore la Soufflerie à Nantes ; aux villes, avec plusieurs tournées régionales et notamment la géniale production de The Beggar’s Opera de Gay et Pepusch mise en scène par Robert Carsen et dirigée par William Christie ; aux publics, avec des concerts participatifs « Ça va mieux en le chantant ! » ouverts aux curieux et aux amateurs de chant. Sans parler des « Voix du monde » où des voix venues d’autres cultures viendront faire écho à la voix lyrique sur la scène d’opéra.

L’ensemble des lieux où se déroulent des représentations d’Angers-Nantes Opéra

OD : Vous faites partie de la génération Y, quelle est votre relation au digital, aux réseaux sociaux ?

Sonia Hossein-Pour : Je pense que je suis déjà vieille parce que contrairement à la génération Z, j’ai eu mon premier ordinateur, un ordinateur familial, à 14 ans, et mon propre ordinateur portable à 18. Et je me souviens que l’acquisition d’un tel objet était un véritable événement, un peu comme on achèterait sa première voiture… Aujourd’hui cela relève du banal et les enfants naissent avec un smartphone entre les doigts. C’est déjà une autre époque.

Au risque de paraître « has been », ma relation au digital et aux réseaux sociaux a été d’abord une relation de grande méfiance, pour ne pas dire de snobisme. Quand Facebook est arrivé, je devais avoir 18 ou 19 ans, j’en entendais parler par les copains mais cela ne m’intéressait en rien. J’étais dans mes livres, j’avais mes amis, le rythme de la prépa était intense, pourquoi aller perdre son temps ? J’ai fini par franchir le pas parce que j’étais amoureuse d’un garçon qui y était et que pour voir son profil, il fallait que je m’inscrive… ! (rires) Depuis, je n’ai eu de cesse d’avoir un rapport d’intérêt entremêlé de rejet avec les réseaux sociaux. Je m’inscrivais, je supprimais mon compte, je me réinscrivais, etc. Les symptômes d’une forme de résistance en somme. Après cette longue phase, j’ai eu définitivement envie de m’y intéresser pour comprendre un fait de société, un objet de l’époque, pour ne pas m’exclure d’un domaine de connaissance et aussi quelque part en tirer profit, en particulier pour changer l’image de l’opéra.

OD : Puis-je vous demander, Sonia Hossein-Pour, quelles applications on trouve sur votre mobile ?

Sonia Hossein-PourFacebook, Twitter, Instagram, Whatsapp, et Citymapper, une appli de transport que j’adore, où l’on rentre une adresse et en fonction de son point de départ, l’algorithme vous trouve l’itinéraire le plus rapide avec différents moyens de transports.

Mes applis au quotidien !

Mes applis au quotidien !

OD : En tant que plus jeune secrétaire général d’un opéra en France, quel est votre sentiment, votre vision de l’impact de ces nouvelles technologies sur le monde de la musique classique qui souffre peut-être encore injustement d’une image poussiéreuse ?

Sonia Hossein-Pour : C’est vrai que le monde de la musique classique et de l’opéra souffre encore dans l’inconscient collectif d’une image poussiéreuse. À juste titre. Ce n’est que très récemment que les maisons d’opéra se sont engagées dans un effort pour changer leur image et il était franchement temps.

Il faut reconnaître que les nouvelles technologies sont un moyen formidable pour toucher le public. Un public nouveau, cela reste encore à prouver, mais en volume, l’effet est incontestable. Le numérique par essence renouvelle l’approche de la médiation culturelle en appelant d’autres formes d’adresse au public, dans le discours bien sûr, mais aussi dans la forme artistique elle-même : on le trouve de plus en plus intégré aux productions de spectacle vivant, là aussi souvent dans un souci d’interaction avec le public. Le numérique interroge et renouvelle donc l’art et le rôle qu’il doit jouer dans la cité, ce qui est extrêmement intéressant d’un point de vue esthétique mais aussi socio-politique. Lorsque l’on pense à des plateformes telles que YouTube, des plateformes de streaming d’opéra comme  Opera Vision , qui vous donnent accès à une bibliothèque infinie d’œuvres et vous permettent ainsi de découvrir un nombre incalculable de choses, on réalise ce que le cinéma avait fait en son temps, à savoir qu’elles abolissent aussi les différences de classe. Nous sommes tous égaux derrière nos écrans, il n’y a pas de place en catégorie 1 à 200 euros et une autre de catégorie 7 à 10 euros. Cette idée que la technologie permet d’abolir les frontières et les barrières sociales et nous mette sur un pied d’égalité est extrêmement séduisante.

Toutefois, je ne pense pas que la technologie soit la panacée. C’est un moyen, un medium, mais pour moi ce ne sera jamais une fin en soi. D’abord, je pense qu’il faut prendre garde à ce que la technologie ne prenne le pas sur le sens artistique profond d’un projet. Il y a un côté gadget dont il faut se méfier car vide de sens, mais qui est très tentant lorsque l’on est désespérément en quête d’un nouveau public. Ensuite, ce que l’on veut, ce vers quoi il faut tendre je crois, c’est que les gens viennent vivre l’expérience de l’opéra dans une salle. C’est ça le sésame.

OD : Y a-t-il  une maison d’opéra que vous regardez un peu comme une référence, un modèle à suivre par rapport au numérique ?

Sonia Hossein-Pour : Si je pense maison d’opéra et numérique, je pense instantanément au MET mais je suis aussi très attentive à ce que fait le Royal Opera House. Ils ont énormément de moyens, donc il ne faut pas faire un complexe d’infériorité, mais ils ont développé leur politique numérique avec je crois beaucoup d’intelligence et de créativité, et également avec une vision business que nous n’avons pas vraiment en France, et qui tient à une différence culturelle car ici la question du service public est prégnante. Le fait simple fait que Covent Garden ait racheté le label Opus Arte en 2007 montre qu’ils ont compris que la maîtrise de la chaîne de valeur leur permettait plus de liberté et de contrôle sur l’objet artistique et l’objet de diffusion, et ça c’est un luxe que peu de maisons peuvent s’offrir.

Une de mes missions à Angers Nantes Opéra sera de concevoir la politique numérique qui est, il faut le dire, quasi inexistante, et je suis heureuse qu’Alain Surrans ait la volonté d’aller dans ce sens. Déjà lorsqu’il dirigeait lopéra de Rennes, il était l’un des premiers à mettre en place l’opération d’opéras sur grand écran. Nous allons renouveler l’expérience avec Angers Nantes Opéra à la fin de la saison 2019 avec une retransmission sur grands écrans du Vaisseau fantôme de Wagner, à Nantes, Angers, Rennes, et dans plus d’une centaine de villes. L’idée étant de renouveler cette opération chaque année et d’en faire un rendez-vous incontournable pour nos publics!

le site web d'Angers Nantes-Opera va être refondu en septembre 2018

le site web d’Angers Nantes-Opera va être refondu en septembre 2018 !

Sonia Hossein-Pour, merci de nous avoir accordé cet entretien, à très bientôt pour discuter des projets d’Angers-Nantes Opera!

Licence Creative Commons « Sonia Hossein-Pour : la nouvelle génération au secrétariat général d’Angers-Nantes Opéra ! » de Sonia Hossein-Pour et Ramzi Saïdani  est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France .

 

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école de musique connectée : projet né à Saint-Etienne - Solaure - Marie-Aline-BAYON

Première école de musique connectée : Marie-Aline BAYON nous expose la génèse et les ambitions de ce projet !

Bonjour Marie-Aline BAYON, merci de nous accorder cette entrevue !  Je crois que vous êtes le premier professeur de musique que j’interviewe sur opera-digital.  Mais c’est vrai que vous n’êtes pas un professeur de musique comme les autres ! Vous croyez au numérique comme vecteur d’apprentissage comme nous allons le découvrir et vous avez fondé à Saint-Etienne, la première école de musique connectée !

Opera-digital.com : avant de rentrer dans la découverte du projet passionnant de votre école de musique connectée, pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?

Bonjour! Je suis guitariste et j’ai enseigné la guitare pendant de longues années dans les écoles associatives. J’ai rejoint la fonction publique territoriale en 2008. Désormais, je dirige l’école de musique associative de Solaure (quartier au sud de St-Etienne) depuis 2013. Cette école est en convention pédagogique avec le conservatoire de région Massenet de Saint-Etienne. Je suis également l’auteure d’un livre paru en mars 2017 chez l’Harmattan, RÉVOLUTION NUMÉRIQUE ET ENSEIGNEMENT SPÉCIALISÉ DE LA MUSIQUE : Quel impact sur les pratiques professionnelles?

Une professeure de musique pas comme les autres !

Une professeure de musique pas comme les autres !

Opera-digital.com : Merci pour cette petite introduction ! Alors, d’où vous est venu cet intérêt pour le numérique, Marie-Aline BAYON?

J’ai toujours été passionnée par les technologies. J’ai eu accès en étant enfant à des ordinateurs, des jeux, des appareils photos numériques. J’aimais bien traiter l’image et le son. Ces outils ont toujours fait partie de mon environnement. J’ai ouvert il y a quelques années, un blog sur l’enseignement de la guitare, l’idée du blog me plaisait car cela pouvait générer d’autres formes d’interaction.

Opera-digital.com : Et le projet d’écrire un livre sur le numérique ?

Il y a 2 ans, j’avais l’occasion de faire des travaux de recherche. On parlait déjà beaucoup du numérique, on en parlait beaucoup dans l’éducation nationale, on évoquait un plan numérique pour équiper les établissements, former les professeurs, mais nous dans notre secteur de l’enseignement artistique, ce n’était pas un sujet qu’on abordait beaucoup. Alors que je voyais se développer des sociétés sur Internet comme i-Musicschool ou Carpediese, des sociétés qui proposaient des cours en ligne à des prix réduits par rapport à des structures physiques, fleurir de plus en plus d’applications musicales sur mobile et tablette, alors que je percevais aussi un intérêt des développeurs pour la musique, en tous cas moi, je me suis posé la question de savoir ce qu’il en était, où est-ce que nous, on en était dans les écoles de musiques, dans les conservatoires ? Les technologies numériques ont intégré notre quotidien, elle intègre les pratiques dans l’enseignement secondaire, dans l’enseignement universitaire, alors pourquoi dans l’enseignement musical il semblait qu’on n’était pas encore utilisateur de technologies numériques. Je voulais comprendre pourquoi nous on ne les utilise pas vraiment et s’il y avait des choses qui se faisaient justement, en quoi cela consistait. Est-ce que c’était une forme de concurrence par rapport à l’enseignement traditionnel ? Comment nous acteurs de l’enseignement musical quelquefois un peu ancrés sur des méthodes à l’ancienne, un peu éloignée de nouveaux modèles plus collaboratifs se développant sur Internet, nous percevions ces nouvelles technologies ?

Ce projet de recherche c’était l’occasion de m’interroger, de comparer ces deux mondes : est-ce qu’une offre de video en ligne avec un cours en présentiel avec un vrai prof et un contact physique peuvent être comparés ? Comment les uns se percevaient-ils ? Comment les acteurs en école de musique percevaient ces nouvelles offres sur Internet et inversement quel est l’avis d’une société comme musicschool sur les offres physiques que nous connaissions jusqu’à présent ?

Opera-digital : Dans votre travail de recherche, avez-vous éprouvé des difficultés, par exemple à rencontrer certains acteurs?

Je n’ai pas interviewé des dizaines et des dizaines de start-ups, mais celles que j’ai approchées par exemple, Meludia, i-Musicschool ou Carpediese, ont plutôt joué le jeu. Il y a juste eu une entreprise où cela ne s’est pas fait. J’ai pu facilement mener des entretiens avec les start-ups. Justement c’était plus difficile du côté de certaines institutions. Le contact est en fait beaucoup plus simple quand ce sont des start-ups et j’ai pu m’entretenir directement avec les présidents de ces jeunes pousses, c’était bien plus simple à nouer que sur le volet institutionnel.

Opera-digital : Est-ce que vous aviez imaginé au moment où vous avez écrit que vous alliez créer par la suite une école de musique numérique ?

J’avoue que non ! Je ne pensais pas que cela allait me mener là où je suis aujourd’hui ! mais j’en suis très heureuse car il y a une vraie continuité ! A la base ce livre, c’était mon mémoire de master en développement de projets artistiques internationaux. C’était mon sujet et j’ai beaucoup travaillé dessus, à tel point que j’ai pas eu trop de mal à la sortie du master à le faire publier ! L’éditeur L’Harmathan n’a pas hésité car il y a tellement peu d’ouvrages sur le lien entre enseignement musical et le numérique !

Révolution numérique et enseignement spécialisé de la musique

Révolution numérique et enseignement spécialisé de la musique

J’avais organisé ma recherche en trois grands temps. La 1ere partie était consacrée à l’enseignement institutionnel et pourquoi c’est difficile d’utiliser le numérique dans ce milieu traditionnel (manque de formation, crainte de l’ubérisation, la culture professionnelle) ; j’ai ensuite dressé un petit horizon des quelques outils qui sont déployés comme la Musique Assistée par Ordinateur qui a quand même sa place dans certaines structures. La 2ème partie était plus orientée Internet et s’est concentrée sur l’étude des modèles économiques, le type d’offres, les limites de ces offres, les publics concernés. Enfin, la 3ème partie,  je l’ai positionnée en tant que directrice autour de la problématique suivante : si je veux utiliser ces outils numériques pour ma structure et que je veux les utiliser pour changer la façon de transmettre ? En effet, l’utilisation du numérique ne change pas forcément le mode de transmission qui peut rester descendant du professeur vers l’élève, alors que fondamentalement ces outils nous permettent de collaborer, de vraiment travailler avec une autre idée pédagogique en particulier sur la notion d’apprentissage mixte.

Opera-digital : Pouvez-vous expliquer ce qu’est ce concept qui vous a inspiré pour votre école de musique connectée?

L’apprentissage mixte (blended learning en anglais), c’est l’idée que pendant le parcours de formation, il y a bien sûr le temps passé en présentiel à l’école avec des enseignants des camarades mais que tout ce qui se passe en dehors de l’école est important. L’enseignant propose alors différents supports qui vont prolonger le cours ou annoncer la suite de ce qui va se passer.  Cela peut être de l’audio, de la vidéo, des documents, des consignes sur lesquels les élèves peuvent travailler ou collaborer. Et cela génère une dynamique de travail qui n’est plus la même, une dynamique qui permet de rendre l’élève un peu plus acteur et l’enseignant n’est plus le seul à détenir le savoir. Ce sont des tendances que l’on observe dans la formation universitaire et de plus en plus dans la formation professionnelle.

Apprentissage mixte au coeur de l'école de musique connectée

Apprentissage mixte au coeur de l’école de musique connectée

En matière d’enseignement musical, le seul exemple de blended learning que j’avais identifié, c’était une université aux Etats-Unis. En France, je n’en ai trouvé aucune expérience. Je ne suis dit que peut-être ces principes étaient plus fréquemment rencontrés dans les pays nordiques, en Suède ou en Finlande par exemple, mais je n’ai pas eu l’occasion de creuser. J’ai qualifié, imaginé alors un modèle d’école de musique connectée qui fonctionnerait sur ce principe d’apprentissage mixte en sortant du modèle d’interprète classique que l’on rencontre dans les écoles de musique en essayant de bâtir un profil différent qui soit un musicien plus large, moins spécialisé sur une pratique instrumentale mais plus sur une démarche de création.

Opera-digital : Pouvez-vous nous partager des exemples de ce que vous avez imaginé pour votre école de musique connectée?

L’idée c’est par exemple de sortir des problématiques de cycles et de travailler plutôt sur des niveaux relatifs (débutant, intermédiaire, avancé, confirmé) ; ou encore d’avoir une équipe pédagogique qui travaille ensemble en collectif, d’utiliser des supports dynamiques (filmer des consignes orales, donner des outils en ligne pour apprendre le solfège), permettant de démultiplier la façon dont on fait de la musique, permettant à l’élève de s’enregistrer et d’emporter avec lui l’enregistrement sonore ou vidéo de ce qu’il a fait pour continuer le travail chez lui. Avec une plateforme et un site, des consignes en ligne, on peut changer la donne et permettre à des familles d’avoir un regard sur ce que font leurs enfants !

Opera-digital : Et vous êtes allée encore plus loin en créant la première école de musique connectée en France !

Tout à fait, j’ai voulu donner vie au modèle imaginé dans mon livre avec les contraintes que nous rencontrons en tant que pédagogue. Cela a abouti à mon projet actuel d’école de musique connectée. Ce projet d’école s’articule en 3 axes.

école de musique connectée : projet né à Saint-Etienne - Solaure - Marie-Aline-BAYON

école de musique connectée : un projet d’enseignement innovant né à Saint-Etienne

D’abord un Axe pédagogique avec le souhait de mettre en place un parcours d’apprentissage de la musique en apprentissage mixte adapté à la réalité de notre structure stéphanoise. Là nous sommes dans une phase d’expérimentation, où nous mettons chaque semaine des vidéos sur le site internet d’expérimentation que l’on fait avec des élèves.

Deux projets ont été mis en place où on utilise un outil en ligne avec lequel on fait du partage du contenu et on essaie de rendre les élèves un petit peu plus acteur de leur pratique. Un premier groupe d’enfants (école primaire) était impliqué dans un projet de créer la musique d’un petit dessin animé de 3 mn. Dans ce groupe d’école primaire, certains enfants étaient en charge du générique de musique et de fin alors que d’autres enfants planchaient sur l’animation sonore des personnages (des petits poussins) alors que d’autres enfants travaillaient sur le fond sonore avec des bruitages. Le 2ème groupe était constitué d’adolescents qui devaient réarranger une chanson très connue dans des styles différents, en tirant profit des fonctionnalités logicielles qui permettent de faire des arrangements. L’idée de ces deux expérimentations est maintenant de tirer profit d’observations et d’enseignements qui permettront de construire un vrai cursus de formation l’année prochaine en sept 2018. Dans cet axe pédagogique, il nous a fallu réfléchir aux outils pour donner vie à l’apprentissage mixte. Beaucoup d’outils sur Internet existent mais ils ne sont pas adaptés à l’apprentissage de la musique. En général ces outils sont dépourvus de fonction d’enregistrement en direct audio ou video, on ne peut pas y partager des fichiers volumineux facilement, on ne peut pas facilement gérer des groupes d’élèves.

Pour l’instant on utilise Padlet, une sorte de mur collaboratif mais il y a des limites. Nous avons donc décidé de recruter un stagiaire et même un second pour développer cet outil concret qui nous manque ! Il s’appellera muziboard, cet outil servira à la fois à l’administration, aux enseignants et aux élèves ! Le tout étant un espace sécurisé ! Muziboard offre ainsi un espace administration pour gérer la base d’élèves, la communication, le planning de salles, la facturation. Ensuite, un espace enseignant pour pouvoir faire de l’apprentissage mixte, partage de contenu video ou audio, gestion des groupes. Enfin, un espace « élèves » avec un espace en ligne personnel où tout ce qui les concerne est dedans ! Nous espérons avoir un prototype testable dans le dernier trimestre 2018 !

Un de notre objectif est aussi de donner plus l’envie aux enfants de pratiquer la Formation Musicale, notamment à la maison de manière ludique grâce  à des nouveaux outils en ligne. Certaines applications sont payantes tels que Méludia, certaines applications gratuites qui permettent de développer l’oreille, le rythme.

Opera digital : On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Et quels sont les deux autres axes de ce projet captivant ?

Le 2ème axe est de créer et explorer de nouvelles portes d’entrée dans la pratique musicale. Pour moi, les tablettes et les smartphones sont devenus de nouveaux instruments de musique, on peut jouer d’eux, on pouvait déjà le faire avec un ordinateur. Et puis, on observe aussi que le profil des enfants qui fréquentent les écoles de musique et toujours un peu le même : enfants de musiciens, ou des enfants souvent issus de la classe moyenne supérieure. Beaucoup d’enfants n’y viennent pas parce l’image de l’école de musique ne leur donne pas envie à eux ou à leurs parents. D’autres ont aussi plus envie de s’inscrire dans des démarches courtes, dans l’utilisation d’outils, de rentrer dans la création assez rapidement sans forcément pratiquer d’un instrument ou connaitre la théorie de la musique. Pourtant avec la MAO, la production de musique en direct n’est pas réservée à un public de connaisseur. Un public d’enfants à partir de l’école primaire peut parfaitement utiliser un ordinateur. D’où la volonté de mettre en place le même type d’ateliers en utilisant des tablettes et des smartphones. Cela permet d’adresser des jeunes qui n’ont absolument aucune connaissance musicale. A l’aide d’applications, de petits studios virtuels, des logiciels de boucle, ils vont s’initier à la création musicale, on est une école plus ouverte. C’est cette porte d’entrée là que l’on veut offrir dans l’école de musique.

On peut accueillir tout type d’élève, des gens plutôt intéressés par la découverte, par la manipulation des sons et qui ne veulent pas forcément étudier le piano pendant 10 ans !  On veut offrir la possibilité de faire découvrir la musique, mais pas par l’accès aux œuvres directement mais plus par une sorte de pratique personnelle de la création. Pour cela il faut des moyens importants, nous avons donc lancer une campagne de crowdfunding sur Hello Asso. Nous cherchons via cette campagne à rassembler les fonds pour notre projet d’école de musique connectée.

Une campagne pour soutenir le projet école musique connectée

Une campagne pour soutenir le projet école musique connectée

 

Opera digital : le 3ème axe de votre projet, quel est-il ?

Je me suis dit que cela sera intéressant et logique que l’école de musique connectée soit un réseau d’écoles de musique et de conservatoire, que ce projet à Solaure soit le point de départ. Mon idée c’est de créer ce réseau, j’ai créé une association en préfiguration, je l’ai appelé Fédération des écoles de musique connectée.

L’idée c’est d’avoir une charte co-construite avec toutes les personnes qui ont envie d’en faire partie pour définir ce que cela peut être une école de musique connectée ou un conservatoire connecté. Après cela pourrait donner lieu à un label qui pourrait être décerné par le Ministère de la culture, que ce soit une nouvelle forme d’identification des établissements en France. Cela peut être aussi un moyen de se rapprocher du secteur de l’innovation, car comme je vous le disais tout à l’heure, il y a un vrai attrait des start-ups, des développeurs d’applications pour la musique, mais on ne discute pas avec eux, il n’y a pas de lien, il n’y a pas de passerelles qui sont créées. Dans le cadre d’un réseau, on pourrait avoir un dialogue et avancer ensemble sur les solutions pédagogiques de demain. Un tel réseau permettrait également de pouvoir partager au niveau national toutes les bonnes pratiques avec toutes les écoles de France et de Navarre, les contenus, les expérimentations, de faire du travail collaboratif à distance ! En s’alliant les uns les autres, on va réussir à avancer sur ces questions de la place du numérique dans l’enseignement artistique et en particulier musical ! il faut avancer parce que sinon on va se faire complétement dépasser par d’autres formes de transmission de la musique !

Opera digital : Marie-Aline merci beaucoup ! J’en profite une nouvelle fois pour rappeler le site de votre école musique connectée  et votre campagne de crowdfunding sur HelloAsso !

Licence Creative Commons « Première école de musique connectée : Marie-Aline BAYON nous expose la génèse et les ambitions de ce projet ! » de Marie-Aline BAYON et Ramzi Saïdani  est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France .

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spectacle Transmedia à l'opéra de dijon : découvre Casse-Noisette

La véritable histoire de Casse-Noisette : Opéra de Dijon, pionnier du transmedia

J’avais déjà évoqué dans un précédent post sur l’opera Transmedia PeterPan que le numérique peut augmenter l’expérience pendant le spectacle. Mais le numérique peut décliner également le transmedia dans des expériences ayant lieu avant et après un spectacle vivant : preuve en est avec le spectacle La Véritable histoire de Casse-Noisette produit par la compagnie Les Clés de l’écoute et donné en décembre dernier par L’Orchestre Dijon Bourgogne à l’Opéra de Dijon !

La véritable histoire de casse-noisette, un spectacle pas comme les autres?

Spectacle imaginé par la musicologue et médiatrice Géraldine ALIBERTI qu’opera-digital avait rencontrée il y a quelques années au sujet de son projet autour de Peer Gynt, la Véritable histoire de Casse-Noisette d’après l’oeuvre littéraire de DUMAS et musicale de Tchaïkovski est un spectacle réunissant un comédien, une danseuse et un orchestre symphonique et la projection de diapositives animées appuyant l’intrigue. La véritable histoire de Casse-Noisette raconte le destin extraordinaire d’un jeune homme appelé Nathaniel métamorphosé en un misérable pantin de bois, semblable à un Casse-Noisette, par un roi des souris assoiffé de vengeance ! Mais plutôt que de longs discours, une courte video du spectacle :

La véritable histoire de casse-noisette, un spectacle transmédia ?

Rien d’original me direz vous ? Mais c’est que vous ne savez pas tout ! En effet la Véritable histoire de Casse-Noisette est en effet un spectacle transmedia ! La définition suivante du transmedia donnée par l’encyclopédie illustrée du marketing definitions-marketing.com est, je trouve, très éclairante :
« Le transmédia est la pratique qui consiste à développer un contenu narratif sur plusieurs médias en différenciant le contenu développé et les capacités d’interaction en fonction des spécificités de chaque média ».  Pour en connaitreplus, n’hésitez pas à lire la définition complète du terme et les termes qui lui sont proches !

En quoi La Véritable histoire de Casse-Noisette est-il un spectacle transmédia ? Et bien parce qu’il est astucieusement jumulé avec une application disponible sur Apple et Android pour tout public de 6 à 106 ans.

Découvre Casse-Noisette

Découvre Casse-Noisette

Cette application comprend :

  • L’histoire interactive de vingt minutes où le joueur est acteur de son écoute et devient le maître d’œuvre sans qui rien n’existe.
  • Des jeux sonores et musicaux (des jeux de mémoires sonores et visuels, des puzzles musicaux, des jeux de découverte des instruments de l’orchestre symphonique)
  • Une sélection des plus beaux titres du ballet sous format dématérialisé interprété par le LSO dirigé par Antal Dorati.
  • Des pages d’éclairages sur l’œuvre musicale et littéraire sous la forme d’anecdotes : la découverte du célesta, la relation entre vie et mécanique …
4 expériences offertes dans La Véritable histoire de Casse-Noisette

4 expériences offertes dans La Véritable histoire de Casse-Noisette

L’application accompagne donc le spectacle vivant et permet aux spectateurs d’accéder à des clés de lecture et d’écoute avant le spectacle qui leur permettront d’entrer au cœur de l’œuvre musicale et littéraire qu’ils vont voir. Les  spectateurs, en particulier le jeune public, peuvent également prolonger la magie et l’univers du spectacle à la maison en se plongeant dans les différents jeux musicaux et anecdotes de l’application La Véritable histoire de Casse-Noisette. A la maison, après le spectacle, ils peuvent également revivre l’histoire du spectacle en musique sous la forme d’une narration innovante interactive parsemée de petites énigmes musicales et ce dans la langue de leur choix (français, allemand, anglais et même japonais :).

Le spectateur est ainsi en mesure de s’emparer de l’œuvre et de lui donner vie hors de la salle, mais aussi d’assister le jour de la représentation à tout un univers numérique sur scène qui prend vie. Les deux éléments fonctionnent en symbiose afin que le numérique façonne une toute nouvelle expérience scénique, et que l’œuvre du spectacle nourrisse un univers numérique que le spectateur peut explorer à loisir avant et après le spectacle.

Une retour sur expérience réussi pour l’Opera de Dijon

A ma connaissance, pour la première fois en France et en Europe, une institution lyrique, l’Opéra de Dijon, a proposé à son public, une expérience transmedia mêlant spectacle vivant et applications en programmant La Veritable histoire de Casse-Noisette et en mettant à disposition l’application compagnon du spectacle loué à son éditeur Sonic Solveig !

L'opéra de Dijon pionnier du spectacle transmedia en France

L’opéra de Dijon pionnier du spectacle transmedia en France

Le concept de ce duo « Spectacle-Application» a séduit l’Opéra de Dijon ! Ce tandem transmedia associant des applications à un spectacle vivant permet également de penser le spectacle comme un puissant vecteur d’action culturelle grâce à tous les dispositifs de médiation innovants pouvant être déployés en amont et en aval du spectacle lui-même.

Une série d’ateliers de médiation culturelle a ainsi été menée avec des tablettes équipées de l’application La Véritable histoire de Casse-Noisette. Les 15 & 16 décembre 2017, des agents d’accueil de l’Opéra de Dijon, munis de tablette, ont présenté l’appli aux publics avant le début de la représentation à laquelle ils allaient assister !

Par ailleurs, cette application a été offerte aux spectateurs du spectacle « La véritable histoire de Casse-Noisette » du 13 au 16 décembre aux publics de l’opéra de Dijon. Selon Sonic Solveig, l’éditeur de l’application La véritable histoire de casse-Noisette, c’est plus de 1800 téléchargements de l’application qui ont été observés pendant ces trois jours sur le google play et l’appstore. Bien entendu tous ces téléchargements ne concernait pas Dijon et ses environs mais une bonne partie de chiffre est attribuable au tandem spectacle-application.

Enfin des extraits de l’application ont également été mis à disposition des publics sur le site de l’opera de Limoges et le sont toujours attirant les spectateurs ou les curieux qui ne disposent pas de tablette ou qui ont raté la période pendant laquelle l’opéra offrait l’application à ses publics.

L'Opéra de Dijon a offert l'application La Veritable Histoire de Casse-Noisette à ses publics

L’Opéra de Dijon a offert l’application La Veritable Histoire de Casse-Noisette à ses publics

On ne peut qu’applaudir cette initiative d’apporter au public le meilleur des deux mondes physiques et numérique ! Cette démarche a également été observée à l’Opéra Orchestre National de Montpellier avec la programmation de Peer Gynt tout récemment en janvier 2018 ! Mais ça c’est peut-être une autre histoire à vous raconter !

Peer Gynt autre exemple d'experience transmedia à l'Opera de Montpellier

Peer Gynt autre exemple d’experience transmedia à l’Opera de Montpellier

Licence Creative Commons « La véritable histoire de Casse-Noisette : Opéra de Dijon pionnier du transmédia » de Ramzi Saïdani est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France .

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opera transmedia-interactif Peter Pan

Peter Pan, premier opéra transmédia, ses créateurs en parlent !

Une rencontre pas comme les autres à Movimenta : les acteurs du projet transmedia Peter Pan

Dans le cadre du festival biennal d’art numérique Movimenta, qui s’est tenu à Nice du 27 octobre au 26 novembre 2017,  j’ai eu l’opportunité de rencontrer un duo d’artistes très singulier : la comédienne et metteure en scène Magali Thomas et le chef d’orchestre et compositeur Sergio Monterisi qui ont crée l’opéra transmédia Peter Pan ! J’en ai profite pour les interviewer!

Pouvez-vous rapidement vous présenter aux lecteurs d’opera-digital.com ?

Magali Thomas : Je suis comédienne de formation. Je me suis formée au Cours Florent et au conservatoire.J’ai travaillé de longues année avec la compagnie du Théâtre du Soleil, avec Ariane Mnouchkine. Puis, j’ai monté ma propre compagnie à Paris. Très rapidement, j’ai aussi envie de faire du chant. J’ai pris des cours de chant puis j’ai intégré le conservatorire de Cannes ou j’ai obtenu un premier prix en chant lyrique. Je suis également metteure en scène. J’ai mis en scène notamment l’Ecureuil dégourdi de Nino Rota à l’Opéra de Nice.

Magali Thomas

Magali Thomas

Sergio Monterisi : je suis italien originaire des Pouilles, de Bari exactement. Je suis chef d’orchestre. J’ai étudié la direction d’orchestre Nicola Scardicchio qui m’a fait découvrir la musique du grand compositeur italien Nino Rota. Je dirige dans plusieurs pays d’Europe et des Amériques en Espagne, France, Russie, Italie, Argentine, Brésil. J’enseigne aussi la direction d’Orchestre en Italie au Conservatoire de Campobasso. Je suis également compositeur notamment d’opéras pour enfants comme le Géant Egoïste qui a été donné pendant deux saisons à l’opéra de Nice. Je travaille en étroite collaboration avec Magali sur deux nouveaux opéras, « Fantasmi all’opera » et « La vie devant soi ».

Sergio Monteris

Sergio Monterisi

Pourquoi Peter Pan ? Comment vous est-venu cette idée de faire un opéra transmédia sur Peter Pan ?

Sergio Monterisi : J’avais commencé à composer cet opéra depuis quelque temps, en adaptant les textes dans un livret italien. Avec Magali, en regardant ce que j’avais écrit, l’idée est venue de proposer cet opéra à Cannes où Magali avait déjà réalisé des opéras pour enfants. Et on s’est surtout posé la question de base : faire un opéra où il n’y a pas de maison d’opéra. On s’est aussi dit que les nouvelles technologies pouvaient aider également à créer un opéra hors les murs. Justement à Cannes, il n’y a pas d’opéra, il y a un auditorium mais pas de maison d’opéra: on avait l’opportunité d’amener l’opéra ailleurs pour attirer un autre public.L’idée c’était de fédérer les acteurs de la région, de la ville de Cannes qui pouvaient contribuer à la réalisation d’un opéra. Pour ce faire, une possibilité, c’était de s’adresser à un nouveau public qui sera plus facilement attiré par les nouvelles technologies. Le personnage de Peter Pan est parfait pour représenter le lien entre réel et virtuel qui caractérise notre époque moderne. Il est un personnage totalement transmédia et interactif en soi. Il est le lien entre le monde du rêve, du virtuel et le monde de la réalité ! Si ce chef d’oeuvre de James-Matthew Barrie est aussi apprécié, c’est qu’il nous invite à un voyage extraordinaire dans le monde dl’imaginaire

Magali Thomas: En un an et demi, on a réussi à passer de l’idée à la scène  pour cet opéra transmédia ! Avec beaucoup d’énergie ! Et ce qui était important, c’était que c’est un opéra jeune public. On avait dans la salle des bébés de 3 mois qui n’ont pas pleuré, jusqu’à des grands-pères de 90 ans. Les maisons d’opéras souvent proposent des opéras jeunes publics. Là on a voulu faire un opéra jeune public avec des jeunes protagonistes. Le chœur des enfants perdus a par exemple était constitué de jeunes issus de zones d’éducation prioritaire qu’on a formés pendant 6 mois. On avait le projet de créer la nouvelle génération des publics d’opéra. C’était des gamins qui avaient jamais pris une partition en main ! On en est très fier ! Les représentations au Palais des Festivals et des Congrès de Cannes fin février se sont très bien passées !

Comment les nouvelles technologies ont été utilisées dans l’opéra transmédia Peter Pan ?

Magali Thomas : Pour contribuer à cet objectif d’ouverture  grâce aux les nouvelles technologies, on a surtout au début pensé aux décors. L’opera a toujours été le spectacle le plus complet, et le plus innovant aussi : musique, acteurs, décors, machinerie, costumes autant d’éléments qui suscitent la curiosité et fascinent le public. Avec les décors virtuels et les animations 3D réalisées par Machina Films, on  crée des effets impressionnants qui accompagnent l’action et l’histoire.

Décors et animations 3D

Décors et animations 3D de l’opéra transmédia Peter Pan

C’était important de trouver le juste équilibre entre les décors virtuels projetés et l’action scénique des chanteurs, il fallait éviter que la puissance des images prenne le pas sur le plateau.

Décors et animations 3D

Décors et animations 3D de l’opéra transmédia Peter Pan

Je pense qu’on a réussi à le trouver et l’effet est surprenant. Par exemple sur la musique du vol qui dure 3 minutes, on traverse l’espace comme dans un film de science-fiction et on a des astéroïdes qui nous arrivent dans la tête, on a l’impression d’y être et  on peut faire de la 3D sans les lunettes !  Le fait que les décors soient dématérialisés rend possible les représentations dans tout type de salle modulable, ce qui permet de porter l’opéra dans des lieux qui n’en proposent pas !

Plonger dans les astéroîdes

Plonger dans les astéroîdes de l’opéra transmédia Peter Pan !

Magali Thomas : Petit à petit, on a ajouté des élements s’appuyant sur les nouvelles technologies qui permettent d’amplifier les émotions, de diffuser un petit peu la magie de la scène dans la salle. Pour cela on a développé une application compagnon pour smartphone à utiliser pendant le spectacle. On a travaillé avec les étudiants du Master Maje en Management de Jeux Vidéo de Cannes (dirigé par le professeur Thierry Pitarque) et une start-up d’Aix-en-Provence, Light4events : ensemble ils sont rentrés dans le jeu et nous ont fait plein de propositions. L’application envoie alors sur le téléphone des effets sonores et lumineux pour marquer des moments importants de la représentation. Light4events a par exemple introduit l’idée diffuser de la fumée dans la salle pour augmenter l’effet des lumières émises par le téléphone et davantage immerger les spectateurs dans l’atmosphère des animations. A un autre moment du spectacle, le chant des oiseaux sort du téléphone, pour marquer l’arrivée de nos personnages sur l’île.

Sergio Monterisi :On a utilisé également certaines d’interactions venu du monde du jeu vidéo. L’application compagnon de l’opéra transmédia Peter Pan permet au public, en deux moment précis du spectacle, d‘interagir en ramassant le maximum de poussières tout en évitant les astéroïdes.

Collecter des poussières d'étoiles dans la salle sur son mobile

Collecter des poussières d’étoiles dans la salle sur son mobile

Autres exemples d’utilisation des nouvelles technologies : sur scène, les chanteurs sont munis de bracelets Led connectés qui ont été fournis par la société LucieLabs. Ces bracelets, gérés par la régie, réagissent aux décors virtuels animés en faisant échos à leurs couleurs.

Bracelets LED qui réagissent au décor

Bracelets LED qui réagissent au décor de l’opéra transmédia Peter Pan

On peut aussi mentionner que certains costumes comme celui de Peter Pan sont conçus avec des tissus contenant de la fibre optique. En s’allumant, le costume contribue à donner au personnage de Peter Pan un côté magique!

Sergio Monterisi : Pour casser cette fracture qu’il y a entre le public et les artistes, le spectateur via l’application téléchargée sur téléphone devient partie intégrante de la représentation ! Une des pistes dans le développement du spectacle sera de projeter le même décor aussi sur les côtés pour immerger complètement les spectateurs.

Magali Thomas : On aimerait aussi pouvoir utiliser l’hologramme pour faire s’envoler Peter Pan dans les airs, ca serait magique !

Opera-digital.com : Magali et Sergio merci infiniment !  Je rappelle aux lecteurs le site web du spectacle : operapeterpan.com. Ils peuvent aussi voir des extraits de l’opéra transmédia Peter Pan dans le teaser du spectacle…

…et dans  l’émission de France 3 qui vous a été consacrée !

Licence Creative Commons Peter Pan, premier opéra transmédia, ses créateurs en parlent! par Magali Thomas, Sergio Monterisi et Ramzi Saïdani est sous les termes & conditions de la licence Creative Commons Attribution !3.0 France . Propos recueillis lors du festival biennal Movimenta 2017 à Nice